Prorogation de l’état d’urgence : déception et interrogations à Conakry


Ils étaient nombreux à s’attendre à la levée de l’état d’urgence sanitaire hier, mardi 15 septembre 2020, ils ont été désagréablement surpris. Car le président Alpha Condé a décidé de proroger d’un mois encore cette situation exceptionnelle, en vigueur depuis le 26 mars dernier, en raison de la présence de la pandémie du coronavirus dans le pays. Au lendemain de l’annonce de cette décision, plusieurs habitants de Conakry, interrogés par un reporter de Guineematin.com, ont exprimé leur déception. Ils regrettent de constater que les autorités guinéennes sont insensibles à la souffrance des citoyens, notamment en ce qui concerne la cherté des frais de transport.

 

Décryptage !

 

Mohamed Lamine Soumah : « proroger l’état d’urgence sanitaire, ce n’est pas mauvais en soit, parce que ça vise à protéger la santé de la population. Mais, les autorités devaient penser à alléger un peu plus la situation. Par exemple, pour ceux qui ont des lieux de loisirs : des bras, restaurants, motels, on devait les autoriser à reprendre leurs activités, même s’il faut leur imposer certaines restrictions. Si un bar prend normalement 50 personnes, on exige à ce qu’il n’y ait pas plus de 25 à 30 personnes à l’intérieur. Cela leur permettrait de soulager un peu ceux qui vivent de ces activités. Même hier, nous avons vu plein de gens qui nettoyaient leurs bars et restaurants, parce qu’ils pensaient que l’état d’urgence sanitaire allait être levé. Les frais de transport aussi sont très élevés. C’est une situation que les autorités devraient également revoir ».

 

Morlaye Camara : « tout le monde connaît la conjoncture dans laquelle nous vivons actuellement. Pendant que les activités sont paralysées à cause de la pandémie du coronavirus, la vie est devenue plus chère. Les gens ne travaillent pas bien, et ils sont obligés de faire face à des dépenses plus élevées que d’habitude. Je parle notamment des frais de transport, qui ont doublé suite à l’instauration de l’état d’urgence. Donc, le gouvernement devait comprendre la souffrance des citoyens, en réduisant les frais de transport. En plus, il y a de nombreux guinéens qui gagnent leur vie en travaillant la nuit. Avec le couvre-feu en vigueur dans le Grand Conakry, ces gens ont des problèmes à nourrir leurs familles. Donc, c’est vraiment dommage que l’Etat n’ait pas pensé à ces gens, qui sont aussi des Guinéens ».

 

Mamoudou Diallo : « moi, je suis un peu confus par rapport à la prorogation d’un mois encore de l’état d’urgence sanitaire. Parce que l’élection présidentielle est prévue dans un mois, il doit y avoir la campagne avant le jour du scrutin. Je me pose bien la question de savoir comment on peut faire la campagne électorale en période de confinement. En plus de cela, je trouve qu’il est anormal que les autorités ne puissent penser à la souffrance des citoyens par rapport à cherté des frais de transport. Cela fatigue beaucoup les citoyens. C’est comme si nous étions en prison. Notre liberté est confisquée, parce qu’on n’est pas moralement et physiquement libres. C’est vraiment dur ».

 

Mohamed Lamine Kaba : « le président de la République s’est beaucoup battu pour sauvegarder la santé et même la vie de sa population. Mais, ce que nous devons quand même dire au gouvernement, c’est d’alléger un peu la situation. Au jour d’aujourd’hui, les gens souffrent, surtout dans la cadre du transport. Si le gouvernement diminuait le prix du carburant, ça allait encore alléger la situation. C’est tout ce que moi je peux dire, tout en demandant aux gens de respecter les mesures barrières. Parce que Dieu lui-même a dit de se prémunir contre une maladie. Nous devons tous nous battre pour chasser la maladie de notre pays ».

 

Propos recueillis par Mohamed DORÉ pour Guineematin.com

Tel: +224 622 07 93 59

Facebook Comments Box