En plus des 157 personnes tuées, des blessés et des femmes violées lors du massacre du 28 septembre 2009, de nombreuses autres personnes sont aussi portées disparues depuis ce jour. 11 ans après ces tragiques événements, les familles des disparus réclament les fosses communes où sont enterrés leurs parents. C’est ce que Mamadou Baïlo Bah, le président de l’association des familles des disparus a demandé aux autorités guinéennes, à l’occasion d’un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com ce lundi, 28 septembre 2020.
« Aujourd’hui, cela fait 11 ans depuis que ces événements ont eu lieu. C’est une atrocité de trop, et c’est vraiment injuste. Si vous regardez l’état d’avancement de la procédure judiciaire, nous n’avons pas encore obtenu justice. Cette lenteur continue de fragiliser les victimes et leurs familles, au bénéfice des bourreaux. 11 ans déjà c’est trop, c’est vraiment une situation difficile parce qu’aujourd’hui les victimes vivent dans la plus grande précarité. D’autres ne sont pas soutenus de façon psychologique et sanitaire.
Il y a des centaines voire des milliers d’orphelins qui n’ont pas eu la chance d’être scolarisés. Ils sont laissés pour compte. Parmi les victimes, il y a des femmes qui sont atteintes du VIH/SIDA et elles n’ont aucune assistance. Personnellement, je n’ai pas des nouvelles de mon père depuis le 28 septembre 2009. Toute la famille ne sait pas où il a été enterré. C’est pourquoi, on s’est engagés dans le combat au niveau de l’association des familles des victimes. Au-delà de la justice, où il doit y avoir la manifestation de la vérité, nous réclamons les charniers.
Il faut que l’Etat arrive à mettre en place une stratégie allant dans le sens de la mise à contribution d’une expertise internationale pour l’identification de ces fosses communes pour que les victimes soient traitées conformément aux principes religieux de notre pays. Au sein de notre association, il y a des centaines de familles qui ne connaissent pas là où se trouvent ces fosses communes. Selon nos informations, plusieurs corps ont été jetés en haute mer, d’autres dans des fosses communes à Conakry et à ses environs. Nous réclamons la lumière sur cette situation », a-t-il lancé.
Parlant du cas personnel de son père (Mamadou Aliou Bah, originaire Tangaly, dans la préfecture de Tougué), Mamadou Baïlo Bah rappelle qu’il avait laissé derrière lui 2 veuves et 9 enfants. « Notre père a disparu dans des conditions très difficiles, et nous sommes laissés pour compte. Mais, par la grâce de Dieu, nous continuerons le combat. Nous réclamons à l’Etat le respect strict du statut des victimes, la manifestation de la vérité, les garanties judiciaires, une indemnisation provisoire des victimes et une réforme au niveau de nos institutions pour qu’il n’y ait plus jamais ça dans notre pays », a dit le président de l’association des familles des disparus du 28 septembre 2009.
Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com
Tél : 622 68 00 41