Dansa Kourouma contre la reprise des manifs du FNDC: « il faut respecter le droit à la santé de la population »

Élu président de la République de Guinée en 2010 et réélu en 2015, Alpha Condé a changé la constitution qui lui interdit de briguer plus de deux mandats à la tête du pays, alors qu’il a juré deux fois de la respecter et la faire respecter. Aujoud’hui, tout porte à croire que le chef de l’Etat guinéen va essayer de se maintenir au pouvoir.

Pour protéger la démocratie guinéenne et défendre l’alternance à la tête du pays, de nombreux Guinéens ont clairement exprimé leur opposition à cette volonté du président Alpha Condé de confisquer le pouvoir. A l’initiative du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), ces compatriotes ont organisé plusieurs manifestations à Conakry et à l’intérieur du pays. Et, après une trêve due à l’apparition de la Covid-19, ont décidé de reprendre leurs mobilisations, estimant que le régime profite de la suspension des manifestations à cause du coronavirus pour arrêter et emprisonner les activistes pour réussir la confiscation du pouvoir. La première marche est alors prévue le 08 juillet prochain, entre le carrefour de la Tennerie et le palais du peuple, à Conakry.

Interrogé ce mercredi, 17 juin 2020, par un reporter de Guineematin.com, Dansa Kourouma, président du conseil national des organisations de la société civile guinéenne (CNOSCG) désapprouve la décision du FNDC. L’activiste de la société civile, qualifié à tort ou à raison, de connivence avec le régime Alpha Condé, estime que le moment n’est pas opportun puisque toutes les attentions devraient être focalisées sur la lutte contre la pandémie du coronavirus qui sévit dans le pays.

« Nous sommes dans une situation exceptionnelle : situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Nous sommes devant une pandémie que la Guinée peine encore à canaliser. Tous les jours, on enregistre de nouveaux cas et des décès. Mais aussi, nous sommes devant une situation où l’effort national en termes de capacité du système sanitaire ne parvient pas à gérer avec assez d’efficacité. Et le risque le plus important, c’est que la pandémie a atteint sa phase communautaire. Ce qui risque d’exposer la population à une situation difficile les jours à venir, si des mesures ne sont pas prises pour respecter les gestes barrières et respecter les éléments de l’état d’urgence sanitaire.

Donc, le FNDC est une entité qui se veut démocratique, il doit respecter les règles démocratiques dont le droit à la santé de la population. Ce ne sont pas les leaders qui vont descendre dans la rue, mais c’est des militants. C’est des jeunes des quartiers et des personnes d’un certain âge qui sont devant une certaine vulnérabilité face à cette maladie. Je crois que les manifestations ne doivent pas être les seuls moyens de revendication privilégiés du moment. Il faut trouver d’autres moyens d’expression citoyenne pour pouvoir se faire entendre », préconise le président du CNOSCG.

Dr. Dansa Kourouma

Dansa Kourouma précise qu’il ne demande pas au Front National pour la Défense de la Constitution de renoncer à son combat. Mais, dit-il, « cette entité doit respecter le droit des autres. Le droit à la santé de la population est consubstantiel à toute autre forme de droit qui puisse exister. Parce que pour manifester, pour marcher, pour gouverner, pour s’opposer, il faut être en bonne santé. Donc, c’est un droit qui n’est pas négociable, il faut que l’attention soit focalisée sur la gestion de la pandémie.

Je pense que ce n’est pas le meilleur moment de faire des manifestations de rue, mais on peut faire d’autres formes de manifestations qui peuvent avoir des impacts si on est une entité légitime dont le combat est suivi par la majeure partie de la population. D’autres mots d’ordre peuvent être donnés, mais sans mettre les gens dans la rue. Je conseille le FNDC ou d’autres entités sociopolitiques qui existent, de respecter l’état d’urgence sanitaire jusqu’à ce que nous voyons le bout du tunnel par rapport à cette maladie », a-t-il dit.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tel: 620 21 39 77/ 662 73 05 31

Facebook Comments Box