Fête de Tabaski à Conakry : l’imam de la grande mosquée de Bambeto plaide pour la réouverture complète des mosquées en Guinée

Elhadj Mamadou Saïdou Diallo, premier imam de la grande mosquée de Bambéto
Elhadj Mamadou Saïdou Diallo, premier imam de la grande mosquée de Bambéto

« Aujourd’hui, dans les pays limitrophes de la Guinée, les gens prient dans les mosquées en appliquant les mesures-barrières. Pourquoi on ne nous autorise pas ici à rouvrir les mosquées, à y prier en observant les mesures-barrières. On a tous peur, on est tous inquiets, on prie tous que Dieu nous débarrasse de cette maladie… C’est Dieu qui a envoyé cette maladie, c’est aussi lui qui peut nous en débarrasser. Il faut voir, ce sont ceux qui ont les systèmes de santé les plus performant qui sont les plus affectés par le coronavirus. Donc, tournons-nous vers Dieu, implorons son pardon… Aujourd’hui, nous sommes malades d’inquiétude. Car, la santé du corps dépend en grande partie de la santé du cœur. Si on n’a pas la paix du cœur, la santé s’effrite »…

A l’instar de ses coreligionnaires du monde, les fidèles musulmans de Guinée ont célébré hier, vendredi 31 juillet 2020, l’Aïd El-Kébir ou la fête de Tabaski. Et, compte tenu du caractère spécifique de cette année, marquée par la pandémie de COVID-19 qui secoue la Guinée depuis mars dernier et les risques de pluie, certains ont célébré cette fête dans les mosquées, notamment à Conakry. Ce fut le cas à Bambéto (dans la commune de Ratoma) où les fidèles ont rallié leur mosquée, fermée au public depuis quatre mois maintenant, dont la réouverture a été autorisée par les autorités pour la seule prière de l’Aïd. Elhadj Mamadou Saïdou Diallo, premier imam de la grande mosquée de Bambeto, a mis cette prière de fête pour demander une réouverture complète des mosquées dans toute la Guinée, rapporte un journaliste que Guineematin.com a dépêché sur place.

Ils avaient la nostalgie, le grand souci, l’ardant désir de pouvoir communier de nouveau dans leur mosquée. Et, ils ont été nombreux, les musulmans de Bambeto, à avoir rallié cette maison de Dieu en ce jour de fête de Tabaski, pour y effectuer la prière. Ils ont marqué ce moment inoubliable d’une empreinte particulière de joie et de réjouissance.

Pour ce premier jour de prière à la mosquée, après quatre mois de répit obligatoire, nulle n’a voulu se faire compter l’évènement. Et, chacun a tenu à effectuer la prière à l’intérieur de cette grande mosquée. Seulement, compte tenu de la crise sanitaire actuelle liée au COVID-19, certains furent obligés de prier dehors. Ceci, dans le grand souci de respecter les mesures-barrières, notamment la distanciation sociale.

Avec les masques au visage, il était difficile de se reconnaître mutuellement. On évitait aussi de se serrer la main, de faire des accolades pour se congratuler et se souhaiter mutuellement bonne fête. Des gens veillaient au grain au respect scrupuleux des mesures de prévention contre la maladie due au coronavirus. Une maladie qui a d’ailleurs constitué l’ossature du sermon de l’imam qui a officié la prière de l’Aïd El-Kébir dans cette maison de Dieu.

Elhadj Mamadou Saïdou Diallo, premier imam de la grande mosquée de Bambéto

« Oh ! Fidèles musulmans ! Ayez peur de Dieu et sachez que cette maladie mortelle (la COVID-19) qui est arrivée à l’humanité est clairement énoncée dans des versets du Saint Coran. Car, Dieu dit dans le noble Coran :  »Nous allons tester votre foi par des épreuves, tout comme par les bienfaits »… Aujourd’hui, chacun de nous se demande s’il va survivre à cette pandémie. Des avions, des bateaux et des usines sont à l’arrêt. Les pertes économiques sont énormes sur le plan mondial. Les secteurs porteurs de croissance sont durement affaiblis à cause du coronavirus. Donc, nous prions Dieu, celui qui a envoyé cette maladie et qui est le seul à pouvoir l’éradiquer, de débarrasser l’humanité de cette maladie… Car, le coronavirus nous empêche d’effectuer les cinq prières obligatoires dans les mosquées. Pendant le Ramadan, cette maladie nous a empêchés de faire les prières surérogatoires dans les maisons de Dieu. Elle continue encore de nous empêcher d’effectuer la grande prière de vendredi. Elle nous a aussi empêchés cette année d’aller faire le Hajj. Cette maladie nous oblige aussi à rester confinés à la maison. Elle a restreint nos mouvements et a réduit considérablement les mobilisations lors des affaires sociales (mariage, baptême, etc). Donc, prions Dieu, accomplissons des actes pieux et écartons nous du chemin des interdits. N’accueillons jamais les bienfaits de Dieu par l’ingratitude ou par des actes de mécréance…», a demandé Elhadj Mamadou Saïdou Diallo, premier Imam de la grande mosquée de Bambeto.

Poursuivant son sermon, le guide religieux a demandé aux guinéens de respecter les mesures de préventions édictées par les autorités contre la COVID-19. Le premier Imam de la grande mosquée de Bambeto a aussi exhorté les autorités guinéennes à ordonner la réouverture définitive des mosquées pour le grand bien de la communauté musulmane du pays.

Elhadj Mamadou Saïdou Diallo, premier imam de la grande mosquée de Bambéto

« Nous demandons aux gens de continuer à observer les mesures de prévention contre le coronavirus… Les allègements des restrictions (levée du couvre-feu et ouverture des mosquées dans certaines préfectures du pays) ne veulent pas dire que la maladie est finie chez nous. Remercions Dieu de nous avoir permis cette fois d’effectuer la prière de fête dans les mosquées. Prions Dieu pour que ceux qui ont autorisé d’effectuer cette prière de fête dans les mosquées aient pitié de nous, de la religion, afin de nous autoriser d’y effectuer la grande prière hebdomadaire de vendredi. Car, tous les musulmans pleurent aujourd’hui cette fermeture de mosquées. Nous voyons qu’ils ont trouvé des solutions pour que les marchés, les écoles et les bureaux (l’administration) fonctionnent. Si on peine encore à trouver des solutions pour rouvrir les mosquées, on prie Dieu de nous donner cette solution. Aujourd’hui, tous ceux qui sont dans cette mosquée sont propres, ils sont vêtus de beaux habits, ils ont leur bavette… Mais, est-ce qu’on peut dire autant de ceux qui sont dans les marchés ? Ce sont les mosquées qui sont plus faciles à gérer et c’est dans ce lieu qu’on peut facilement prier Dieu. Partout où tu pries, Dieu est à ton écoute. Mais, prier dans la maison de Dieu est meilleur. Alors, pourquoi ces mosquées sont encore fermées. Avec Ebola, il n’y a pas une seule mosquée qui n’a pas fait des prières pour que Dieu nous débarrasse de cette maladie… Et, Dieu a fait que Ebola est partie. Mais, avec le coronavirus, je ne sais pas. Et, pourtant, cette maladie nous a fatigués et nous fatigue encore… Aujourd’hui, dans les pays limitrophes de la Guinée, les gens prient dans les mosquées en appliquant les mesures-barrières. Pourquoi on ne nous autorise pas ici à rouvrir les mosquées, à y prier en observant les mesures-barrières. On a tous peur, on est tous inquiets, on prie tous que Dieu nous débarrasse de cette maladie. Mais, on demande à ces gens (les autorités) de rouvrir ces mosquées. Notre paix de cœur, notre tranquillité d’esprit réside dans ces mosquées. Donc, tant que nous maintenons ces mosquées fermées, ça ne va pas aller. C’est Dieu qui a envoyé cette maladie, c’est aussi lui qui peut nous en débarrasser. Il faut voir, ce sont ceux qui ont les systèmes de santé les plus performant qui sont les plus affectés par le coronavirus. Donc, tournons-nous vers Dieu, implorons son pardon… Aujourd’hui, nous sommes malades d’inquiétude. Car, la santé du corps dépend en grande partie de la santé du cœur. Si on n’a pas la paix du cœur, la santé s’effrite », a indiqué Elhadj Mamadou Saïdou Diallo, tout en formulant des prières en faveur de la Guinée.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Facebook Comments Box