Les répressions des forces de sécurité contre les pauvres citoyens de la banlieue de Conakry continuent d’engendrer des morts. Thierno Ibrahima Sow qui a été maltraité avant d’être conduit depuis trois semaines maintenant à la maison centrale de Conakry est décédé hier, lundi 16 novembre 2020, à l’hôpital Ignace Deen de Conakry, où il venait d’être admis d’urgence. Selon les proches du défunt, rencontrés par un reporter de Guineematin.com ce mardi, monsieur Sow a perdu la vie des suites des tortures qu’il a subies après son arrestation.
Comme de nombreux autres citoyens qui croupissent actuellement dans les geôles du régime Alpha Condé sans jugement, Thierno Ibrahima Sow, la victime, a été arrêté le 24 octobre dernier (lors des violences post-électorales) à son domicile, au quartier Dar es-salam, dans la commune de Ratoma. Quelques jours plus tard, le vieil homme a été déféré à la maison centrale de Conakry après avoir subi plusieurs tortures. Des violences qui ont finalement eu raison de lui, selon Mamadou Mountagha Baldé, un voisin du défunt.
« Le 24 octobre dernier, entre 14 heures et 15 heures, des loubards accompagnés de militaires sont venus chez nous ici, armés de gourdins, de machettes, de lance-pierre et de tout ce qui peut faire mal à quelqu’un. On était dans nos maisons, soudain nous avons entendu des pierres tomber sur nos toits. Après je suis sorti, et je me suis heurté à un groupe de militaires. Je leur ai dit : vous n’êtes pas en train de jouer votre rôle. Votre rôle est de sécuriser tous les citoyens et leurs biens, et non d’aider les uns en faisant du mal aux autres.
Ils ont tenté de m’intimider, mais ça n’a pas marché. Ils se sont retirés entretemps. Peu après, ils sont revenus. Ils ont pénétré dans notre concession et se sont mis à casser tout, notamment nos portes et tout ce qu’ils voyaient sur place. Ils violentaient tout le monde. C’est ainsi que Thierno Ibrahima Sow est sorti et a voulu résister. Automatiquement, ils l’ont attrapé et l’ont mis dans leur pick-up. On a mené beaucoup de démarches pour qu’il soit libéré mais cela n’a pas été.
Finalement, il a été envoyé à la maison centrale. Il est décédé ce lundi 16 novembre au service de réanimation de l’hôpital national Ignace Deen, après avoir subi beaucoup de tortures. J’ai vu de mes propres yeux les traces de tortures sur son corps. Les tortures qui lui ont infligées, malheureusement l’ont emporté », a expliqué ce citoyen.
Dans la famille de Thierno Ibrahima Sow, c’est la consternation. Sa fille Halimatou n’en revient pas. « Mon papa se portait très bien lorsqu’il a été arrêté, il n’était pas malade. C’est quand ils l’ont envoyé en prison et ils l’ont torturé qu’il est tombé malade. Et, on ne nous a jamais dit qu’il est malade. Une fois, je lui ai envoyé de la nourriture, on le lui a refusé. Après, j’ai été là-bas par deux fois, mais ils n’ont pas accepté que je puisse le voir.
Quand je suis revenue à la maison pour expliquer à la famille, ma mère s’est rendue là-bas aussi. Elle a difficilement pu avoir accès. Elle est restée pendant 2 heures à côté de mon papa, mais il n’a pu la reconnaître. Malheureusement, il a fini par rendre l’âme suite aux tortures qu’ils lui ont fait subir », a dit Halimatou Sow.
Originaire du village de Bowé, sous-préfecture de Diaguissa (préfecture de Dalaba), Thierno Ibrahima Sow (décédé à 62 ans), laisse derrière lui une veuve et 9 enfants. Dans la journée de ce mardi, 17 novembre 2020, la famille du défunt menait des démarches en vue de récupérer son corps pour l’inhumer.
Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com
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