N’Zérékoré : les autorités accusées d’avoir menacé les proches des opposants détenus

Après avoir passé campé pendant deux jours au domicile du patriarche de N’Zérékoré, les femmes qui manifestaient pour réclamer la libération des opposants détenus à Kankan ont quitté les lieux. Elles disent être rentrées suite aux menaces proférées à leur encontre par les autorités locales, a appris Guineematin.com à travers son correspondant dans la préfecture.

Selon madame Hélène Loua, la porte-parole des manifestantes, c’est le gouverneur de N’Zérékoré, le Général Mohamed Gharé, accompagné du préfet, Sâa Yola Tolno, et du fils du patriarche, David Zogbélémou, qui est allé les sommer de quitter les lieux, en proférant des menaces à leur encontre. « On a passé presque trois jours au domicile du patriarche pour l’exhorter à venir au secours de nos maris et enfants qui sont en prison. Même si on n’avait eu aucune réponse de la part des sages, on était décidées à rester sur les lieux jusqu’à ce qu’on trouve une solution à leur situation.

Mais à notre grande surprise, dans l’après-midi du jeudi, une délégation conduite par le gouverneur de N’Zérékoré est arrivée sur les lieux. Ils sont rentrés d’abord pour s’entretenir avec le vieux, avant de sortir s’adresser à nous. Ils ont dit qu’on ne doit pas aller embêter le vieux parce que ce n’est pas lui qui a mis nos proches en prison. Ils nous sommées de quitter les lieux à l’immédiat en disant que si on n’obtempère pas, il y a une autre équipe qui viendra nous trouver sur les lieux et que cela nous coûtera très cher. C’est suite à ces menaces qu’on a décidé de quitter les lieux pour rentrer », a-t-elle indiqué.

Se disant choquées par cette attitude des autorités, ces femmes indiquent qu’elles se tournent uniquement vers Dieu pour espérer obtenir la libération de leurs maris et fils interpellés il y a quelques mois à N’Zérékoré et conduits à la prison civile de Kankan. « Nous nous tournons vers Dieu, le Tout-Puissant, car c’est lui seul qui peut nous aider dans cette affaire », a déclaré la porte-parole des manifestantes.

Interrogé sur cette situation, le fils du patriarche de N’Zérékoré et porte-parole du bureau des sages de la ville, a balayé d’un revers de la main les déclarations des femmes. David Zogbélémou assure que personne n’a proféré des menaces à leur encontre. « Personne ne les a insultées ni menacées. Les autorités sont venues voir le patriarche pour une petite réunion. C’est ainsi que le gouverneur a demandé l’objet de la présence de ces femmes dans la cour du patriarche. On lui a dit que ce sont des femmes qui réclament la libération de leurs maris et leurs enfants, détenus à la maison centrale de Kankan.

On a dit qu’elles sont là depuis le mardi dernier et qu’elles passent la nuit à la belle étoile. Le gouverneur a dit que si elles font ça, c’est qu’elles sont en train de mettre pression sur le patriarche. C’est ainsi qu’il est sorti pour sensibiliser ces femmes, il leur a dit de rentrer chez elles et laisser le patriarche faire son travail. Il a même dit : si vous voulez dire quelque chose, formez une délégation de 2, 3 à 4 personnes, vous venez me voir où vous allez voir le préfet. Vous allez nous donner vos suggestions, on va essayer de vous donner la solution. C’est après cela que les femmes sont rentrées », a-t-il laissé entendre.

Il ajoute que les sages de N’Zérékoré sont effectivement en train de se battre pour chercher à trouver une solution à ce problème qui préoccupe les manifestantes. « Nous sommes même en train de voir comment faire un voyage à Conakry pour aller voir le président de la République sur cette situation. Mais il n’y a pas encore de consensus sur la question. C’est pourquoi le vieux (le patriarche) n’a pas encore donné son feu vert. C’est même par rapport à ça que les administrateurs territoriaux sont venus chez le patriarche », a confié David Zogbélémou.

A rappeler qu’ils sont 44 opposants à un troisième mandat pour le président Alpha Condé détenus à la prison de Kankan. Ils sont accusés d’être à l’origine des violences inter-communautaires qui ont émaillé le double scrutin contesté du 22 mars 2020 à N’Zérékoré. Des violences qui avaient fait plusieurs morts, de nombreux blessés et d’importants dégâts matériels. Leurs femmes et leurs mères réclament depuis plusieurs semaines leur libération.

De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah pour Guineematin.com

Tel : +224620166816/666890877

 

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