Arrestations d’opposants en Guinée : réaction de Me Christophe Labilé Koné, Avocats sans frontières

Me Koné Aimé Christophe Labilé, président de l'ONG avocats sans frontières de Guinée
Me Koné Aimé Christophe Labilé, président de l’ONG avocats sans frontières de Guinée

Comme annoncé précédemment, c’est un sale temps pour les leaders de l’opposition et des acteurs de la société civile en République de Guinée. Depuis quelques jours, beaucoup d’entre eux sont victimes d’une « chasse aux sorcières » orchestrée par le régime d’Alpha Condé à travers le parquet du tribunal de première instance de Dixinn. Cette situation qui intervient dans un contexte de crise postélectorale extrêmement tendue inquiète et révolte le président de l’ONG avocats sans frontières de Guinée.

Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com hier, vendredi 13 novembre 2020, Me Aimé Christophe Labilé Koné a dénoncé un « acharnement ». Cet avocat et défenseur des droits humains assure qu’on est en train de chercher des poux sur des crânes rasés. Le président de l’ONG avocats sans frontières de Guinée dénonce la fanfaronnade et la manière cavalière empruntées par le procureur de Dixinn pour annoncer la machine judiciaire mise à la trousse de certains leaders de l’opposition guinéenne.

« J’ai appris cette procédure par voix de presse. J’ai vu le procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn à la télévision faisant sa parade en disant qu’il y a des personnes qui sont activement recherchées, des personnes contre lesquelles il y avait déjà des mandats d’arrêts qui avaient été émis. C’est surprenant qu’on puisse émettre des mandats d’arrêts contre des personnes qu’on a dit activement recherchées, alors qu’on connait où habitent ces personnes là. J’aurais pu comprendre qu’une convocation soit déposée au domicile de ces personnes, ou à leur lieu de service et qu’elles n’aient pas obtempéré ou qu’on ne les ait pas trouvées sur place. Maintenant qu’on puisse déclencher ce mécanisme afin de les rechercher activement pour qu’ils soient arrêtés partout où ils peuvent se retrouver. Mais, tout porte à croire qu’on est en train de chercher des poux sur des crânes rasés. Sinon, si je prends le cas de Ousmane Gaoual Diallo, de Chérif Bah, de Etienne Soropogui… ce sont des personnes qui s’expriment le plus souvent sur la scène politique. Ce sont des politiciens connus, ils ont des domiciles qui sont connus, ils ont des structures politiques qui sont connues », a indiqué Me Aimé Christophe Labilé Koné.

Pour le président de l’ONG avocats sans frontières de Guinée, les violations des droits de l’homme sont devenues aujourd’hui des principes dans ce pays.

Me Koné Aimé Christophe Labilé, président de l’ONG avocats sans frontières de Guinée

« Ce sont des violations des droits de l’homme. Et, ces violations des droits de l’homme, je peux vous le dire sans risque de me tromper, que ce n’est pas hier que ça a commencé. Ces violations des droits de l’homme sont devenues même les principes en République de Guinée. Parce que ça se fait à longueur de journée. Pourquoi ça se fait ? Je ne peux pas vous le dire, parce que je ne suis pas dans les secrets de ceux qui manipulent. Mais, en tant que défenseur des droits de l’homme, je demande à nos autorités de prendre soin au moins de respecter les dispositions des lois qui sont dans le code. Car, il n’y a pas de vide juridique en Guinée. La Guinée a des beaux textes qui ont de la valeur ; mais, c’est l’application qui nous cause problème », a dénoncé Me Aimé Christophe Labilé Koné.

Mal à l’aise face à cette situation, le président de l’ONG avocats sans frontières de Guinée a regretté ces agissements et demandé aux autorités à ce que les principes de la République soient respectés.

Me Koné Aimé Christophe Labilé, président de l’ONG avocats sans frontières de Guinée

« Avocats sans frontières regrette ces actes. Je crois que quand ces histoires là ont commencé, nous avons à deux reprises fait des conférences de presse à la maison des journalistes à Kipé pour dénoncer cet état de fait, pour demander que les principes soient respectés, qu’on puisse laisser les gens exprimer leurs opinions, parce que cela est dit officiellement dans notre constitution. Pourquoi on voudrait faire taire quelqu’un parce qu’il n’a pas le même point de vue que vous ? (…) Il faut que les uns et les autres acceptent qu’il y ait des débats, qu’il y ait des confrontations d’idées. Sinon, nous devons nous retrouver à la case départ, c’est à dire qu’il faut programmer un Etat militaire ou un Etat policier où il n’y a pas de liberté d’opinion, il n’y a pas liberté de presse. Un Etat dans lequel il n’y a qu’un seul maître qui va dicter aux autres la conduite à tenir. Mais, si on accepte d’être dans un Etat démocratique, il faut qu’on accepte les conséquences qui y sont liées. Donc, nous regrettons amèrement. Encore une fois, nous ne cesserons de le dire, il faut qu’on puisse respecter ce que nous fixons comme règles de conduite. Sans cela, rien ne peut marcher », a insisté Me Aimé Christophe Labilé Koné.

Entretien réalisé par Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel : 620589527/654416922

Facebook Comments Box