Cherté des frais de transport due à l’état d’urgence : la galère des étudiants à Conakry

C’est une période de vache maigre pour les étudiants à Conakry ! Depuis l’apparition de la pandémie de COVID-19 en Guinée, le coût du transport urbain a doublé dans la capitale guinéenne. Au lieu de 1 500 francs par tronçon (prix appliqué avant le coronavirus), les usagers doivent obligatoirement débourser 3 000 francs guinéens pour se déplacer. Et, cela est dû à la distanciation sociale imposée par les autorités dans les taxis pour limiter la propagation du coronavirus à Conakry. La situation est une véritable saignée financière pour les pauvres étudiants qui peinent à joindre les deux bouts.

Avec la reprise des cours au niveau des « classes intermédiaires », cette mesure de prévention contre le coronavirus est devenue un lourd fardeau sur les frêles épaules des élèves et étudiants de Conakry. Pour rallier les différents temples du savoir de la capitale guinéenne, ces jeunes doivent traire fort leurs maigres poches. La hausse du coût du transport épuise leurs économiques.

A l’université Général Lansana Conté de Sonfonia, on apprend que certains étudiants manquent certains cours à cause du poids écrasant du transport.

Fodé Mamoudou Touré, étudiant en sciences économiques

« Actuellement, nous souffrons beaucoup pour le déplacement. Ce qu’on gagne avec les pécules est peu. Avant la reprise des cours, ils nous avaient programmés pour les pécules ; mais, ce n’est pas encore donné. Vraiment, c’est quelque chose qui nous fatigue trop. Il y a certains qui ne viennent même pas parce qu’ils manquent d’argent pour le transport. Ils ont parlé du respect des distanciations sociales ; mais, rentrez dans les classes, vous verrez que c’est catastrophique », a confié Fodé Mamoudou Touré, un étudiant en sciences économie.

Etudiant en licence 1, Edouard Kamano a trois jours de cours par semaine au département des sciences, comptabilité. Il habite à trois tronçons de l’université de Sonfonia. Et, son budget en souffre actuellement.

Édouard Kamano, étudiant en licence 1

« Présentement, je quitte le quartier Kipé pour venir étudier à l’université Sonfonia. Au préalable, je payais 9 000 par jour ; et, je venais trois fois par semaine. Ce qui me faisait une dépense de 27 000 par semaine. Mais, le transport a maintenant doublé. Je paie 18 000 par jour, à l’aller comme au retour. Je viens aussi 3 fois par semaine. Ce qui me fait 54 000 par semaine. Il y a de ces jours où on nous programme pour des cours de rattrapage. Si cela trouve que tu n’as pas de transport pour venir, tu vas perdre ce cours. Donc, ça, c’est vraiment difficile pour nous. L’État n’a qu’à revoir notre situation. Nous étudions dans des conditions difficiles », se lamente Édouard Kamano.

Des difficultés liées au transport, Mambi Keïta en connait énormément. Cet étudiant en droit dépense jusqu’à 120 mille par semaine pour faire la navette entre son domicile et l’université de Sonfonia. Et, cette situation épuise actuellement ses faibles économies.

Mambi Keïta, étudiant en droit

« De nos jours, les étudiants rencontrent beaucoup de difficultés. Les difficultés sont non seulement les liées au transport mais aussi au manger. Parce que certains d’entre-nous quittent Coyah, Dubréka, Kaloum, ainsi de suite. Quand je prends l’exemple sur moi-même, des fois, c’est difficile d’avoir à manger. J’habite le quartier Carrière à Dixinn. Avant cette pandémie, je payais 20 000 par jour pour le transport aller-retour. Ce qui me faisait 60 000 pour les trois jours par semaine. Mais, maintenant, je paye 40 000 par jour ; et, imaginez 40 000 multiplier par 3, ça va faire 120 000 francs par semaine. Nous demandons au gouvernement de faciliter le transport pour nous les étudiants », sollicite Mambi Keïta.

En vigueur depuis le 26 mars dernier, l’état d’urgence sanitaire a été encore prorogé pour un mois le mardi dernier, 15 septembre 2020, par une ordonnance du président Alpha Condé.

 

Mohamed Doré pour Guineematin.com

Tél. : +224 622 07 93 59

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