Appel à une transition civile en Guinée : Jacques Gbonimy dénonce la trahison du combat de l’opposition

Jacques Gbonimy
Jacques Gbonimy, président de l’UPG

Mettre de côté Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo et aller à une transition civile, c’est la solution que préconisent plusieurs membres du FNDC pour sortir de la crise qui secoue la Guinée au lendemain de la présidentielle du 18 octobre 2020, dont les résultats provisoires sont contestés par la plupart des candidats. Une proposition que ne partage pas Jacques Gbonimy, Président de l’Union pour le Progrès de la Guinée (UPG), Premier Vice-Coordinateur de l’Union Nationale pour l’Alternance et la Démocratie (UNAD) et membre de l’Alliance Nationale pour l’Alternance et la Démocratie (ANAD).

Dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com le dimanche dernier, 1er novembre 2020, l’ancien commissaire de la CENI a estimé que le moment n’est pas opportun pour parler d’une transition. Pour lui, il faut plutôt résoudre le contentieux électoral qui est né, selon lui, de la mauvaise gestion de dernière élection présidentielle et la non-reconnaissance de la victoire de Cellou Dalein Diallo au scrutin du 18 octobre 2020.

 

« Nous nous sommes battus pour une alternance apaisée depuis 2019 au sein du FNDC parce que le pays traversait une crise politique. Nous avions voulu empêcher le double scrutin du 22 mars 2019 sans y parvenir. C’est dans cette logique que la dernière élection a été programmée et nous avons décidé d’accompagner le candidat Elhadj Mamadou Cellou Dalein Diallo.

Mais au préalable, il faut rappeler que la Guinée a toujours été un pays des occasions d’alternance ratées par rapport à la succession des civils au pouvoir. En 1984, quand les militaires ont pris le pouvoir, nous avons espéré une transition pour donner le pouvoir aux civils après ; mais, ces militaires ont géré le pays jusqu’à l’adoption d’une loi fondamentale.

 

On aurait dû passer le pouvoir aux civils ; mais, le général Lansana Conté, à l’époque, s’était porté candidat pour continuer à présidé aux destinés de la Guinée. Quand, en 2003, la Guinée devait aller à une alternance après deux mandats, notre loi fondamentale a été changée pour lui accorder un mandat de trop. Il a fallu qu’il décède en décembre 2008 pour voir une seconde fois l’armée revenir aux commandes pour qu’on parle encore de transition. En quelque sorte, c’était une deuxième transition militaire pour sanctionner l’Assemblée nationale périmée de l’époque. À la suite de l’attentat contre le Capitaine Dadis, le général Sékouba Konaté a assumé l’interim pour achever cette transition. À ce niveau, il faut féliciter les militaires parce que suite aux accords de Ouagadougou, ils ont accepté de remettre le pouvoir aux civils de façon démocratique.

 

De nos jours contre la volonté populaire, nous sommes encore rattrapés par notre propre passé toujours incertain. Au lieu d’une alternance bien prévue par la Constitution de 2010, nous sommes encore en train de parler de transition. À quand la dernière transition en Guinée ? En réalité, on aurait pu parler de transition avant l’élection présidentielle du 18 octobre ; mais, à l’étape où il y a eu une élection, quelle que soit la manière d’organiser cette élection avec son cortège d’anomalies et de critiques acerbes, il y a aujourd’hui un candidat qui a une longueur d’avance selon les résultats des urnes même si la CENI a proclamé des résultats contestés par les 10 candidats, la communauté nationale et celle internationale. Nous tombons ainsi dans un contentieux électoral et un litige post-électoral qu’il faut gérer. Il faut que ce contentieux soit vidé. C’est quand il n’y aura pas de suite favorable ou un désaccord profond qu’on pourrait penser à une transition, a répliqué l’opposant.

 

Pour le Président de l’UPG, appeler à une transition dans les conditions actuelles est synonyme de trahison du combat de l’opposition pour une alternance démocratique en Guinée. « Les leaders qui se mettent aujourd’hui à parler de transition, je crois que c’est un manque de solidarité par rapport à cette élection qui s’est passée et par rapport à celui qui a gagné, qui n’est que Mamadou Cellou Dalein Diallo. C’est quand on aura épuisé toutes les voies de recours qu’on pourra parler de transition. Mais à cette étape, parler de transition, pour moi, est une trahison de la mémoire collective de l’opposition, qui a toujours voulu une alternance en République de Guinée à travers les voies démocratiques », soutient Jacques Gbonimy, qui relève une contradiction dans la lutte de certains membres du FNDC.

 

« Il y a déjà une position contradictoire du FNDC. Sinon, dans un combat de ce genre, il ne faut pas se focaliser sur une seule solution. Nous tous, nous avions été du FNDC. C’est quand nous avons décidé d’accompagner le candidat Cellou que nous avons été exclus de toutes les plateformes du FNDC. Nous nous sommes dit qu’on pouvait passer par une transition pour aller à une alternance ou bien passer par les urnes. Et aujourd’hui, à partir des urnes, nous avons une occasion d’alternance. Et si certains s’opposent à cela, c’est que ce sont des intérêts personnels qu’ils visent, parce qu’il y a un des candidats de l’opposition qui est face à l’alternance que nous recherchions depuis 2019 », a estimé l’opposant.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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