Cellou Dalein Diallo : un nom, un prénom

Cellou Dalein Diallo, président et candidat de l’UFDG à l’élection présidentielle du 18 octobre 2020

Par Amadou Diouldé Diallo, journaliste et historien : C’est l’histoire fabuleuse d’un fils né de l’union entre le Séléyanké Saïkou Amadou Tidiane et la iloyanké Nénan Oumou Diallo à Dalein Kolla, dans la préfecture de Labé. Celui qu’on prénomma Thierno Mamadou Cellou y est venu au monde en février 1952 et fut envoyé à 6 ans à l’école coranique chez un grand maître non loin de Dalein avec l’assurance de son père qu’il serait l’héritier de son arrière grand père, le Waliou Thierno Sadou mo Dalein.

Mais, la visite d’un grand chérif chez Saïkou Amadou Tidiane et les recommandations prémonitoires de ce dernier vont faire basculer le destin du jeune désormais inscrit à la toute nouvelle école française du village de Dalein.

Nous sommes en 1959 et monsieur Aliou Gaoual reçoit le jeune élève en première année. Parallèlement, Cellou Dalein va poursuivre ses études coraniques sur les braises ardentes du « dudhal » sous l’œil attentif de son père qui incarne à la fois le spirituel et le temporel dans ce village fondé par son père Mama Ibrahima Bano, un des 6 garçons de Nénan Aïssata Ngniré, l’aînée des 8 enfants de Thierno Mamadou Cellou, dit Karamoko Alpha Mo Labé.

La suite, on la connaît. Etudes secondaires à Labé, universitaire à Conakry, suivies d’une riche carrière administrative qui débuta à l’ERC (entreprise régionale de commerce) de Faranah pour se poursuivre à Sercom, la banque centrale, les grands projets et le gouvernement pendant onze bonnes années à des postes stratégiques pour finir Premier ministre avec l’estime paternelle du général Lansana Conté et la confiance des bailleurs de fonds.

C’est au terme de ce brillant et enviable parcours que Cellou Dalein décida de s’engager en politique avec les bénédictions de son père spirituel, le général Lansana Conté, et le parrainage du doyen Bâ Mamadou qui le porta à la tête de l’UFDG.

Plus de dix ans après ce choix, Cellou Dalein n’a pas déçu tous ceux qui avaient salué la reconversion de l’excellent technocrate en un véritable animal politique dont le prestige et la popularité l’installent durablement dans les cœurs des Guinéens.

Victime à plusieurs reprises de fraudes lors des consultations électorales, Cellou Dalein Diallo a toujours prôné la paix et la non violence pour éviter au pays les affres de l’instabilité politique et du désordre économique et social. Ce qui à mes yeux ne saurait surprendre car quand par son ascendance on a le pouvoir dans le sang on ne fait pas de son exercice même au plus haut sommet de l’Etat une obsession au prix des vies de ses compatriotes.

La raison profonde de la retenue et de la patience de Cellou Dalein Diallo qui possède un électorat captif dont la seule vue mobilise des foules compactes denses et immenses, est à trouver dans sa ferveur islamique et religieuse de descendant de la plus prestigieuse famille maraboutique du Fouta Djallon. Notez bien que les Walious Thierno Mamadou Samba Mombéya et Thierno Boubacar Poti Lougoudhi Lélouma sont des cousins germains de Thierno Sadou mo Dalein.

Cellou Dalein Diallo est bien issu de ces foyers incandescents de l’islam dont la culture les valeurs et les vertus se perpétuent à travers les siècles et les générations.

Interrogeons plutôt l’histoire et rapportons ses faits dans leur trame avec un vernis de légende.

Saïkou Aldiouma ibn ilo. ilo est le père de Saïkou Aldiouma et petit fils de Bodhewal (3ème fils) de l’arabe Ougbata Boun Nafsi et de la princesse peule Madioumaou. Bodhewal vient après Aribou (Bah) et Wane (Sow) et avant Daatu (Barry), les 4 garçons du couple.

Saïkou Aldiouma ibn ilo fut l’un des premiers peuls islamisés à s’installer au Fouta Djallon, à Pitadji, dans le Labé précisément. Il eut pour fils Aldiouma, dit « Mawnde » qui mourut à Sombili dans Popodara.

Aldiouma donna naissance à Boukari, père de Ndiobo et de Kalidou, père de Abdoulaye, père de Mamadou Saliou, dit « Abou Saliou », qui eut pour fils Thierno Mamadou Cellou, dit Karamoko Alpha Mo Labé, père de Mama Aïssata Ngniré qui épousa Mama Doulla. De leur union, naquirent 6 garçons dont Ibrahima Bano, le père du Waliou Thierno Sadou mo Dalein, père de Thierno Saliou Dioulnoyo, qui trouva la mort avec un de ses frères dans la bataille de Fitaba, près de Marela contre les Houbbous en 1883.

Thierno Saliou Dioulnoyo eut pour fils Thierno Diawo, père de Saïkou Amadou Tidiane, qui eut pour fils le président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo.

Au décompte, Cellou Dalein a 13 de son ascendance qui reposent dans son village et dans le grand Diwal de Labé. Il n’est donc pas un guinéen d’occasion ou de photocopie, encore moins une mangue greffée. C’est un guinéen dans toutes ses fibres et sous toutes ses coutures, qui est un rassembleur de tous les fils de la Guinée dont il connaît la géographie et l’histoire, la sociologie et la culture.

Comme par exemple le soutien massif de l’Almamy Samory Touré aux Almamys du Fouta face au péril que constituait la dissidence des Houbbous, le perfectionnement de la culture islamique du premier Almamy du Fouta théocratique Alpha Ibrahima Sambegou Barry, dit Karamoko Alpha Mo Timbo chez les marabouts de Kankan.

A l’inverse, certains d’entre eux comme Alpha Kabiné Kaba se rendirent à Timbo et de retour chez eux ils donnèrent le nom Timbo à leur quartier, en plein centre de Kankan. Et que dire des liens étroits qui existèrent entre Cheick Fantamady Chérif de Kankan et Thierno Aliou Bhoubha Ndiyan de Labé, ainsi que plusieurs autres faits de gloire partagés entre le Fouta et la savane, élargis à la Basse Guinée et à la Guinée forestière. Ce sont ces liens riches d’alliances et d’échanges mutuels qui fondent la nation guinéenne que Cellou Dalein Diallo entend consolider après une dizaine d’années de destruction du tissu social et du meilleur vivre ensemble.

Amadou Diouldé Diallo, journaliste –historien

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