Guillaume Hawing sur la présidentielle : « si tu es déjà battu sur le fichier électoral, comment pourrais-tu vaincre dans les urnes ? »

Guillaume Hawing, président de l’alliance démocratique de Guinée (ADG)
Guillaume Hawing, président de l’alliance démocratique de Guinée (ADG)

Alors que certains partis politiques de l’opposition guinéenne comme l’UFDG ont décidé d’aller à la présidentielle du 18 octobre prochain, l’alliance démocratique de Guinée (ADG) a fait un autre choix. Dans un entretien accordé à Guineematin.com, Guillaume Hawing, le président cette formation politique, a déclaré que son parti ne participera pas à cette échéance électorale.

« J’avoue honnêtement que nous étions un parti politique prêt à aller aux élections présidentielles. Mais, il y avait des préalables. Nous avions dit que nous ne pouvons aller aux élections présidentielles avec ce fichier électoral, avec la nouvelle constitution ou quand Alpha Condé est candidat à un troisième mandat. Et, aujourd’hui, Alpha Condé a dit haut et fort qu’il sera candidat à la présidentielle de 2020… Donc, nous n’irons pas à ces élections », a-t-il déclaré.

Pour l’alliance démocratique de Guinée (ADG), qui ne jure que par la démocratie et l’alternance, l’urgence pour les guinéens est de se questionner sur ce qui est devenu celui qui s’était autoproclamé Mandela de la Guinée. « Alpha Condé est le plus vieux président que le peuple de Guinée ait connu dans son histoire. Alpha Condé est ce président qui a promis aux guinéens, au mois d’Avril 2016, qu’il ne fera jamais un troisième mandat. Il s’est même autoproclamé être le Mandela de la Guinée. Si, aujourd’hui, c’est ce même Alpha Condé qui décide de changer la constitution, il y a lieu de se poser la question : qui est réellement Alpha Condé ? Parce qu’un homme est égal à sa parole… Je dis à Alpha Condé, comparez deux régimes, deux nations, c’est fausser l’histoire. A chaque génération sa vision, ses ambitions, ses objectifs », a indiqué Guillaume Hawing.

Selon le président de l’ADG, les chefs d’Etat sont toujours champions dans l’art de se cantonner au pouvoir. Cependant, il demande à Alpha condé d’arrêter de respecter sa parole et d’arrêter cette histoire de troisième mandat.

« Les présidents africains attendent toujours qu’ils aient l’armée en poche, qu’ils aient une force de frappe très puissante, ils changent la constitution, avant de se prononcer en faveur d’un éventuel troisième mandat. Si quelque chose peut être synonyme à la trahison, c’est bien ça. En tout cas, moi, je qualifie ça de haute trahison du peuple. Et, croyez-moi, un peuple ne pardonne jamais la trahison. Quand tu trahis le peuple, d’une manière ou d’une autre, il te répondra… Aujourd’hui, cet Alpha Condé imperturbable que nous avons connu dans le passé, qui a séduit les guinéens, n’est pas le même. Alpha Condé aime trop le pouvoir ; et, ce n’est pas bon. Si tu ne choisis pas de faire le choix, le choix se fera sans toi. Aujourd’hui, Alpha Condé doit comprendre qu’à un moment donné de l’histoire, il faut savoir s’arrêter. En un claquement de doigt, tout peut changer. Nous disons au professeur Alpha Condé d’arrêter avec cette histoire de troisième mandat », a insisté Guillaume Hawing.

Selon le président de l’ADG, participer au scrutin présidentiel du 18 octobre, dans les conditions actuelles, c’est aussi légitimer la nouvelle constitution, pourtant décriée et dénoncée par l’opposition guinéenne.

« Alpha Condé n’est plus légitime, la nouvelle constitution n’est pas légitime. Accepter d’aller aux élections présidentielles, c’est légitimer cette nouvelle constitution. Le FNDC (Front national pour la défense de la constitution) et l’opposition politique se sont toujours opposés à cette nouvelle constitution. Cette opposition a toujours dénoncé ce fichier électoral. Donc, accepter d’aller à ces élections, c’est comme si on te demande de tirer sept (7) boules blanches dans une urne qui ne contient que cinq (5) boules blanches. Si tu es déjà battu sur le fichier électoral, comment pourrais-tu vaincre dans les urnes ? Il faut que l’opposition refuse de toujours se faire berner par le pouvoir », a demandé Guillaume Hawing dans cet entretien dont vous aurez l’intégralité dans les heures qui suivent.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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