Faranah : Moussa Chérif, le 1er au CEE, inquiet pour son avenir scolaire, sa maman appelle à l’aide

Moussa Chérif, premier de la préfecture de Faranah au CEE
Aissatou Kourouma, mère de Moussa Chérif

« On est là, on n’a pas de moyens ; mais, le petit s’est battu jusqu’à ce que Dieu a fait qu’il soit admis. Il a beaucoup de courage, je suis très contente… Si je pouvais avoir quelqu’un qui pourrait aider mon fils pour ses études, c’est mon plus grand souhait… Je demande à toutes les personnes de bonne volonté de m’aider pour que mon fils puisse continuer ses études », a lancé Aissatou Kourouma, la mère de Moussa Chérif, le premier de la préfecture de Faranah à l’examen d’entrée en 7ème année.

Comme annoncé précédemment, les résultats du certificat de fin d’études élémentaires (communément appelé examen d’entrée en 7ème année) ont été rendus public en début cette semaine par les autorités guinéennes en charge de l’éducation. Et, dans la préfecture de Faranah, le taux de réussite (62,37%) a été satisfaisant. Sur les 4 919 candidats (dont 1 781 filles), 3 068 dont 1 082 filles ont été déclarés admis. Et, c’est Moussa Chérif, un élève de l’école primaire de Balaya, qui occupe la première place du classement préfectoral. Un élève qui, malgré ses efforts qui lui ont permis d’arriver à la tête de la préfecture de Faranah, est aujourd’hui désemparé. Compte tenu de l’extrême pauvreté de ses parents, cet enfant est actuellement inquiet et se questionne constamment sur son avenir scolaire, rapporte le correspondant local de Guineematin.com qui est allé à sa rencontre.

Sayon Condé, Directeur de l’école primaire Balaya

Moussa Chérif est un adolescent de 14 ans qui vit à Balaya, un district relevant de la sous-préfecture de Banian, située à 110 kilomètres du chef-lieu de la préfecture de Faranah. Il est issu de parents pauvres qui, avec de très maigres moyens, ont réussi à le scolariser. Et, malgré ses conditions de vie difficile, Moussa Chérif a fait preuve d’un grand courage à l’école. Ce courage combiné à son intelligence, lui ont valu le mérite de se hisser et toujours demeurer parmi les meilleurs de sa classe et de l’école primaire de Balaya.

« Depuis le CP, Moussa Chérif a toujours été un enfant remarquable. Il ne chôme jamais à l’école. Il apprend bien ses leçons. Il a beaucoup d’estime pour ses études, l’enseignant ne fait que l’orienter », témoigne Sayon Condé, le directeur de l’école primaire Balaya.

Cette année, 2020, à l’examen d’entrée en 7ème année, cet adolescent s’est surpassé pour finir à la tête de la préfecture de Faranah. En tout cas, selon les résultats qui y ont été rendus public par la direction préfectorale de l’éducation, Moussa Chérif s’est classé « premier » sur 3 068 élèves qui ont été déclarés admis au certificat de fin d’études élémentaires dans la préfecture de Faranah. Cette réussite est un motif de satisfaction, de joie mesurée et surtout d’une grande inquiétude pour cet enfant qui devait pourtant être aux anges après un tel résultat. Malgré son courage et son intelligence, la pauvreté de ses parents (qui n’arrivent plus à subvenir à ses besoins scolaires) empiète sur son moral. Ainsi, Moussa Chérif se dit inquiet et s’interroge constamment sur son avenir à l’école, surtout que son Balaya natal ne dispose pas de collège. A l’ouverture des classe prochaine, il devra aller à Banian-Centre (situé à environ 45 kilomètres du district de Balaya) pour espérer faire des études secondaires. Et, cela lui donne des papillons dans le ventre.

Moussa Chérif, premier de la préfecture de Faranah au CEE

« Je suis content d’être le premier de la préfecture. Je croyais être admis ; mais, être premier de la préfecture, je n’y croyais pas… Mon secret a été que je révisais tous les jours de 23 heures à une heure du matin. On avait formé aussi un groupe de révision de 19 heures à 22 heures. Et, quand on était parti à Banian pour l’examen, il y avait un maître là-bas, on partait chez lui pour réviser. Quand je rentre à la maison, je lisais beaucoup avant de me coucher. J’étais très inquiet pour mon examen. Je me levais à 4 heures du matin pour réciter les questionnaires et lire les dernières leçons. Tout ça, je me battais pour avoir mon examen. Mes parents n’ont rien. Même mes frais d’examen, c’est le maître qui m’aidait à avoir ça. Pendant les 3 jours d’examen, c’est aussi mon maître qui me donnait 2 000 francs par jour pour le déjeuner. Dans tout ça, j’avais le courage pour avoir mon examen. Maintenant, j’ai eu mon examen ; mais, mes inquiétudes aujourd’hui, c’est comment faire pour continuer mes études, parce que mes parents n’ont pas de moyens. Alors, je lance un appel à toutes les personnes de bonne volonté de m’aider à poursuivre mes études », a plaidé Moussa Chérif.

Pour son avenir, si par la grâce de Dieu il parvient à aller au bout de ses études, l’adolescent qui fait (sans en être conscient) la fierté de toute la préfecture de Faranah ambitionne d’être enseignant, un « bouffeur de craie » (comme on appelle ironiquement les pauvres enseignants guinéens). « C’est un métier qui n’a pas de prix ; et, je vais former mes frères, mes fils…pour qu’ils deviennent comme moi », dit-il avec plein de sagesse.

Aissatou Kourouma, mère de Moussa Chérif

En plus de sa bravoure à l’école, Moussa Chérif est un petit garçon serviable pour sa mère. Avec les petits sous qu’il gagne en faisant quelques travaux pour les gens, cet adolescent contribue à la dépense de la famille (qui se débrouille comme elle peut à l’absence de leur père). Sa mère est consciente de son apport ; mais, son grand souci aujourd’hui est de voir son fils poursuivre ses études. Et, pour ça, elle demande le soutien des personnes de bonne volonté.

« On est là, on n’a pas de moyens ; mais, le petit s’est battu jusqu’à ce que Dieu a fait qu’il soit admis. Il a beaucoup de courage, je suis très contente. Parce que si tu souffres à cause de quelque chose et que tu gagnes cette chose, c’est vraiment la joie. Tout le monde est content de lui ici. Maintenant, si je pouvais avoir quelqu’un qui pourrait aider mon fils pour ses études, c’est mon plus grand souhait. Parce qu’il a beaucoup de courage pour ses études. Je demande à toutes les personnes de bonne volonté de m’aider pour que mon fils puisse continuer ses études », a lancé Aissatou Kourouma, la mère de Moussa Chérif.

De Faranah, Mamadouba Bangoura pour Guineematin.com

Tél. : 00224620241513/660272707

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