Réouverture des lieux de culte : « joie et peur » chez le Père Moïse Tinguiano

Père Moïse Tinguiano, Curé de la paroisse Taouyah

Comme annoncé précédemment, les autorités guinéennes ont ordonné cette semaine la réouverture des lieux de culte (mosquées et églises) sur tout le territoire national. Cette décision –intervenue après plus de cinq mois de fermeture- a été hautement saluée par la population. Déjà, les fidèles musulmans ont repris le chemin des mosquées hier, vendredi. Et, demain, dimanche 6 septembre 2020, les fidèles chrétiens vont célébrer leur première messe en public, dans les différentes églises du pays. C’est pourquoi, à la paroisse « Saint Augustin » de Taouyah, des dispositions sont en train d’être prises pour accueillir les fidèles et faire respecter les mesures-barrières sanitaires.

Interrogé hier par un reporter de Guineematin.com, le Père Moïse Tinguiano, Curé de la paroisse « Saint Augustin » de Taouyah, a indiqué que cette réouverture des églises procure à la fois un sentiment de joie et de peur pour les fidèles chrétiens.

Père Moïse Tinguiano, Curé de la paroisse Taouyah

« Comme vous le savez, c’est une souffrance pour les religieux d’être éloignés de leur lieu de culte. C’est vrai qu’on nous a proposé de prier chez nous à la maison ; mais, on forme une communauté. Donc, on prie ensemble et on fait tout ensemble. Comme on le dit chez nous, en Afrique, un seul doigt ne peut pas soulever un brin d’allumette. Quand on a un problème, c’est de prier ensemble et trouver des solutions ensemble. Nous étions éloignés de nos églises et de nos mosquées ; et, maintenant, nous nous retrouvons. C’est un sentiment de joie et de peur pour les uns et les autres, de pouvoir prier ensemble pour demander pardon au seigneur pour ce qui est arrivé ; mais aussi demander le secours de Dieu pour pouvoir nous épargner de cette pandémie-là. C’est un sentiment de peur parce que nous nous retrouvons avec des gens avec lesquels on s’est séparé depuis près de 6 mois ; et, dont on ne connait pas la provenance, ni l’état dans lequel ils se trouvent actuellement. Donc, tout cela nous pousse à la méfiance. Mais, comme nous sommes des croyants, au-delà de ce que nous allons faire comme efforts, nous comptons aussi sur l’assistance du seigneur dans notre protection », a indiqué Père Moïse Tinguiano.

Pour atténuer la « peur » et préserver la santé des fidèles, le respect des mesures de prévention contre la COVID-19 est obligatoire pour chaque fidèle qui ralliera la paroisse « Saint Augustin » de Taouyah.

« Comme le disent les uns et les autres, il faut savoir vivre avec cette pandémie… Déjà, le 15 août dernier, on a reçu l’autorisation pour la réouverture lors de la fête de l’assomption. Donc ce sont les mêmes mesures que nous allons mettre en place chez nous dès ce dimanche 6 septembre. Nous avons des kits que nous allons placés à l’entrée de l’église et nous avons des jeunes qu’on appelle chez nous ici les scoutes qui sont là à mettre de l’ordre dans la paroisse et qui contrôle ceux qui ont le masque ou non. Comme on a un lot de masques à notre disposition, on va les distribuer à ceux qui viendraient sans masque. Parce que personne ne sera permis de franchir les portes de l’église sans masque. Se laver les mains avant d’entrée dans la cour est obligatoirement et prendre la température de tous les fidèles chrétiens avec les 5 thermoflaschs qu’on a avec bien sûr le concours des jeunes scoutes », assure le Père Moïse Tinguiano.

Pour le curé de la paroisse « Saint Augustin » de Taouyah, la prudence doit être de mise avec cette réouverture des lieux de culte. Car, dit-il, la pandémie de COVID-19 est encore dans nos murs. « C’est vrai que c’est une joie immense le fait de se retrouver, mais que cette joie aussi ne nous conduise pas à nous comporter très mal vis-à-vis des uns et des autres. Et, pour permettre aux uns et aux autres de participer à cette célébration-là, d’habitude on avait deux messes, mais à cause de cette pandémie on n’aura cinq messes maintenant pour permettre à chaque fidèle de venir librement s’asseoir sans se bousculer. On n’aura une messe le samedi soir qu’on appelle ‘’anticiper’’ où il y aura peu de personnes. Le dimanche matin à 7h, on n’aura une messe qui sera faite en anglais, à 8 heures 30′ une autre en français, à 10 heures 30′ une autre en français et plus tard le soir à 17 heures ce sera la derrière », a dit le curé Père Moïse Tinguiano.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tél. : 626-66-29-27

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