Guinée : grogne dans les universités à la veille de la réouverture des classes

A quelques jours seulement de la réouverture partielle des classes en Guinée, une grogne se fait entendre dans les universités. Plusieurs étudiants se sont retrouvés pour créer un mouvement dénommé « pas de solution, pas de cours ». Ils protestent contre la cherté des frais de transport et exigent une solution à cette situation avant la reprise des cours. Les leaders de ce mouvement se sont réunis ce vendredi, 26 juin 2020, pour interpeller le gouvernement sur leur préoccupation, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

Depuis l’instauration de l’état d’urgence sanitaire qui exige notamment la réduction du nombre de passagers dans les taxis et les minibus, les frais de transport ont doublé en Guinée. Même s’il n’y a eu aucune concertation entre eux et le gouvernement autour de la question, les transporteurs ont décidé de doubler les tarifs officiels, sans quoi ils disent ne pas être en mesure de s’en sortir. Et c’est dans ce contexte que le gouvernement décide de rouvrir les écoles pour les candidats aux examens nationaux et les universités. Une décision que désapprouve totalement Aminata Camara, étudiante en licence 3 droit à l’université Général Lansana Conté de Sonfonia, membre du mouvement « pas de solution, pas de cours ».

Aminata Camara, étudiante en licence 3 droit à l’université Général Lansana Conté de Sonfonia

« Nous voulons préciser que le mouvement pas de solution, pas de cours n’est pas un mouvement politique. Nous sommes un ensemble d’étudiants qui revendiquent nos droits. Il y a des étudiants qui gagnent difficilement à manger aujourd’hui, comment pourront-ils alors se déplacer avec la cherté des frais de transport ? Personnellement, j’habite à Coyah. Avant le coronavirus, je payais 52 000 francs comme frais de transport dans la semaine, parce que j’ai cours trois fois par semaine. Avec le transport qui est doublé aujourd’hui, ça va me faire 104 000 francs par semaine. Ce n’est pas évident de s’en sortir dans une telle situation », a-t-elle fait remarquer.

Ces étudiants interpellent le gouvernement guinéen sur cette situation et lui demandent de trouver immédiatement une solution pouvant permettre de les soulager. A défaut, Abdoulaye Djibril Diallo, étudiant en licence 3 Mathématique à l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry, propose le report de la réouverture des classes.

Abdoulaye Djibril Diallo, étudiant en licence 3 Mathématique à l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry

« Doubler le transport pour les étudiants dont les parents ne travaillent même pas à cause de la crise sanitaire liée au coronavirus, ça dévient un double problème. Ça sera difficile pour les étudiants de recommencer les cours dans cet état. Et si nous ne partons pas à l’université, c’est nous qui allons en souffrir, parce que nous n’aurons pas de diplôme. Nous demandons donc au gouvernement de revoir à la baisse les frais de transport et de réaménager les emplois du temps. Si le transport ne peut pas diminuer, qu’ils mettent alors des bus gratuitement à notre disposition. Moi par exemple, j’habite à la Cimenterie et je dois aller 5 fois par semaine à l’université Gamal. Chaque jour, je dois donc payer 36 000 francs comme frais de transport, ça me fait au minimum 200 000 francs par semaine. Donc, si le gouvernement ne peut pas diminuer les frais de transport et ne peut pas mettre des bus à notre disposition, qu’il reporte alors l’ouverture des classes. Quand le coronavirus va finir, on va reprendre les cours en payant le transport normal », a dit l’étudiant.

Ce mouvement d’étudiants annonce que si le gouvernement ne prête pas une oreille attentive à ses revendications, il va organiser une marche pacifique pour protester dans la rue. Et au cas échéant, employer d’autres méthodes pour se faire entendre.

Mohamed Doré pour Guineematin.com

Tel: +224 622 07 93 59 / 666 87 73 97

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