Comme annoncé précédemment, les résultats du brevet d’étude du premier cycle (BEPC) ont été rendus publics le weekend en Guinée. Et, sur le plan national, ces résultats sont catastrophiques. Sur 134345 candidats, seuls 47814 ont été déclarés admis à cet examen ; soit un taux de réussite de 39,59%.
Interrogé ce lundi, 14 septembre 2020, par un reporter de Guineematin.com, Michel Pépé Balamou, le secrétaire général du syndicat national de l’éducation (SNE), a exprimé toute sa déception face à ces « résultats médiocres ». Cet acteur du système éducatif guinéen demande qu’on repense l’éducation guinéenne avant que les enfants (les élèves) ne commencent à demander des comptes. Car, assure-t-il, nos élèves sont victimes d’un système d’enseignement général et de conditions sociales dont les coupables sont les acteurs de l’éducation (syndicats, le pouvoir public, parents d’élèves, société civile).
« C’est avec une grande déception que nous avons été saisis du taux de pourcentage du brevet d’étude du premier cycle BEPC session 2020. Le pourcentage est celui qui est conforme au pourcentage des différents examens au niveau du BEPC. Parce que quand vous prenez par exemple les résultats des dix dernières années, vous vous rendrez compte que c’est presque qu’une évolution en dent de scie. Par exemple en 2011, on n’était à 21,03% ; en 2013 on n’était à 40,17% ; en 2014 on a eu 44,51% ; en 2015 on s’est retrouvé avec 35, 75% ; en 2016 on a eu 53,08% ; en 2017 c’était 36,70% ; en 2019 passée on n’était à 44,11% et cette fois en 2020 on tombe à 35,59%. C’est pourquoi, quand vous faites l’analyse, vous verrez que la courbe évolutive évolue en dents de Scie. Quand vous prenez de 2011 à nos jours, ce n’est qu’en 2016 qu’on a eu le plus grand pourcentage de 58,8%. Cela veut dire que les résultats du BEPC sont assez médiocres ces dix dernières années. Il va falloir que nous revoyions notre système éducatif. Puisque nos élèves sont victimes d’un système d’enseignement général et de conditions sociales que nous, parents d’élèves, syndicat, pouvoir public, société civile, sommes coupables. Si on ne prend pas garde, les enfants vont nous demander les comptes et ça devient une honte. Ces résultats montrent que l’école guinéenne n’est pas au pied de sa forme et il va falloir faire des reformes en profondeur », a indiqué Michel Pépé Balamou.
Pour le secrétaire général du syndicat national de l’éducation, le système éducatif guinéen souffre d’un ensemble de maux dont la « politisation à outrance » qui conduit à des « nominations fantaisistes » de cadres.
« C’est seulement 13% du budget national qui est alloué à l’éducation, alors que la standard sous régionale c’est entre 25 et 40%. Il y a aujourd’hui des enseignants qui n’ont pratiquement pas de niveau. Et, aujourd’hui, beaucoup sont dans la corporation pas par vocation, mais par accident, en attendant de trouver mieux ailleurs. Quand les gens comme ça sont intégrés à la fonction publique, l’État ne les forme pas, les responsabilités sont partagées. Il y a aussi des parents d’élève qui ont complètement démissionné de leur responsabilité. Nous avons ce qu’on appelle la politisation à outrance de l’éducation avec des nominations fantaisistes, les hommes politiques qui invitent les enfants à descendre dans la rue… », a dénoncé Michel Pépé Balamou.
Malick Diakité pour Guineematin.com
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