Attaque du domicile privé d’Elhadj Sékhouna : « C’est une provocation », dénonce l’OGDH

Abdoul Ghadiri Diallo, président de l’Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen (OGDH)
Abdoul Ghadiri Diallo, président de l’Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen (OGDH)

Comme annoncé précédemment, la résidence privée du Kountigui de la Basse Côte à Tanènè (où se tenait une réunion des coordinations régionales des sages de la Guinée) a été la cible d’une attaque musclée des forces de l’ordre hier, mardi 1er Septembre 2020, dans la préfecture de Dubréka. Et, lors de cette surprenante attaque attribuée particulièrement à la gendarmerie, Elhadj Sékhouna Soumah et les autres sages ont été pulvérisés de gaz lacrymogènes. Les images des douilles présentées dans les médias et sur les réseaux sociaux ont choqué plus d’un guinéen. Depuis, plusieurs personnalités de la société civile et de la classe politique guinéenne sont montées au créneau pour dénoncer et condamner cet agissement des hommes en uniforme.

Joint au téléphone ce mercredi, le président de l’OGDH (organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme) a dénoncé « un comportement provocateur » qui n’est pas respectueux des principes républicains. Abdoul Ghadiri Diallo soutient que « le domicile est inviolable » et dit ne pas être convaincu de l’argument selon lequel les agents ont agi pour faire respecter la mesure interdisant les rassemblements de plus de 20 personnes en cette période de pandémie de COVID-19 dans le pays.

« Une intervention des services de sécurité pour disperser une rencontre, constitutionnellement, ça n’a pas sa raison d’être. Parce que la liberté de réunion est consacrée. Et, cela fait que lorsque des gens se réunissent, ils ont le droit de s’exprimer à travers ces réunions-là. Mais, il y a le fait qu’aujourd’hui les rassemblements sont interdits du fait de l’urgence sanitaire. Seulement, qu’est-ce qui bat en brèche le fait de respecter cette règle ? C’est parce que quand ce sont les hommes affiliés au pouvoir, ils peuvent organiser des manifestations impunément. Et, quand ce sont les autres (de l’opposition), les forces de l’ordre sévissent. C’est ce principe de deux poids deux mesure qui fait que moi je ne retiens pas le fait qu’ils soient en train de disperser la foule à cause du coronavirus. Parce que sinon ils auraient dû le faire à d’autres endroits aussi. En conclusion, je crois que l’attaque du domicile du Kountigui de la Basse Côte est une provocation. Les forces de l’ordre n’ont pas le droit de jeter des grenades lacrymogènes dans la concession du Kountigui. Et, quand j’entends dire que c’est parce que des manifestants avaient barricadé la route que du gaz lacrymogènes a été jeté et ils sont tombés dans la cour du Kountigui, je crois que si c’était par inadvertance, on n’aurait pas identifié cette quantité de douilles qui a été présentée. Donc, le nombre de douilles seulement indique que c’était vraiment des grenades lacrymogènes orientées vers le domicile d’Elhadj Sèkhouna. Ça, c’est un comportement provocateur qui n’est pas respectueux des principes républicains. C’est aussi un comportement qui frise le deux poids deux mesures. Sinon, On a vu des rassemblements avec la première dame, on a vu une marche des jaunes qui va du palais du peuple jusqu’à Sékhoutouréyah. Mais, toutes ces manifestations n’ont pas été dispersées par la police et la gendarmerie sous la barbe desquelles les marcheurs sont passés », a dit Abdoul Ghadiri Diallo.

Selon le président de l’OGDH, rien ne justifie aujourd’hui cette attitude des forces de l’ordre à l’égard des sommités morales de la Guinée. Abdoul Ghadiri Diallo invite d’ailleurs les hommes en uniforme de sortir de cette position provocatrice capable de créer les conditions d’une implosion sociale dans le pays.

« Je ne vois pas en quoi il faut aller disperser des gens qui étaient réunis dans une concession privée. Parce que le domicile est inviolable. Mais, comment ça fait que ce sont les forces de l’ordre elles-mêmes qui enfreignent le principe qu’elles sont censées défendre ? Ce n’est pas normal. Nous nous condamnons cette attitude et nous invitons les forces de l’ordre à sortir de cette position qui est provocatrice et qui peut créer les conditions d’une implosion sociale », a-t-il déclaré.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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