Présidentielle du 18 octobre et le dilemme cornélien de l’opposition

Le président Alpha Condé et les anciens Premiers ministres ne se font aucun cadeau. Le premier vient de donner aux seconds du fil à retordre. En l’occurrence, la fixation de la date de l’élection présidentielle. Une élection qui devient un os coincé dans la gorge du duo Sidya et Cellou. Ce dernier en particulier est dans une situation peu confortable entre les partisans et les adversaires de la participation du parti à ce scrutin.

Un commentateur a su bien caricature la position des responsables de l’UFDG et plus particulièrement celle du président. Selon lui, si l’UFDG participe à cette élection, elle se tire une balle dans le pied. Mais, si elle ne participe pas, elle se tire une balle à la tête. C’est autant dire que Cellou Dalein Diallo est devant un véritable dilemme cornélien. C’est pourquoi, il a lancé les fameuses consultations pour récolter les avis des militants. Mais, la méthode choisie est peu transparente. Parce qu’elle consiste à demander aux militants d’écrire. C’est le parti qui procédera au dépouillement. Et, certains militants, qui souhaitaient que le débat se fasse sur un forum où tous les avis sont accessibles à tout le monde, ces militants craignent que les résultats de ces consultations ne soient comme ceux que la CENI a toujours donnés à leur parti depuis 2010.

Le débat est très houleux. Comment faire comprendre et accepter aux militants que quelque chose a fondamentalement changé entre mars et octobre et que le parti peut accepter aujourd’hui ce qu’il a refusé hier.

En outre, les opposants savent que s’ils peuvent rêver d’une victoire, c’est s’ils participent à l’élection. S’ils ne participent pas, le seul espoir qui leur restera est celui auquel l’opposition s’était contentée à la présidentielle de 2003 : attendre que la nature fasse son travail. C’est-à-dire que le président ne quittera le palais que pour le cimetière. Les partisans de la participation de l’opposition à la présidentielle estiment que, tôt ou tard, c’est une femme en grossesse qui attend un bébé mais pas celle qui est stérile.

Quant aux adversaires de la participation, ils ont comme argument que là où l’UFDG n’a pas pu empêcher une mascarade électorale à la Mairie de Kindia, ce n’est pas à la présidentielle qu’elle pourra le faire. D’autres vont plus loin en soutenant qu’un pouvoir qui est capable de modifier le vote de 45 personnes –le cas de l’élection du Maire de Matoto- modifier celui de 2 millions ne sera qu’une promenade santé. Pour ces derniers, une participation de leur parti à cette élection ne sera ni plus ni moins qu’une manière de légitimer la nouvelle constitution et d’accompagner le sortant qui jure de ne pas sortir.

Pour revenir à la position des partisans de la participation, ces derniers craignent une situation à la sénégalaise de 2012. C’est-à-dire que les poids lourds boycottent l’élection pour laisser la place à un nouvel opposant qui, à cause du bilan peu élogieux du sortant, réussisse le miracle à travers un ras de marrée électoral. Si la machine de la fraude est bien huilée, l’hypothèse d’une défaite du sortant n’est pas exclue. Et, pour cause, même dans son propre fiel il est désormais contesté. Une partie de la Guinée forestière vient de déclarer son opposition à la candidature du chef de l’Etat. Il est superflu d’ajouter que le Fouta est opposé à lui. Que restera-t-il à l’ancien opposant historique devenu président de la République ? Une fraude est-elle possible en cas d’un ras de marrées ?

Voilà les soucis de Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et de Lansana Kouyaté. Ce dernier peut espérer que les voix du RPG pourraient s’orienter vers le PEDN. Quant à d’autres opposants qui sont incapables de réunir les 800 millions de caution, l’absence de transparence est une bonne excuse pour justifier leur non-participation à cette présidentielle. Le moins que l’on puisse dire est que le boycott de cette élection par les poids lourds de l’opposition fera l’affaire du pouvoir. Lequel aurait du mal à battre campagne à cause de son bilan. Un bilan dont l’état de nos routes à lui seul en dit long.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

Téléphone : 664 27 27 47

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