« Je n’ai pas de problèmes avec les cadres et militants de l’UFDG de Lélouma ; je prends la vie du bon côté. J’évite que la politique nous divise », a notamment indiqué Thierno Souleymane Diallo, premier vice-maire de Lélouma, ancien de l’UFDG et de l’UPR, tout nouvel adhérent aux NFD, lors d’un entretien avec Guineematin.
Il y a juste une semaine, le vendredi 19 juin 2020, Guineematin.com annonçait l’arrivée de Thierno Souleymane Diallo, dit Obama, aux NFD, le parti de Mouctar Diallo, ancien opposant du président Alpha Condé qui l’a finalement nommé ministre de la Jeunesse. Une publication qui a suscité assez de commentaires au point que notre chroniqueur, Habib Yembering Diallo, a pris sa plume pour comparer le nouveau militant des NFD à l’ancien griot de cellou Dalein Diallo, devenu son pourfendeur, avant d’annoncer que la Guinée avait désormais « un nouveau recordman dans la transhumance politique »…
« Jusqu’à ce mois de juin 2020, Alhoussainy Makanera Kaké détenait le record de transhumance politique. Désormais, il y a un nouveau recordman. En l’occurrence, Thierno Souleymane Diallo, alias Obama. En l’espace d’une année seulement, M. Diallo a quitté l’UFDG pour adhérer à l’UPR, avant de claquer la porte de nouveau de ce parti pour poser ses valises aux NFD. C’est un record absolu. Et, comme tel, il ne doit pas être occulté », avait-il écrit.
Par ailleurs, notre chroniqueur a estimé que le parti de Mouctar Diallo pouvait lui aussi voir son nouveau militant se faufiler pour une autre destination… « Obama et le RPG pourraient bientôt signer un mariage de raison. Car, la facilité avec laquelle cet homme politique plutôt atypique peut quitter un parti pour un autre, NFD pourraient être une escale, la destination finale serait le RPG ».
Si cette chronique a été largement partagée par nos lecteurs, elle a également été critiquée par d’autres, à commencer par Makanera et Obama. Chacun demandant la parole pour un « Droit de Réponse » que Guineematin.com leur a accordé. Monsieur Diallo qui l’a souhaité en forme d’entretien nous a transmis ses réponses qu’on vous propose de lire ci-dessous, en attendant la réaction de Makanera Kaké :
Entretien !
Guineematin.com : A l’ intention de nos lecteurs, Qu’elles sont les raisons pour lesquelles vous avez démissionné à l’UPR ?
Thierno Souleymane Diallo : Comme je l’ai dit dans ma lettre de démission, en tant qu’homme politique, nous sommes à un moment donné appelé à prendre des décisions importantes et courageuses qui corroborent avec notre ambition. C’est cela qui sert de tremplin pour aller vers des nouveaux défis et des nouvelles perspectives. Il y a eu beaucoup de difficultés sur le terrain avec l’UPR à Lélouma. J’avais rédigé des rapports que j’ai adressés au président, M. Bah Ousmane. Lequel disait avoir pris bonne note pour remédier à ces graves manquements. Hélas. Il ne me restait plus qu’à tirer les leçons. Et c’est ce que j’ai fait en quittant le parti.
Guineematin.com : Et pourquoi le choix des NFD ?
Thierno Souleymane Diallo : Le président des NFD, Mouctar Diallo, est un homme qui m’accorde beaucoup de respect et de considération. Il me fait confiance. Ainsi, après avoir pris connaissance des statuts et du règlement intérieur dudit parti, j’ai décidé d’y adhérer à cause de son programme de société. Et, par conséquent, de poursuivre avec lui les objectifs fondamentaux qu’il s’est assignés.
Guineematin.com : Certains disent que les NFD ne sont qu’une escale pour vous et que votre nouvel objectif est le RPG-AEC. Qu’en est-il ?
Thierno Souleymane Diallo : J’ai adhéré aux NFD par conviction. Les gens sont libres de penser de ce qu’ils veulent. Je suis un homme libre. J’adhère au parti que je veux. Cela ne regarde que moi en tant que citoyen comme tout le monde.
Guineematin.com : Que répondez-vous à ceux qui disent que votre attitude est la preuve irréfutable que vous vous battez pour un poste et non pour les populations, arguant que si vous étiez élu député de l’UPR vous n’auriez jamais démissionné de ce parti ?
Thierno Souleymane Diallo : Encore une fois ils sont libres de leur opinion. Tout ce que je peux dire c’est que M. Bah Ousmane a eu confiance en ma modeste personne pour soutenir ma candidature à l’uninominal de Lélouma. Malheureusement, avec les troubles nous n’avons pas pu voter.
Par ailleurs, je me bats au quotidien pour la population de ma commune. Venez promener votre micro pour le demander à cette population. En plus de mon poste de 1er vice maire, je suis le président de la commission santé et éducation à la commune. Je suis également le président du comité santé et hygiène publique (COSAH), et en même temps président du comité de suivi et de la gestion des travaux d’achèvement et d’équipement du siège de la commune urbaine de Lélouma. Ces travaux ont été exécutés en 4 mois sur financement de l’ANAFIC. Alors que le chantier était à l’arrêt depuis plus de 23 ans. En plus, avec mes collègues, nous nous occupons de l’assainissement, de la sécurité et du bien-être de la population en général.
Nous veillons avec beaucoup d’intérêt et de vigilance à la fin des travaux d’adduction d’eau de la commune urbaine, du réseau électrique qui était en phase de finition et qui est malheureusement retardé à cause de la COVID-19. Nous suivons également le projet de bitumage de la ville (8km) qui verra le jour dans les mois à venir. A ce jour, toutes les études techniques ont été réalisées. Nous participons pleinement à la riposte contre la COVID-19. Avec des ONG et le système des Nations unies comme Osons-oser, l’Unicef, les filles leaders de Labé et les ressortissants de la préfecture de Lelouma, nous avons pu distribuer gratuitement des milliers de masques et de kits sanitaires à la population. Avec beaucoup de souplesse et de respect, nous mobilisons les taxes locales. Nous assistons également aux cérémonies sociales et religieuses.
Enfin, je tiens à préciser que je ne suis pas salarié au niveau de la commune urbaine. En tant que 1er vice maire, j’ai droit à une prime de 60 000 francs guinéens par mois. C’est donc du pur bénévolat que je fais. Mais cela me plaît. Je le fais avec fierté pour ma communauté.
Guineematin.com : Peut-on revenir sur les raisons de votre démission à l’UFDG ?
Thierno Souleymane Diallo : Cette démission avait fait l’objet d’une lettre qui a été largement publiée. Je suis donc désolé de ne pouvoir répondre à cette question.
Guineematin.com : Après avoir claqué la porte à deux partis politiques dont les leaders sont originaires du Fouta, pourquoi avez-vous adhéré à un autre dont le président est de la même région ? Autrement dit, êtes-vous incapables d’aller vers les autres partis dirigés par d’autres guinéens ?
Thierno Souleymane Diallo : Cette idée ne m’a jamais traversé l’esprit. Tous les partis politiques ont à leur tête des guinéens. Depuis 2006, avec les forces vives, je suis sur le terrain politique. Beaucoup de ces leaders politiques dont vous parlez me connaissent.
Guineematin.com : Finalement ne craignez-vous pas que si ça se passe mal avec les NFD que vous soyez persona non grata dans tous les partis politiques ?
Thierno Souleymane Diallo : Non, pas du tout. Le parti NFD est agréé. Il a des statuts, un règlement Intérieur et un programme de société. Il fait ses preuves sur la scène politique. Pourquoi voulez-vous que ça se passe mal avec moi ? Je vais apporter mon grain de sel pour soutenir le président Mouctar Diallo afin que les NFD aillent plus de l’avant. J’ai fait du bon travail pendant les 11 ans passés à l’UFDG dont 3 comme attaché de presse de Cellou Dalein Diallo.
Désormais je compte m’investir au mieux que je peux pour faire rayonner les couleurs orange, donc NFD et me joindre à l’effort collectif que les militants et cadres du parti fournissent constamment.
Guineematin.com : Vous êtes vice maire de Lélouma. Élu sur la liste de l’UFDG. Quels sont vos rapports avec la population qui vous a élu comme responsable de l’UFDG alors que vous n’êtes plus en odeur de sainteté avec ce parti ?
Thierno Souleymane Diallo : Mes rapports avec mes parents de Lélouma sont au beau fixe. Je suis un fils du territoire ; Lelouma c’est ma famille. Et je n’ai pas non plus des problèmes avec les cadres et militants de l’UFDG ; je prends la vie du bon côté. J’évite que la politique nous divise. Je suis chez moi, je mange, dors et vis bien ici, le tout dans un climat très doux. Je me suis créé les conditions nécessaires qui me permettent de bien vivre à Lélouma.
Guineematin.com : Quels sont les engagements que vous avez pris mutuellement avec NFD ? Autrement dit, qu’est-ce que vous attendez du parti et qu’est-ce que lui attend de vous ?
Thierno Souleymane Diallo : Les engagements avec les NFD, comme je l’ai dit au président du parti, c’est le travail. Il faut se donner la main pour avancer. C’est une fierté de travailler avec M. Diallo Mouctar ainsi qu’avec les cadres et militants des NFD. Seul le travail paie. Je dis aux Guinéens, donnons-nous la main pour le développement de notre pays. Respectons le choix des uns et des autres ; évitons les injures sur les réseaux sociaux. Chacun doit se battre de son côté pour notre chère Guinée. Ensemble nous pouvons.
Propos recueillis par Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com
