Visite de Damaro Camara à Kaporo-rails : les déguerpis de ce site dénoncent une provocation

Les récents événements enregistrés dans la zone déguerpie de Kaporo-rails, Kipé 2 et Dimesse attisent la colère des victimes de ce déguerpissement. Ces citoyens, dont les maisons ont été démolies et les terres retirées par l’Etat sans aucune mesure d’accompagnement, se sont fait entendre à travers une conférence de presse qu’ils ont animée ce samedi, 13 juin 2020, à Conakry. Ils s’insurgent notamment contre la visite du nouveau président de l’Assemblée nationale sur les lieux, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Le jeudi, 11 juin 2020, Amadou Damaro Camara s’est rendu dans la zone déguerpie de Kaporo-rails pour visiter le site devant abriter le siège de l’Assemblée nationale. Ce qui n’a pas laissé indifférents les déguerpis de cette zone, qui voient cette visite comme étant une provocation.

Mamadou Samba Sow, porte-parole du collectif des victimes de Kaporo-rails, Kipé 2 et Dimesse

« D’abord, la visite de Damaro Camara, le 11 juin dernier, sur la terre de Kaporo-rails, est pour nous une provocation, une insulte aux yeux des victimes. Il était allé pour, dit-il, identifier le site qui doit abriter le siège de l’Assemblée nationale. Nous aimerions rappeler à Damaro que le premier site qui avait été choisi pour abriter le siège de l’Assemblée nationale, c’est là où le gouvernement de monsieur Alpha Condé a fait construire le Centre Prima. L’espace a été vendu à un étranger. C’est aussi à côté que devrait être construit le siège de la Haute Autorité de Communication. Il y a eu un deuxième site de 3 hectares 200 qui a été identifié, toujours pour l’Assemblée nationale et qui a été abandonné. Maintenant, on vient nous montrer un troisième site. Donc, nous demandons à monsieur Damaro de ne pas engager une confrontation avec les victimes. Parce qu’on ne sait jamais où ça peut aboutir », a déclaré Mamadou Samba Sow, le porte-parole du collectif des victimes de Kaporo-rails, Kipé 2 et Dimesse.

Avant cette visite, les victimes avaient constaté avec regret, la démolition des lieux de culte et de la seule école qui restaient encore dans la zone déguerpie. Une démarche qui vise, selon eux, à faire disparaître toutes les preuves dans la zone. Ce qui aurait pour but de compliquer le procès que les déguerpis ont intenté auprès de la Haute Cour de Justice de la CEDEAO pour réclamer leur rétablissement dans leurs droits. « La volonté affichée du pouvoir de monsieur Alpha Condé est de faire disparaître toutes les preuves du site de Kaporo-rails, Kipé 2 et Dimesse.

Cela s’est traduit par la destruction des mosquées, de l’église protestante évangélique de Kipé 2 en plein mois de ramadan, la destruction des écoles qui avaient pourtant des autorisations délivrées par Hadja Aïcha Bah, qui a été ministre de l’éducation en 1993, par Dr Ousmane Souaré, par Ibrahima Kalil Konaté et paradoxalement par Ibrahima Kourouma lui-même, qui a accordé en 2012 à l’école Balouta Diallo, l’autorisation de continuer à fonctionner lorsqu’il était ministre de l’enseignement pré-universitaire.

Huit ans après, c’est le même Ibrahima Kourouma qui vient détruire la même école. Donc pour nous, ce sont des tentatives claires de faire disparaître les preuves, parce qu’ils ont appris qu’il y a une mission de la CEDEAO qui doit effectuer un transport judiciaire sur les lieux. C’est des criminels qui, après avoir commis leur crime, tentent de faire disparaître l’arme du crime mais également le cadavre. Mais, la procédure va continuer après ce confinement-là. Nous avons foi en Dieu, nous avons foi en la justice de la CEDEAO, et nous espérons que ce régime moribond va être un lointain souvenir pour la Guinée », a dit Mamadou Samba Sow.

A rappeler que ce sont au total, 1 203 familles, composées de 19 219 personnes, qui ont été déguerpies de la zone de Kaporo-rails, Kipé 2 et Dimesse, sans aucune mesure d’accompagnement. Le gouvernement guinéen a justifié cette action par le fait que la zone appartiendrait à l’Etat et que ces citoyens se sont installés illégalement sur les lieux. Ce que dément catégoriquement le collectif des victimes, qui assure que les déguerpis disposent de tous les documents prouvant qu’ils ont acquis légalement les terrains sur lesquels ils ont construit leurs maisons.

Mohamed DORE pour Guineematin.com

Tel. +224 622 07 93 59

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