Artistes forestiers non décorés par le gouvernement : la grosse colère d’Albert Bréhémou

 

Le débat sur les indemnités mensuelles accordées aux anciennes gloires de la musique et du sport n’est pas totalement clos en Guinée avec de nombreuses controverses. Au même moment, c’est Albert Bréhémou, promoteur culturel, qui remue le couteau dans la plaie.

Dans une interview accordée à un reporter de Guineematin.com dans la journée de ce jeudi, 18 juin 2020, le PDG de la structure BREHEMOU MULTI-SERVICES a dénoncé l’oubli dont sont victimes les grands noms de la musique forestière et la perte de vitesse de cette musique à cause des agissements de la nouvelle génération.

Guineematin.com : Aujourd’hui, on a tendance à voir la musique forestière perdre sa valeur sur l’échiquier musical guinéen. Pouvez-nous dire quelles sont les causes de ce phénomène ?

Albert Bréhémou : je remercie votre site d’informations de m’avoir accordé l’opportunité de m’adresser au monde de la musique guinéenne, particulièrement à celle de la Guinée forestière qui connait aujourd’hui la baisse vertigineuse de sa valeur musicale. Il faut le dire que nos artistes forestiers de nos jours n’arrivent pas à travailler convenablement dans le but de satisfaire les fans de la musique guinéenne. En ce sens que leurs textes musicaux sont limités à la communauté forestière tandis que notre communauté est très minoritaire parmi tant d’autres. Ce qui fait que cette musique forestière est entrain de perdre sa valeur sur l’échiquier national et international. Prenons le cas de Azaya, il chante généralement en Soussou, en Maninka, et parfois en Français et son ambition musicale va vers les featuring avec certains artistes internationaux. Comment ne voulez-vous pas accepter que les textes musicaux de cet artiste soient écoutés par tous les guinéens et des africains d’autres pays. Mais, je vais juste ajouter qu’il faut reconnaître qu’Azaya est issu d’une communauté très vaste ; mais, il faut également reconnaître qu’il modère aussi son genre musical. Donc, mon souhait le plus ardent est de mettre toutes mes compétences promotionnelles et musicales pour que les textes musicaux de nos artistes forestiers aient obligatoirement une valeur nationale et internationale. Et je pense que je me battrai corps et âme pour que ce vœu soit réalisé avec l’aide du bon Dieu.

Guineematin.com : Nous savons que la Guinée forestière a connu d’illustres artistes qui ont contribué au rayonnement de la musique, particulièrement pour la musique forestière. Ils sont aujourd’hui décédés comme Alfred Gbato du célèbre groupe Nimba Jazz de N’zérékoré, Nyanga Loramou, Prince Théo, Paul Zoum et autres. Ils n’ont jamais été décorés par le ministère de la culture. Quelle est votre réaction par rapport à l’oubli de ces illustres artistes de la Guinée forestière ?

Albert Bréhémou : il est pathétique de voir et de comprendre que certains illustres artistes de la musique forestière, notamment Alfred Gbato, Nyangha Loramou, Prince Théo, Paul Zoum, Domigo la Star , Bebeto, Jean Brea, Jean Paul Millimouno, qui se sont largement investis corps et âme pour lancer la musique guinéenne dans le monde musical, mais n’ont jamais été décorés par le ministère de la culture. Ce qui me frustre beaucoup, c’est que ces artistes sont mis dans les oubliettes. Parlant de ce désastre culturel dont sont victimes nos illustres artistes de la Guinée forestière, cela m’écœure. Je crie à l’inégalité parce que nous avons vu que feu Mory Kanté a été décoré à titre posthume par le président de la République, en lui donnant le nom de l’Institut Supérieur des Arts de Dubréka. Mais pourquoi nos artistes n’ont jamais bénéficié de ces privilèges du gouvernement ? Ou bien parce que nous sommes minoritaires dans le pays ? Ou c’est parce que nos œuvres musicales ne sont pas satisfaisantes vis-à-vis du peuple de Guinée ? C’est pourquoi avec tant de questions que je me pose, ma structure de production dénommée BREHEMOU-Multi-Services qui a pour objectif la promotion et la valorisation de la culture forestière, va militer jusqu’à ce que ces illustres artistes forestiers soient obligatoirement décorés comme d’autres par le gouvernement. Pour la petit histoire, moi-même, j’ai pris l’initiative à la sortie officielle du 3ème album intitulé ‘’ Kili-whaya’’ du groupe Les Princes de la Foret qui s’est déroulée le 22 avril 2019, lundi de Pâques où j’ai déployé dix bus pour transporter les fans dudit groupe au palais du peuple aller et retour gratuit, juste pour assister aux remises de satisfécits de reconnaissance aux illustres artistes forestiers disparus pour nobles services rendus à la nation surtout pour leur contribution dans le cadre du rayonnement de la musique guinéenne. Donc, une manière de vous signifier mon dévouement envers nos artistes forestiers.

Guineematin.com : quel est votre dernier mot ?

Albert Bréhémou : à l’époque, nos artistes forestiers vivaient en harmonie et se partageaient les idées pour la valorisation de nos cultures. Mais aujourd’hui, je suis déçu de voir la nouvelle génération des artistes forestiers qui évoluent en rang dispersé, qui ne veulent pas être encadrés par un manager ou par une structure de promotion à cause de leurs comportements insupportables. Seule l’artiste Seny Malomou, à qui je rends au hommage parce qu’elle a fait danser avec son titre Tignalée de son premier album toute la nation et voire sur le plan international, a pu sortir du lot. Je me pose la question quel serait l’artiste forestier qui va relever le défi que Seny Malomou a pu faire pour la culture forestière à travers la musique guinéenne.

Propos recueillis par Léon Kolié pour Guineematin.com

Tel : 661 74 99 64 / 629 88 37 75

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