Conakry : la décharge de Dar-es-salam, devenue une source de revenu pour certains citoyens

Située au quartier Dar es-salam, dans la commune de Ratoma, la seule décharge publique de Conakry fait vivre aujourd’hui de nombreuses familles. Plusieurs habitants de la capitale guinéenne s’y rendent chaque jour, à la recherche d’objets recyclables qu’ils revendent pour avoir de l’argent. Malgré les risques qu’elle représente, cette activité ne cesse d’attirer du monde, a constaté un reporter de Guineematin.com qui s’est rendu sur place.

Âgé d’une dizaine d’années, Harouna Escoca et sa famille vivent uniquement de leurs revenus tirés de cette montagne d’ordures. Chaque jour, ce jeune homme et ses parents quittent le quartier Keïtayah, relevant de la commune urbaine de Dubréka, pour venir « travailler » dans ce dépotoir. Ils y travaillent jusqu’au soir avant de rentrer.

« Nous, nous sommes au nombre de 4 ici : ma mère, mes grandes sœurs et moi. Nous trions les plastiques qui sont jetés dans cette décharge et nous prenons ceux qui sont recyclables, on les lave et puis on les met dans des sacs. Ce sont ces sacs remplis de caoutchouc qu’on envoie revendre à une entreprise de recyclage de plastiques qui se trouverait à Gbessia et que moi je ne connais pas. Les camions bennes qui envoient ces ordures ici, sont les mêmes qui transportent nos sacs à l’usine. Mais, l’usine ne prend pas les caoutchoucs qui sont sales, c’est pourquoi nous les lavons ici avant de les envoyer à l’usine. Une fois là-bas, les gens de l’usine font également leur tri pour prendre les bons caoutchoucs. Mais je ne sais pas à combien ils les achètent, ils gèrent ça avec ma mère », a expliqué l’enfant.

Sur place, Harouna Escoca côtoie beaucoup de personnes, qui font le même travail que lui. C’est le cas de cet étudiant rencontré sur les lieux et qui a requis l’anonymat. Selon lui, il se cache de ses amis pour venir braver toutes les saletés et autres odeurs nauséabondes, dans le but d’avoir un peu d’argent lui permettant de subvenir à ses besoins. « Nous, nous sommes 4 à travailler par là. Et parmi nous, il y a un élève, deux qui apprennent des métiers et moi-même qui suis étudiant.

A part nous, il y a beaucoup d’autres personnes : hommes et femmes qui travaillent dans cette décharge. On a accepté de travailler ici, malgré les risques, parce qu’on n’a pas d’autres choix. En tant que jeunes, on ne peut pas s’asseoir à la maison et continuer à tendre la main aux parents qui sont pauvres ou toujours tendre la main au gouvernement. C’est juste pourquoi on est là jusqu’au moment où la vie va nous sourire », a-t-il laissé entendre.

Avec cette activité, le jeune homme rentre chaque jour avec une somme d’argent en poche. « Nous faisons le tri des déchets plastiques qui sont déversés ici et nous les stockons dans des sacs que nous revendons aux femmes avec qui nous travaillons et qui sont en contact direct avec l’usine de transformation de ces caoutchoucs, composés essentiellement de sachets d’eau, de sacs en plastique et autres. Par jour, on peut avoir 100 à 150 sacs remplis de déchets plastiques. Ce qui peut nous rapporter entre 500 et 700 milles francs. Et, c’est ce qu’on se partage à quatre le soir avant de rentrer », a-t-il confié.

Il faut souligner toutefois, que cette activité représente beaucoup de risques. En plus des risques sanitaires (les gens qui passent la journée dans ce dépotoir peuvent contracter des maladies), il faut aussi craindre des éboulements. Le 22 mars 2017, les ordures ont glissé pour tomber sur des maisons situées aux alentours du dépotoir, faisant neuf morts et beaucoup de dégâts matériels. Ce qui avait poussé le gouvernement à déguerpir les citoyens qui habitaient aux abords de cette décharge.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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