Coup d’Etat militaire au Mali : la chute d’IBK largement commentée en Guinée

La prise du pouvoir par l’armée malienne est suivie avec beaucoup d’attention en Guinée, pays voisin du Mali, qui vit depuis plusieurs mois une crise politique, due à la volonté du président Alpha Condé de briguer un troisième mandat. Ce coup d’Etat militaire est largement commenté notamment à Conakry, la capitale, où beaucoup pensent que cet acte pourrait être un avertissement pour le chef de l’Etat guinéen.

Un reporter de Guineematin.com a interrogé quelques citoyens qui ont donné leur position sur le sujet.

Décryptage !

Diouwara Ousmane, professeur de philosophie

Diouwara Ousmane, professeur de philosophie : « je dirai tout simplement que ce qui s’est passé au Mali est déplorable. Je crois que les africains en général doivent faire preuve de maturité politique pour éviter de jeter la honte sur le continent africain. La destitution du président malien, politiquement parlant, ce n’est pas la voie légale. Mais, si l’armée a pris la décision de redresser la situation pour que l’accalmie et la paix soient restaurées, pour éviter une guerre civile, je crois que c’est nécessaire.

Mais, c’est si et seulement cette armée parvenait à honorer ses engagements. C’est-à-dire, organiser les élections dans un bref délai et remettre le pouvoir aux civils qui, à leur tour, doivent aussi honorer le peuple, en respectant les principes démocratiques. Tout cela est arrivé à cause de la mal gouvernance. C’est pourquoi, les autres chefs d’États africains doivent respecter les principes démocratiques et répondre aux attentes de leur peuple pour éviter tout problème. Surtout, le président Alpha Condé, qui a été démocratiquement élu et qui peut être la vitrine de la démocratie guinéenne, en passant la main à quelqu’un d’autre au lieu de s’éterniser au pouvoir. S’il s’éternise au pouvoir, ce n’est pas un bon signe pour le pays.

Mamadou Baïlo Bah, Informaticien de profession

Mamadou Baïlo Bah, Informaticien de profession : « premièrement, il faut dire qu’en matière de démocratie, un coup d’Etat n’est jamais à féliciter. Un coup d’Etat est à condamner. Je regrette le fait que le président IBK s’est entêté face aux réclamations de la population. Il faut savoir que quand tu es président, tu es là pour le peuple ; tu n’es pas là pour toi-même ou pour un clan. Donc, quand la population réclame quelque chose, il faut y prêter une oreille attentive. C’est le défaut de la plupart de nos présidents de la sous-région, ils ne prêtent pas attention aux réclamations de la population. Ils se mettent au contraire à ignorer la population lorsqu’elle réclame.

Ce que je vais dire aux dirigeants africains, c’est de respecter le serment qu’ils ont prêté. Il faut arrêter de réprimer le peuple, lorsque celui-ci réclame quelque chose. Je lance particulièrement un appel solennel au président Alpha Condé. Je l’exhorte à montrer l’exemple pour être le Mandela de la Guinée, comme il l’a dit dès son arrivée au pouvoir. Aujourd’hui, si on parle de Mandela, c’est parce qu’il a prôné quelque chose qu’on appelle la paix. Et, Alpha Condé, à son âge, devrait faire mieux que Mandela. Il devrait faire mieux que Mahatma Gandhi. Il n’a qu’à prendre l’exemple de ces grands hommes pour que lui aussi devienne un grand homme que l’histoire va retentir dans le sens positif ».

Ousmane Diallo, sociologue

Ousmane Diallo, sociologue : « cette situation démontre encore une fois que c’est le peuple qui est souverain. Quand vous êtes élu, la loi vous autorise à faire telle chose, elle vous interdit de faire telle autre chose. Donc, le peuple malien, dans sa majorité, a dénoncé les comportements qu’il a trouvés illégitimes de la part des gouvernants. Donc, je trouve raisonnable ce coup d’Etat. Parce que quand on constate que celui qui dirige un pays conduit le navire vers la dérive, on doit l’arrêter.

J’espère que le président de la République de Guinée, Alpha Condé, va tenir compte de ce qui s’est passé au Mali. Le président malien, lui, n’a pas parlé de troisième mandat. Mais, comme il était dans la dérive, le peuple l’a arrêté. Notre cas est plus sérieux parce qu’ici, le président tient à dépasser le nombre de mandats que la loi autorise de briguer. Je lui demande donc de tirer les leçons… ».

Almamy Daouda Condé, citoyen rencontré à Kipé

Almamy Daouda Condé, citoyen rencontré à Kipé : « d’abord, en tant qu’africain, je condamne fermement ce qui s’est passé au Mali. Parce qu’IBK a été élu démocratiquement. Donc, je pense que ce n’est pas la bonne manière de le faire partir. L’Afrique ne doit pas continuer toujours avec cette vieille habitude de coups d’États. Nous avons vu le peuple malien demander le départ de leur président, cela est vrai. Mais, l’histoire parlera toujours de ce coup d’État militaire. Et, cela n’est pas une belle histoire pour l’Afrique. Maintenant, ce qui reste clair, c’est que la Guinée n’est pas égale à un autre pays. Ce qui se passe au Mali, ça ne se passera pas en Guinée ici. Nous n’allons jamais imiter les Maliens. Si notre président va quitter le pouvoir, il quittera ; mais pas par coup d’État ».

Ousmane, citoyen rencontré à Kipé

Ousmane, citoyen rencontré à Kipé : « les militaires ont fait ce qu’ils devaient faire. Parce que si un président ne travaille pas et le peuple demande sa démission, il faut démissionner. Donc, les militaires ont fait ce qu’il fallait, ils ont bien fait sans tuer quelqu’un. Et, pour cela, moi, je les félicite. Et, j’espère que la Guinée n’arrivera pas là. Si la population dit qu’elle ne veut plus du président Alpha Condé, il n’a qu’à céder doucement avec respect. Un président, si tu travailles bien, c’est la population même qui va se lever pour dire,  »non, il ne quitte pas, il va rester ». Mais, quand tu ne travailles pas, ce n’est pas la peine de forcer pour rester au pouvoir ».

Propos recueillis et décryptés par Mohamed DORE pour Guineematin.com

Tél. : +224 622 07 93 59

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