Guinée : Orabank accusée de détournement !

Créé en 1985 sous le nom de Financial Bank, Orabank est un groupe bancaire privé qui est présent dans 12 pays d’Afrique de l’Ouest et Centrale dont la Guinée. Le Groupe est géré par une holding (Oragroup SA) basée à Lomé. A Conakry, cette banque fait parler d’elle dans une affaire de détournement au préjudice de deux opérateurs économiques. Aboubacar Doubany Kéita et Elhadj Yaya Camara accusent Orabank de leur avoir détourné près de deux millions de dollars dans un business qui date de 2016.

Selon les deux victimes, qui se sont confiées à un reporter de Guineematin.com, tout aurait commencé le 08 juillet 2016 lorsque les opérateurs économiques (Aboubacar Doubany Kéïta et Elhadj Yaya Camara) ont été approchés par la société d’importation de carburant dénommée PM Environ, partenaire d’Orabank pour la signature d’un prêt bancaire assorti d’une garantie.

« J’étais propriétaire de la station-service et je collabore avec la société PM Environ. Un jour, la société nous a appelés pour nous dire qu’Orabank est prête à leur prêter quatre millions de dollars pour pouvoir bien fructifier les affaires et que ce serait rentable pour nous tous. Mais, ils ne peuvent pas fournir toutes les garanties qu’on leur demande. Ils ont demandé si nous pouvons leur venir en aide avec nos biens mobiliers pour être une caution hypothécaire. Nous sommes venus signer les documents chez le notaire avec Orabank et la société. Mes biens ont été évalués par la banque à 900 000 dollars US. Les biens d’Elhadj Yaya Camara (avec qui je suis allé en procès contre la banque) ont été évalués à un million de dollars US. D’autres aussi ont donné leurs biens pour avoir les 4 millions de dollars. Nous, nous étions à l’attente que la société commence à nous fournir du carburant et nous sommes restés là jusqu’à un an. C’est après que nous avons reçu chacun un courrier d’Orabank nous informant que la société PM Environ doit déjà plus de 5 millions de dollars US et qu’ils vont déclencher une procédure de réquisition de nos biens si la société ne les paye pas. Nous étions étonnés parce que la convention qui nous lie était qu’Orabank achète le carburant pour la société et pendant tout ce temps, il n’y a pas eu d’achat de carburant », a expliqué Aboubacar Doubany Keïta.

Par la suite, monsieur Keïta décide de se tourner vers la banque pour plus d’informations avant de saisir la justice. « J’ai voulu savoir comment l’argent que la banque dit avoir donné est sorti parce que ça doit respecter la convention. J’ai insisté sur un fait, que la banque donne la date à la quelle l’argent a été donné. Ils n’ont pas voulu. C’est ainsi qu’on est parti en procès au tribunal de première instance de Kaloum où sur la base des documents qu’eux-mêmes ont fournis, la justice a estimé qu’Orabank n’a pas à donner de l’argent et qu’elle nous a écrit à tort. Donc, elle devrait nous restituer le titre de propriété mais aussi nous dédommager à hauteur de 50 millions de francs guinéens, sans compter que nos biens sont dégradés ».

Parmi ses biens dégradés, Aboubacar Doubany Keïta, a cité le chantier de la station-service située à la rentrée de la ville de Dabola où il a investi plusieurs millions de francs guinéens. « Aujourd’hui, c’est un chantier en ruine. Nous avons estimé que le montant est faible parce que 50 millions ne fait même pas les frais de la procédure et nous sommes partis en appel. Mais, parallèlement à notre appel, nous avons estimé qu’une solution à l’amiable est possible, malgré le fait que c’est un détournement avéré parce que c’est sur la base des documents fournis par la banque elle-même qu’elle a été condamnée », précise-t-il.

Joints au téléphone par Guineematin.com hier, jeudi 18 juin 2020, le Directeur Général Adjoint de la banque et le directeur juridique et contentieux ont refusé tout commentaire. Le premier dit ne pas être habilité à parler aux journalistes et le second a exigé qu’on écrive une demande à la banque si nous voulons des informations.

Aux dernières nouvelles, on apprend que l’Union des Consommateurs de Guinée a pris la situation en main. « Nous assurons la médiation entre les deux parties. Pour le moment, nous estimons qu’il y a une bonne foi de la part d’Orabank. Dernièrement, nous avons écrit un courrier de relance de l’affaire où nous avons sollicité une réaction rapide de la part de la banque, dans un délai raisonnable pour une solution satisfaisante pour toutes les parties », a expliqué Ousmane Kéita, président de l’Union des Consommateurs de Guinée.

A suivre !

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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