Rentrée du Groupe Hadafo médias, les démissions, l’arrivée de Djoma… Lamine Guirassy à cœur ouvert

Lamine Guirassy, PDG du groupe Hadafo Médias
Lamine Guirassy, PDG du groupe Hadafo Médias

A la veille de la rentrée du groupe Hadafo médias pour sa treizième saison, Lamine Guirassy, le PDG du groupe, a accordé une interview à Guineematin. Le journaliste s’est confié à cœur ouvert sur les préparatifs de cette nouvelle saison, les démissions enregistrées par son entreprise, et bien sûr, la concurrence du groupe Djoma médias. Le turbo, comme le surnomment ses admirateurs, affiche sérénité et confiance.

Décryptage !

Guineematin.com : la saison 13 du groupe Hadafo médias démarre ce lundi, 7 septembre 2020. Comment est-ce que se préparé cette rentrée ?

Lamine Guirassy : je dirais d’abord que c’est une rentrée majestueuse, une rentrée plein de sens qui se prépare. Cette rentrée se prépare dans de très bonnes conditions. Je pense que c’est une année charnière, parce qu’elle intervient dans une période électorale. Nous comptons nous battre pour faire en sorte que nous produisions ce que les auditeurs et les téléspectateurs veulent. Parce que pour nous, cela est très important. Donc, beaucoup d’émissions vont faire leur apparition dans la grille des programmes de la radio Espace, tout comme à la télévision. Dans l’ensemble, cette rentrée se prépare dans la sérénité, et on est prêts à donner le ton lundi, dès 4 heures 45 minutes.

Guineematin.com : quelles sont les nouveautés auxquelles les auditeurs et téléspectateurs d’Espace doivent s’attendre ?

Lamine Guirassy : il y aura beaucoup de nouveautés cette année. On pouvait s’attendre à tout sauf que les gens puissent trouver des politiques reconvertis en animateurs radio. C’est ce que nous avons essayé de faire cette année avec Ahmed Kourouma, qui a émis le souhait de rejoindre le groupe il y a deux ans de cela. Mais pour moi, le moment n’était pas encore venu. Cette année, on s’est dit pourquoi pas ne pas lui donner cette occasion, cette possibilité non seulement d’être chroniqueur des Grandes Gueules, mais aussi avoir sa propre émission à l’antenne. C’est une émission que nous avons envie de réveiller puisque l’émission était dans la grille des programmes. Elle était animée par le feu doyen Yéro Condé, qui a été directeur des opérations à la CENI. Parce que nous sommes dans une période électorale, donc les téléspectateurs et les auditeurs ont envie de savoir qu’est-ce que Hadafo peut leur donner de mieux, politiquement parlant.

Guineematin.com : cette rentrée que vous appelez majestueuse, intervient pourtant à un moment où Hadafo médias enregistre une vague de départs : près d’une dizaine de journalistes et animateurs ont démissionné en l’espace de quelques semaines. Comment vous vivez cette situation ?

Lamine Guirassy : c’est vrai que ce qui s’est passé cette saison est une première. On vit ça avec beaucoup de recul. On essaie de prendre ça dans le bon sens. Parce que c’est comme dans le football : quand il y a des nouveaux qui arrivent, on veut essayer d’aller voir ce qui se passe là-bas. Donc, on le prend avec beaucoup de sérénité, surtout qu’on était déjà préparé à cela depuis l’année dernière.

Guineematin.com : qu’est-ce que vous avez prévu pour combler le vide laissé par ces départs ?

Lamine Guirassy : il n’y a pas de vide. Hadafo, c’est plus de 200 salariés aujourd’hui : Conakry et l’intérieur du pays. C’est vrai que ça ne fait jamais plaisir de perdre un journaliste, mais malgré tout, on garde le cap. Maintenant que les choses sont passées comme on le voit, on se dit que garder le cap avec ce qu’on a et surtout renforcer les capacités de nos journalistes et nos techniciens. Parce que pour nous, si on est là où nous sommes, c’est grâce à ces journalistes et techniciens.

Guineematin.com : êtes-vous sûr de pouvoir garder le cap avec la concurrence annoncée de Djoma médias et d’autres ?

Lamine Guirassy : il n’y a pas de concurrence. Vous savez, ça se passe dans la tête des gens. Nous, ça fait 13 ans que nous existons en Guinée. Ce n’est pas pour minimiser qui que ça soit, mais je pense que c’est juste dans la tête des gens qui aiment le buzz. Je le disais tantôt, le promoteur de ce média (Djoma), Sylla Kabinet, dit Bill Gates, c’est un frère comme tous les autres promoteurs de médias en Guinée d’ailleurs. Pour moi, il n’y a pas de compétition en fait, il n’y a pas de concurrence entre Hadafo médias et ce média. Donc, je disais tantôt que c’est de la complémentarité.

Guineematin.com : certains pensent pourtant que Djoma médias a été créé pour faire tomber Hadafo médias.

Lamine Guirassy : c’est le même discours que j’entends chaque fois qu’un média naît en Guinée. Je ne vais pas me focaliser sur ça. Pour moi, l’essentiel, c’est d’écouter nos auditeurs. Si nous sommes numéro 1 pendant 10 ans, c’est parce qu’on a su chaque année nous réinventer, s’adapter. Et, c’est ce que nous essayons de faire avec Hadafo médias. Moi, je ne suis pas commerçant. Ce que je sais faire, c’est le journalisme. Ce que je sais faire, c’est la radio, c’est la télévision.

Je pense que nous avons démontré aux Guinéens, en 10 ans, ce que nous sommes capables de faire. C’est d’ailleurs ce qui a permis d’avoir cette possibilité d’avoir Espace Dakar. Si tout va bien en tout cas, d’ici la fin de l’année, nous allons avoir notre fréquence, pour radio Espace Sénégal. Parce que pour nous, c’est une fierté d’exporter une marque guinéenne, un savoir-faire guinéen sur le continent.

Guineematin.com : même si vous dites qu’il n’y a pas de concurrence entre vous et Djoma médias, on constate que ce groupe a démarré quand même avec force en misant beaucoup sur l’argent. Sincèrement, est-ce que cela ne vous inquiète pas ?

Lamine Guirassy : nous, nous n’avons pas à miser sur les billets de banque. Je pense que quand on est passionné, on peut déplacer des montagnes. Je peux comprendre qu’il y a des besoins. Un journaliste, c’est aussi un père de famille ou une mère de famille, il y a des besoins et tout ce qu’il y a autour. Mais, aller sur des surenchères et tout ce qu’il y a autour, je ne fonctionne pas comme ça. Et, heureusement que je dirige mon média moi-même, je suis à l’antenne. Vous allez tout entendre en Guinée ; mais, personne ne peut dire que Lamine Guirassy exploite les journalistes, parce que je suis le premier à être là, à 4 heures du matin, et le dernier à rentrer, à minuit.

Donc, je pense que l’opinion a compris un peu ce qui est en train de se jouer. Je le dis parce que certains se disent c’est maintenant ou jamais ; d’autres disent que j’ai un plan de carrière que je dois défendre et qu’il faut que je continue à lancer ce que j’ai commencé. Nous, on n’a pas de rédaction sous contrôle ; et ça, c’est très important. Personne ne peut dire que je m’invite dans des émissions à la radio ou à la télévision pour essayer d’imposer des choses. Je pense que la différence que nous avons créée en 10 ans, c’est évidemment libérer la parole. Cette liberté de ton où tout le monde peut parler, où tout le monde peut s’exprimer. Et même si cela déplaît à certains.

Guineematin.com : c’est la fin de cet entretien, avez-vous un dernier mot ?

Lamine Guirassy : mon dernier mot s’adresse d’abord aux lecteurs de Guineematin.com, parce que chaque année, Guineematin.com est là et on donne des exclusivités parce que c’est un site de référence.

Evidemment, ce qu’on a à dire à nos auditeurs et téléspectateurs, c’est de nous faire confiance comme ils l’ont toujours fait d’ailleurs depuis plus de 10 ans. Quand on prend la part du marché aujourd’hui, il y a 88% de la population guinéenne qui fait confiance à la radio Espace ; 45% à la télévision. C’est une première dans la sous-région qu’une télévision privée puisse dépasser la télévision d’Etat. Je pense que cela est dû à la bonne information que nous donnons aux auditeurs et aux téléspectateurs.

Nous leur disons aussi que cette année est une année assez complexe, parce que tout simplement il y a la présidentielle, et que de ce fait, nous allons vraiment mettre les bouchées double pour les informer professionnellement. Je le dis parce qu’aujourd’hui, les politiques se mêlent dans les médias. Il faut faire attention parce que c’est une manière de détourner l’actualité. Donc, si on n’est pas intelligent, on peut se faire du mal. Et, je pense que beaucoup ont compris ; et l’heure est à l’union. Je le dis chaque fois, chaque année. Encore une fois, merci d’être passé cette année, et bonne rentrée à tous.

Interview réalisée par Ibrahima Sory Diallo et Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

Facebook Comments Box