Guinée : l’islamologue Mahmoud Diallo dénonce les restrictions de la liberté de la femme

Mahmoud Diallo, sociologue en organisation et islamologue chercheur, promoteur des droits de la femme
Mahmoud Diallo, sociologue en organisation et islamologue chercheur, promoteur des droits de la femme

Les conditions de vie de la femme ne sont pas toujours les plus enviables, notamment en Afrique. En dehors des corvées ménagères, elle est aussi victime de violences, de stigmatisations et de certaines privations. Toute chose qui fait que la femme est souvent dépendante. Les pratiques coutumières et une mauvaise interprétation des prescriptions religieuses font que la femme est souvent à la merci de l’homme.

Pour parler de ce sujet délicat, un reporter de Guineematin.com s’est entretenu avec Mahmoud Diallo dans la journée d’hier, vendredi 19 juin 2020. Ce Sociologue et Islamologue, Enseignant-chercheur, est engagé dans la protection des droits de la femme.

Selon un rapport publié en 2013 par le Ministère de l’Action Sociale, de la Promotion Féminine et de l’Enfance, après une enquête nationale sur les violences fondées sur le genre effectuée en 2009, huit femmes sur dix étaient victimes de violence conjugale en Guinée.

Ce constat résulterait du fait que la population guinéenne est influencée par la mauvaise pratique de certaines coutumes ancestrales qui prônent la domination de l’homme sur la femme et qui vont jusqu’à tolérer la violence physique comme forme acceptée de correction de la femme par son conjoint.

Mahmoud Diallo y voit une dérive sans justification. « Vous savez, l’Islam est une religion qui est toujours basée sur l’égalité. Parce les femmes, si on parle des femmes, spécifiquement en Guinée, en Afrique ou si on observe dans le monde, ne sont pas libres. Elle est souvent dépendante de quelqu’un ou de quelque chose en matière de déplacement. Chez nous par exemple, on dit que la femme n’a pas le droit de travailler et on se base sur la religion. Pourtant, Dieu a dit dans le saint Coran que la femme aussi a le droit de donner l’aumône, la zakat. Comment Dieu autorise-t-il la femme de donner la zakat et nous, on lui interdit de travailler ? C’est contraire à la religion.

Deuxièmement, la femme a le droit de voyager, s’il y a la sécurité. Parce que l’Islam se base souvent sur la sécurité et la paix surtout en ce qui concerne la femme puisqu’elle est exposée à beaucoup de risques, notamment de viol dans ce bas-monde. C’est pourquoi l’Islam les protège avant le 7è siècle. Le prophète a dit une fois dans le hadith authentique de Boukhari Wamouslim, que la femme peut voyager de l’Irak jusqu’à Médine. Donc nous, nous n’avons pas droit d’interdire à la femme de voyager, sinon c’est contraire à la religion, contraire à la pensée du prophète PSL. Donc, la femme a le droit de travailler, de voyager, elle a le droit de donner la zakat, de faire du bien », a indiqué notre interlocuteur.

En outre, l’islamologue dément l’affirmation selon laquelle la femme n’a pas droit à l’instruction et au travail et précise que l’homme et la femme sont égaux devant ces droits. « Si nous regardons aujourd’hui notre société, la femme n’est pas libre de travailler, elle n’est pas libre de voyager, elle n’est libre de s’exprimer. Ses droits sont violés. La femme a le droit à l’héritage. Si son mari meurt, elle a le droit d’hériter son mari pendant un an. Elle peut conserver les biens de son mari et après ça, on peut procéder au partage. Chez nous, c’est le contraire. Chez nous, une fois que le mari meurt, on l’expulse de la maison et elle ne gagne rien. Donc ça, on a violé les droits de la femme dans ce pays. Dans le foyer, la femme a le droit de proposer à son mari, si les moyens permettent, de choisir le terrain où ils vont construire, de choisir le plan, de choisir la couleur de la peinture. La femme a le droit d’être logée. Si cela n’est pas fait, ça peut paraître petit, mais ça peut aussi engendrer des problèmes après. Si l’homme respecte le choix de la femme, le plus souvent le foyer sera en paix. Si on prend au niveau de la vie publique, presque les femmes ne participent pas à la gestion publique et ce, à plusieurs niveaux dans les ministères, les mairies. On dit souvent que la femme n’a pas le doit de gouverner, parce qu’une société n’a pas le bonheur si une femme la gouverne. Ça, ce sont des hadits inventés pour opprimer la femme. La femme, si elle est instruite, elle a la capacité de gouverner comme l’homme parce qu’elle a la capacité de mémoriser comme l’homme. L’homme et la femme sont égaux et pour la mémorisation, et pour gouverner », a martelé Mahmoud Diallo.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél : 622919225 / 666919225

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