Chasse aux opposants en Guinée : Me Emmanuel Bamba condamne les « arrestations arbitraires »

Me Emmanuel Kpana Bamba, président de la Ligue Guinéenne des Droits de l’Homme (LIGUIDHO)
Me Emmanuel Kpana Bamba, président de la Ligue Guinéenne des Droits de l’Homme (LIGUIDHO)

Comme annoncé précédemment, certains leaders de l’opposition guinéenne sont victimes d’un acharnement judiciaire qui a tout l’air d’un règlement de compte politique orchestré par le pouvoir en place dans le pays. Devant cette situation où beaucoup d’observateurs voient une « chasse aux sourcières » à cause surtout de la violation flagrante des règles de procédure, certains dignitaires du régime Condé y trouvent le début de la fin de l’impunité.

Mais, pour le président de la ligue guinéenne des droits de l’Homme (LIGUIDHO), cette lutte contre l’impunité ne doit pas être orientée dans un seul camp (comme c’est le cas actuellement). Il l’a dit lors d’un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com hier, vendredi 13 novembre 2020.

Selon cet avocat au barreau de Guinée et défenseur des droits humains, l’impunité est une réalité cuisante en République de Guinée. Mais, assure-t-il, la lutte contre ce phénomène et les arrestations d’individus vont avec les principes d’un Etat de droit.

« Nous sommes tous unanimes qu’en Guinée, il y a trop d’impunité. Si nous sommes d’accord qu’il y a trop d’impunité en Guinée, il faut alors se placer dans la posture qu’il peut y avoir beaucoup d’arrestations. Cependant, dans un Etat de droit, les arrestations vont avec les principes d’un Etat de droit. Ce que nous nous condamnons à la LIGUIDHO, c’est lorsque l’arrestation est arbitraire. Ce que nous regrettons, c’est lorsque l’arrestation est illégale. C’est-à-dire, pour arrêter un individu, il faut l’avoir au moins convoqué. Si ce sont des individus qui sont domiciliés régulièrement qui sont convoqués, qui n’ont pas l’intention de s’enfuir, ce n’est pas la peine d’aller les cueillir comme des bandits. On ne doit pas arrêter un individu qui n’est pas en état de flagrant délit, c’est-à-dire qu’on ne l’a pas pris en train de voler, de caillasser… Si un agent pénal se rend coupable d’une violation de procédure judiciaire, la loi autorise un citoyen ordinaire qui est à côté de l’arrêter à son tour et le déposer dans un commissariat le plus proche », a expliqué Me Emmanuel Bamba.

Pour le président de la LIGUIDHO, la lutte contre l’impunité (s’il en est une dans la situation actuelle) ne doit pas être dirigée vers un seul camp (l’opposition). Car, rappelle-t-il, chacun est coupable de quelque chose dans ce pays.

« Je dis à l’Etat que nous sommes favorable à la lutte contre l’impunité. Mais, cette lutte doit être menée dans les règles de l’art. Ça ne doit pas être une lutte orientée dans un seul camp. En Guinée comme le disait l’autre, tout le monde est coupable. Donc, que ça soit de la mouvance ou de l’Opposition, nous savons tous qu’il y a des immeubles qui poussent ici. Dès qu’on nomme un individu à la fonction publique, dans les jours à venir, vous allez assister à des chantiers de construction de la personne alors que son salaire est connu de tous. Donc, que ce soit ceux qui ont gouverné hier ou ceux qui gouvernent aujourd’hui, tous ceux-ci sont des suspects en termes de détournement de deniers publics, en termes de corruptions ou infractions assimilées », a précisé Me Emmanuel Bamba.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

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