Réactivation des Investissements Directs Étrangers pour une relance économique des pays africains : cas de la Guinée

Mamadou Safayiou DIALLO, analyste Economique
Mamadou Safayiou DIALLO, analyste Economique

Libre Opinion : Bien que la pandémie de Coronavirus continue à persister, il nous semble qu’il est temps de réfléchir sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour booster les économies lourdement touchées par la Covid-19. S’agissant des économies africaines notamment celle guinéenne, nous avons des fortes raisons de croire que la réactivation des Investissements Directs Étrangers est plus que nécessaire pour relancer nos économies.

En plus de la promotion du Partenariat Public-Privé ou encore la formalisation du secteur informel pour ne citer que ceux-là, il serait judicieux de considérer les IDE comme étant un levier de relance économique post-Covid-19 car selon un rapport récent de la Banque mondiale ils constituent souvent la plus importante source de financement extérieur, davantage que l’aide publique au développement où les investissements de portefeuille.

En Guinée, Les flux d’IDE étaient déjà en perte de vitesse avant l’apparition du coronavirus, dans un contexte d’instabilité socio-politique ayant accru ainsi le risque pays tout en renvoyant un mauvais signal à l’international et conduisant ainsi à une forte hésitation des investisseurs à se tourner vers notre pays. Pourtant, restaurer la confiance n’est pas une tâche impossible.

Le dernier rapport de la banque mondiale sur la thématique montre la voie à suivre pour accroître les flux d’IDE dans pays en développement notamment en Guinée. En se basant sur un échantillon très représentatif de la population mondiale, 2 400 dirigeants d’entreprise interrogés dans dix grands pays émergents du monde, indiquent que « les avantages d’une fiscalité basse, le faible coût de la main-d’œuvre et l’accès à des ressources naturelles pèsent moins dans leurs décisions d’investissement que la stabilité politique et économique et un environnement juridique et réglementaire fiable ».

A en croire ce rapport, les principaux facteurs déterminants des IDE relèvent uniquement du rôle et de la responsabilité de l’Etat à travers surtout la révision s’il le faut du code d’investissement en le rendant plus attrayant. S’agissant de la faiblesse de la main d’œuvre et de la disponibilité de la main d’œuvre, vous conviendrez bien avec nous que ces conditions sont déjà remplies pour la plupart des Etats africains notamment celui guinéen. C’est pourquoi nous pensons qu’il est temps de saisir cette opportunité pour attirer plus d’IDE dans notre pays.

Pour accélérer le processus dans un contexte formel hautement marqué par des institutions faible et précaire, il serait judicieux de prendre les devants en réduisant le risque réglementaire lié à l’implantation des IDE. Ceci corrobore la dernière étude menée par la Banque au regard de son rapport publié au cours de ce mois d’août 2020 selon lequel d’ailleurs les effets de la réduction du risque réglementaire sur les flux d’IDE se révèlent même plus importants que ceux liés à l’ouverture au commerce international.

A titre d’illustration, « une baisse d’un point de pourcentage du risque réglementaire accroît en général de deux points la probabilité qu’un investisseur étranger s’implante ou se développe dans un pays. Tandis qu’une augmentation d’un point de pourcentage de la part des échanges internationaux dans le PIB augmente cette probabilité seulement que de 0,6 point au maximum ».

Etant donné ces effets positifs et significatifs sur les IDE, la Banque mondiale a implémenté une nouvelle base de données mondiale (d’environ 14 000 sociétés mères qui investissent dans près de 28 000 projets d’IDE nouveaux ou en expansion dans 168 pays d’accueil) dont le but est de mesurer le risque réglementaire. Après analyse, elle se rend compte que pour éliminer le risque règlementaire, trois éléments se révèlent indispensables : la transparence, la protection juridique des investisseurs et leur accès à des mécanismes de recours.

En conséquence, l’Etat guinéen devrait s’attaquer au manque de transparence afin de renforcer les procédures administratives ainsi que le portail d’information déjà disponible et en le rendant accessible à tous les investisseurs. Dans le même sillage, il doit concevoir et mettre à la disposition des investisseurs une justice fiable dans laquelle ils se sentiront protégés. Des telles mesures devront permettre non seulement de rétablir la confiance mais aussi de capter les flux d’IDE indispensables au développement économique tant rêvé pour enfin extraire des millions des guinéens de l’extrême pauvreté.

Mamadou Safayiou DIALLO, Analyste Economique

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