Conflit domanial à Conakry : KPC a perdu son procès contre 13 anciens travailleurs de Lansana Conté

Le procès de 13 « volontaires de Lansana Conté » (des personnes qui travaillaient pour l’ancien président de la Guinée) a pris fin hier, mercredi 14 octobre 2020, à Conakry. Le tribunal de première instance de Dixinn a déclaré tous les prévenus non coupables et ordonné leur libération, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

 

C’est en fin septembre dernier que ces citoyens ont été interpellés suite à un conflit domanial les opposant à Kerfalla Personne Camara (KPC). Selon nos informations, ce sont des agents d’une société de sécurité privée travaillant pour le richissime homme d’affaires guinéen qui sont partis dire aux 13 « volontaires de Lansana Conté » de libérer le domaine qu’ils occupent dans le quartier Lambanyi, qui aurait été racheté par KPC.

 

C’est suite à cette visite que Mouloukou Souleymane Camara, le responsable des agents qui sont allés sur le terrain, a porté plainte contre les occupants du domaine, les accusant d’injures, de menaces, de violences et de voie de fait. C’est ainsi que les 13 mis en cause ont été interpellés par la gendarmerie avant d’être placés sous mandat de dépôt le 28 septembre 2020.

 

Devant le tribunal, les prévenus ont tous nié les faits mis à leur charge. Leur chef, Issa Soumah, assure qu’ils n’ont jamais insulté ni menacé quelqu’un dans cette affaire. « Je n’ai insulté personne, je n’ai menacé personne. Le nommé Mouloukou Souleymane dont vous parlez, je ne le connais même pas. Au contraire, c’est nous qui sommes les victimes. Le domaine sur lequel on nous a arrêtés, c’est le fils du feu Général Lansana Conté, Ousmane Conté, qui nous l’a donné, en guise de récompense pour le service rendu à son père.

 

Il nous a dit :  »prenez ce domaine vous aussi, parce vous avez beaucoup fait pour mon papa ». Depuis l’an 2000, nous sommes sur ce domaine. C’est récemment que les bodyguards de KPC sont venus nous dire que KPC a acheté notre domaine. Ils nous ont dit de quitter les lieux, mais nous avons refusé. C’est ainsi qu’on nous a arrêtés un jour à 20 heures. On nous a envoyés à la gendarmerie. Quelques jours après, on nous a libérés. Quand on a été libérés, on est revenus encore sur les lieux.

 

Après, un certain Barry’s, représentant des bodyguards de KPC, est venu nous dire encore de quitter les lieux. On lui a dit que le domaine où nous sommes nous appartient. Quand il a quitté, 2 heures après, des gendarmes sont venus nous arrêter et nous envoyer à la gendarmerie. C’est ainsi qu’on nous a envoyés à la maison centrale. Ils ont cassé également les hangars qu’on avait érigés sur le domaine », a expliqué Issa Soumah.

De son côté, le plaignant ne s’est jamais présenté au procès pour donner sa version des faits. Il s’est fait représenter par son avocat, maître Facinet Sylla, qui a réclamé la condamnation des prévenus au paiement de 50 millions de francs à titre de dommages et intérêts. « Ces prévenus qui sont devant vous n’ont pas nié leur présence sur les lieux où les faits se sont produits. Ils ont insulté et menacé notre client avec des instruments de travail, notamment une pioche. S’ils ne s’étaient pas rendus sur les lieux, on ne serait pas là aujourd’hui. Nous vous demandons de les retenir dans les liens de culpabilité des faits mis à leur charge. Et nous demandons 50 millions de francs guinéens de dommages et intérêts », a plaidé l’avocat.

 

Une demande à laquelle s’est opposé l’avocat de la défense. Maître Baben Camara a souligné que la partie civile n’a pas apporté des preuves de ses accusations, demandant au tribunal de relaxer les prévenus pour délit non constitué. « Nos clients sont innocents dans cette affaire. Vous avez vu que la partie civile a été incapable de fournir des preuves des faits qu’ils ont mis à la charge de nos clients. Madame la présidente, ces citoyens honnêtes qui sont devant vous ici sont depuis des semaines en prison. Nous vous demandons d’ordonner leur libération », a sollicité l’avocat des prévenus.

 

De son côté, le ministère public a également requis la relaxe des 13 prévenus, faute de preuves contre eux. « Dans cette affaire, la partie civile a dit à l’enquête préliminaire qu’elle a été victime d’injures et de menaces. Mais, devant vous (le tribunal), elle n’a jamais comparu. Aucune preuve ne nous a été fournie par la partie civile qui justifie les faits mis à la charge des prévenus. Sur ce, madame la présidente, le ministère public requiert qu’il vous plaise d’ordonner la relaxe des prévenus devant vous ici pour délit non constitué. En le faisant, vous aurez rendu une saine justice », a dit le procureur.

 

Après son délibéré, le tribunal a relaxé les 13 prévenus pour délit non constitué, ordonnant leur libération.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél: 622910225 / 666919225

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