Comme annoncé précédemment, de nombreux jeunes ont manifesté ce lundi, 22 juin 2020, à Kankan. Ils protestaient contre le manque de courant dans la capitale de la Haute Guinée, bastion du parti au pouvoir. Des accrochages ont opposé les manifestants aux forces de l’ordre, rapporte le correspondant de Guineematin.com sur place.
C’est au rond-point Komarala loisir, dans la commune urbaine, que les manifestants se sont rassemblés dans la matinée. Ils ont érigé des barricades sur la route nationale reliant les villes de Kankan et de Siguiri, empêchant la circulation. Ils protestent ainsi contre le manque de courant et exigent l’amélioration de la situation.
« Les jeunes ont barricadé la route parce que ça fait longtemps qu’on ne gagne pas de courant. Et pourtant, ici c’est la deuxième capitale du pays. Dans les autres pays, le courant vient 24/24h. Mais chez nous ici, même le courant qu’on recevait le soir ne vient plus. Depuis que l’électricité a été rendue gratuite pour 3 mois, la desserte qui n’était déjà pas satisfaisante a connu une nette régression. Et le courant d’EDG qui vient est souvent très faible, ça ne peut même pas charger un téléphone. Donc, c’est pour cela que nous sommes descendus dans la rue pour demander aux autorités de revoir les choses comme il se doit », a expliqué Ibrahima Sory Kourouma, l’un des manifestants.
Présent sur les lieux, Sidiki Belmando Kaba, le directeur communal de la jeunesse de Kankan, est venu apporter son soutien aux manifestants. Il estime que leur mouvement de protestation est tout à fait légitime. « Les jeunes sont fâchés à cause du manque de courant, parce qu’on a fait beaucoup de temps sans courant. Ils ont raison de manifester, puisque chacun a besoin de courant », a-t-dit.
Après avoir régné en maîtres pendant un long moment sur la route, les protestataires ont été dispersés par la police, qui est intervenue à coups de gaz lacrymogène. M’Bia Kaba, un autre manifestant, fustige l’attitude des forces de l’ordre. « Lorsque les policiers sont venus, personne n’a fui. Dès qu’ils sont arrivés, ils ont tiré des bombes lacrymogènes sur les gens. Au lieu de tirer en l’air, ils ont directement cogné les gens avec les douilles des bombes lacrymogènes et ont procédé à des arrestations. Mais, ça ne fait que commencer parce que demain encore on va sortir. On est fatigués d’Alpha Condé, on dort dans le noir », a lancé le jeune homme.
Dispersés par la police, les manifestants se sont retrouvés à nouveau pour se rendre à la préfecture, où leurs représentants ont été reçus par le préfet de Kankan. Amara Lamine Soumah a appelé au calme, promettant de remonter les préoccupations des jeunes au niveau du gouverneur de la région. Finalement, le calme est revenu dans la ville.
De Kankan, Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com
