Guinée : Alpha Condé fixe l’élection présidentielle au 18 octobre (Décret)

Par un décret publié dans la soirée de ce mardi, 11 août 2020, le président Alpha Condé a fixé la date de l’élection présidentielle au dimanche 18 octobre prochain. Le chef de l’Etat confirme ainsi la date proposée par la Commission électorale nationale indépendante.

Mais, loin de faire rêver, l’annonce de cette date pourrait créer une anxiété des Guinéens et étrangers qui vivent ou investissent en République de Guinée ; car, le président sortant, qui devait quitter définitivement le pouvoir après ses deux mandats légaux, tient à s’accrocher à la tête du pays. Ses partisans l’ont déjà investi candidat à la prochaine élection pour un troisième mandat. Ce qui jure avec tous les principes démocratiques dont l’alternance est la sève nourricière et aussi la Constitution de la transition militaire qui a permis d’élire un chef d’Etat civil. Egalement, une large majorité des Guinéens s’opposent farouchement à ce projet d’Alpha Condé que ces derniers considèrent comme étant une confiscation du pouvoir.

Même s’il n’a pas officiellement annoncé sa candidature, les discours et actes du chef de l’Etat sortant font dire aux partis politiques et structures de la société civile réunis au sein du FNDC que le champion du RPG arc-en-ciel prépare un coup d’état constitutionnel. Et, ils tiennent à l’en empêcher par tous les moyens dont les manifestations de rue. D’où le risque d’instabilité qui guette actuellement la pauvre République de Guinée.

Comme on le sait, avant son accession à la magistrature suprême du pays, Alpha Condé avait mené un combat acharné et très long contre les dirigeants qui s’accrochent au pouvoir en Afrique. Opposant aux régimes qui se sont succédé en Guinée depuis l’indépendance, le 02 octobre 1958, Alpha Condé était présenté par les médias d’Etat comme un anti guinéen sous le régime Sékou Touré (qui l’avait condamné par contumace à cause de son opposition, de même que les défunts Bâ Mamadou, Siradiou Diallo, Jean Marie Doré…). Et, sous le régime du Général Lansana Conté (le deuxième président de la Guinée indépendante), Alpha Condé a été le seul opposant à avoir été accusé de chercher à accéder au pouvoir par des moyens non démocratiques. Il était sévèrement critiqué par les médias d’Etat à travers des éditoriaux qui le présentaient comme le plus radical de tous les opposants… Aujourd’hui, le même Alpha Condé est présenté comme un homme indispensable par certains opportunistes qui sucent les maigres ressources du pays pour eux et leurs familles contre le développement du pays… Mais, jusqu’à quand ?

A rappeler que les manifestations contre ce projet qui permettrait au président Alpha Condé de rester au pouvoir après ses deux mandats légaux sont souvent réprimées par les forces de défense et de sécurité à Conakry et à l’intérieur du pays, entraînant ainsi la mort des dizaines de citoyens, des centaines de blessés et d’importants dégâts matériels. Mais, au lieu de poursuivre les auteurs de ces crimes, ce sont les opposants au troisième mandat qui sont arrêtés, détenus, jugés et condamnés… Jusqu’à quand ?

Nouhou Baldé pour Guineematin.com

 

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