Commande de 500 Kits de lavage de mains : le ministre Papa Koly recale un entrepreneur guinéen au profit d’un chinois

La coopérative de fabrication de pompes à eaux basée à Labé (FAPEL-Guinée), qui a remporté le prix de ‘’La France s’engage au Sud’’ avec François Hollande, vient d’être éliminée à la dernière minute par le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Elhadj Papa Koly Kourouma qui a préféré attribuer le marché de fourniture de 500 kits de lavage de mains commandés par le gouvernement guinéen bénéficiant d’un appui financier de la Banque Mondiale (BM), rapporte un correspondant de Guineematin.com en Moyenne Guinée.

Au cours d’un entretien qu’il a accordé à la rédaction régionale de Guineematin.com, le président de la coopérative de fabrication de pompes à eau à Labé (FAPEL-Guinée), Aguibou Barry révélé qu’un jour il a été contacté par le secrétaire général du Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Mamadou Diouldé Fady Diallo pour lui demander de fabriquer 500 kits de lavage de mains avant la fin du mois de juin 2020, devant être installés sur les lieux publics, dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 en République de Guinée.

« Nous avons été contactés par le Ministère de l’hydraulique et de l’assainissement pour la production de 500 kits de lavage de mains. Ils m’ont proposé de leur envoyer une facture et aussi l’offre technique. Ce qui fut fait, puisqu’ils voulaient installer ces kits dans les lieux publics avec des réservoirs de 1000 litres. Ils ont fait une note justificative qu’ils ont adressée à la Banque Mondiale sur les raisons du choix de FAPEL. Il a été répondu que c’est avec l’expérience et surtout les marchés antérieurs avec les autres institutions qui ont été acceptées. Ils m’ont envoyé le contrat, j’ai signé ma partie, donc on sait dit avant qu’on n’ait la copie ou le bon de commande, de préparer le terrain, aller au CFP pour la production de 500 kits en un mois, puisque dans le contrat c’était mentionné de produire les 500 kits avant la fin du mois de juin. J’ai donc recruté 20 jeunes chaudronniers, chaque mois les jeunes percevaient 1 million 500 mille fg chacun. Je carburais aussi le groupe électrogène du CFP, 40 litres par jour. J’ai acheté aussi quelques équipements pour commencer la production, en attendant l’arrivée du bon de commande. Actuellement, nous avons près de 100 kits déjà préparés », explique Aguibou Barry.

C’est à sa grande surprise qu’il a appris, après avoir signé le contrat, que le ministre Papa Koly Kourouma a refusé de signer le contrat de plus de 2 milliards de francs guinéens sous prétexte que sa société utilise des réservoirs de récupération.

« A mon fort étonnement, le service de passation du marché m’annonce que le directeur de la SEG (Société des Eaux de Guinée) qui est le maître d’ouvrage a déjà signé sa part, et que maintenant le dossier se trouve sur la table du ministre Papa Koly Kourouma. Mais que son excellence refuse de signer puisque lui, il voudrait donner le marché à la société chinoise KIM qui utilise des réservoirs inox et que moi j’utilise des réservoirs de récupération. Moi, j’avais contacté le libanais qui fabrique des réservoirs de 1000, 1500, 2000 et 3000 litres, il m’a amené un document de certificat d’analyse technique qui prouve que ce ne sont pas des réservoirs de récupération. Je suis allé voir le gouverneur Madifing Diané, qui m’a demandé de faire un écrit qu’il va remettre au ministre. Le chef de l’Etat a toujours dit : “consommons guinéen, encourageons la production locale”. Et il y a certains cadres qui sont là qui ne pensent qu’à leurs propres intérêts, et surtout un cadre qui dénigre une production locale, au profit d’un étranger. C’est vraiment dommage. Nous, nous n’avons jamais utilisé des réservoirs de récupération », soutient Aguibou Barry. (Voir papier de certification des réservoirs fabriqués par le libanais à Conakry).

Sur la question, le ministre Papa Koly Kourouma confirme certaines déclarations du patron de FAPEL-Guinée.

« Oui, je lui ai refusé ce marché parce qu’il n’est pas compétitif. Fapel-Guinée n’est pas compétitif parce qu’il a été question de nous élaborer des bornes fontaines pour les lieux publics. Il ne savait même pas si ce marché existait, c’est moi qui ai envoyé quelqu’un le chercher et j’ai acheté un prototype qu’il avait. On lui a dit que, ce qu’il a est petit. Nous on a besoin des grandes cuves, parce que c’est des milieux publics. On voulait au moins quelqu’un qui pouvait nous faire les 1000 litres de cuves. Les cuves qu’il nous présente, c’était des cuves de récupération, dans lesquelles on met les soudes caustiques. Ça c’est un premier aspect. Alors, son concurrent nous apporte la même chose mais avec des cuves à inox de 1500 litres qui ont des pédales à pression. Fapel a fait de la médiocrité, je l’aime bien mais s’il n’est pas compétitif, je ne le prends pas. Son concurrent a proposé le même prix que lui par unités, avec des produits plus que les siens », assène le ministre. Poursuivant, le ministre Papa Koly révèle qu’il est allé vers Fapel-Guinée, dans le but de l’aider à grandir étant donné que c’est une société de droit guinéen sans pour autant imposer un prix. Mais, le ministre fait remarquer : « je ne peux pas fermer les yeux pour mettre de l’eau destinée à désinfecter dans les cuves où ont été stockés de la soude caustique et de l’acide ».

Le ministre Papa Koly Kourouma a-t-il été manipulé contre Fapel-Guinée par des réseaux mafieux bien organisés au compte du chinois ? Aguibou Barry n’exclue pas cette hypothèse : « je pense qu’il a reçu des informations erronées. Il a été mal informé par rapport à notre offre. Moi, ce que j’ai présenté au service de passation du marché, c’est un kit qui peut être adapté à des cuves de 1000, 2000, 3000, jusqu’à 6000 litres. Ces kits peuvent être aussi adaptés au réseau de distribution comme la Société des Eaux de Guinée (SEG) comme le montre cette photo. Nulle part nous n’avons utilisé des produits chimiques pour nos kits. Je ne sais pas où le ministre a enlevé cette information ? Mais les cuves dont il fait cas, d’où viennent les produits chimiques sont différentes de nos cuves. Et ces cuves sont fabriquées en Guinée par une société libanaise, nous avons le certificat d’analyse (photo). J’aime bien le ministre Papa Koly Kourouma, mais, il a été mal informé par rapport à notre offre, et sur la qualité d’innovation que nous avons faite », précise Aguibou Barry. En tout cas, cette décision du ministre Papa Koly Kourouma est tombée comme un couperet à Labé où l’opinion la plus répandue accrédite la thèse selon laquelle Fapel-Guinée est victime de discrimination pour des raisons inavouées et inavouables que chacun peut deviner. Sinon, il ne peut pas mettre en cause la qualité des produits de cette coopérative qui a remporté des prix à l’international : le prix ‘’la France s’engage au Sud’’ avec François Hollande, le trophée de ‘’l’Innovation’’ du Salon de Solidarité à Paris, le trophée de la Start-up Africain 2017 au Maroc. Sans oublier qu’il est nominé Katala 2019 et il vient de décrocher le prix de l’innovation Covid-19 pour cette année 2020 aussi.

C’est donc difficile pour les citoyens de Labé de comprendre la démarche du ministre Papa Koly Kourouma quand on sait que le cadre de la promotion de la consommation des produits guinéens, le président Alpha Condé a remplacé le kit électronique qui était installé à Sékhoutouréyah par le produit FAPEL-Guinée qu’on retrouve même au domicile de ce chef du département de l’Hydraulique et de l’Assainissement.

Pourquoi, c’est lorsqu’il a été question d’un marché de plus de 2 milliards de francs guinéens à attribuer sous ses auspices que le ministre Papa Koly Kourouma s’est rendu compte que FAPEL « est une entreprise médiocre » ?

De Labé, Idrissa Sampiring Diallo pour Guineematin.com

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