Covid-19 : les gestes barrières, un lointain souvenir au marché de Matoto

Alors que l’état d’urgence sanitaire reste toujours en vigueur en Guinée, le constat révèle que cette situation exceptionnelle, instaurée par le président Alpha Condé dans le but de freiner la propagation du coronavirus, n’est plus respectée dans la plupart des cas. Au marché de Matoto par exemple, l’un des plus grands de Conakry, les gestes barrières ne sont plus qu’un lointain souvenir. Plus personne ne pense désormais à ces mesures de protection censées permettre de se prémunir contre la pandémie du coronavirus, a constaté un reporter que Guineematin.com a dépêché sur place.

Le marché de Matoto est l’un des plus importants lieux de regroupement de Conakry. Des milliers de personnes s’y rendent chaque jour, soit pour vendre ou pour acheter. Mais, malgré cette forte mobilisation, les mesures barrières ne sont pas respectées sur les lieux. Même le lavage des mains et le port obligatoire de masque sont foulés au sol. Quant à la distanciation sociale, elle n’a jamais existé dans ce marché, tout comme dans tous les autres d’ailleurs.

Yaghouba Baldé, vendeur de sacs de riz au marché de Matoto

« Le port de masque, c’était avant. Maintenant, la plupart des gens ne respectent pas ça ici. Les gens portent les bavettes seulement par peur pour ne pas payer 50 000 ou 30 000. S’ils voient les policiers, ils portent ; mais après, ils enlèvent. Même le lavage des mains est pris à la légère. Ça aussi, ce n’est plus respecté dans ce marché », témoigne Yaghouba Baldé, vendeur de sacs de riz au marché de Matoto.

Boubacar Bah, prestataire au marché de Matoto

Ce constat inquiète Boubacar Bah, prestataire dans ce marché. « Quand vous rentrez dans le marché, vous allez voir que les gens qui ne portent pas les masques. Vous regardez dans les bus et le train qui sont remplis de passagers, c’est la même chose, rien n’est respecté. Le fait que la population a délaissé les mesures barrières, c’est vraiment déplorable. Et, c’est inquiétant parce qu’on ne sait pas qui a quoi », a-t-il dit.

De son côté, Sidiki Donzo, vendeur de pièces détachées dans ce marché, estime que les forces de l’ordre, chargées de veiller au respect des gestes barrières, ne font pas correctement leur travail. Et, vu le non-respect des mesures liées à l’état d’urgence, il appelle le gouvernement à rouvrir les lieux de culte, qui restent fermés depuis l’instauration de cette situation exceptionnelle, le 26 mars 2020.

Sidiki Donzo, vendeur de pièces détachées au marché de Matoto

« Les policiers se limitent juste aux abords du marché, ils ne rentrent pas à l’intérieur du marché pour voir ce qui se passe. Alors que là, rien n’est respecté. Donc, le gouvernement doit accepter que les mosquées soient rouvertes maintenant parce que le monde qui se trouve dans les marchés est beaucoup plus important que celui qui va dans les mosquées. Et, contrairement aux marchés, les gens ne passent pas la journée dans les mosquées », a dit ce citoyen.

Mohamed Doré pour Guineematin.com

Tél. : +224 622 07 93 59

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