Prestation du Syli national, élection du président de la CAF : Thierno Saïdou Diakité à Guineematin

Thierno Saïdou Diakité, consultant sporti

Même si la Guinée a pris quatre points sur les six qui étaient en jeu lors de sa double confrontation avec le Tchad (troisième et quatrième journées des éliminatoires de la CAN 2022), le Syli national n’a pas séduit ses supporters. Beaucoup de guinéens déplorent la prestation de l’équipe nationale de football, qui a beaucoup de mal à concrétiser ses occasions de but. Qu’est-ce qui ne marche pas dans le jeu des hommes de Didier Six ? Que faut-il améliorer avant d’accueillir le Mali au mois de mars prochain à Conakry ? Ce sont entre autres les questions que Guineematin.com a posées au consultant sportif Thierno Saïdou Diakité, au cours d’un entretien qu’il a accordé à notre rédaction dans la journée d’hier, mardi 17 novembre 2020.

Décryptage :

 

Guineematin.com : après la double confrontation entre le Syli national de Guinée et les Sao du Tchad, quelle analyse faites-vous de la prestation de l’équipe guinéenne ?

Thierno Saïdou Diakité : je suis un peu déçu parce que je m’attendais à ce que le Syli engrange les six points. C’est-à-dire gagner à Conakry et gagner le match retour en N’Djamena. Surtout que durant les 90 minutes, la Guinée était largement dominatrice. Le Tchad était à la portée du Syli national, qui s’est créé beaucoup d’occasions de but, malheureusement qui n’ont pas été concrétisés. Alors, on est toujours leader du groupe avec 8 points en attendant le match du Mali, qui va affronter la Namibie ce soir à Windhoek.

 

Je me dis que ce n’est pas cette équipe qui peut nous donner un grand espoir pour la CAN 2022, au Cameroun. L’équipe n’a pas convaincu, parce que le fond de jeu n’est pas très rassurant. Ce n’est pas le Syli national conquérant et dominateur que l’on a connu il y a quelques années. Didier Six a donc du travail à faire. Parce qu’il faut qu’on puisse effacer le mauvais souvenir laissé par l’équipe en 2019, lors de la CAN qui s’est déroulée en Égypte. On a été éliminés de façon humiliante. Il faut donc que le Syli national se remette en cause pour rassurer les nombreux supporters guinéens.

 

Guineematin.com : à votre avis, est-ce la sélection de Didier Six qu’il faut remettre en cause ou bien le fond de jeu ?

 

Thierno Saïdou Diakité : il faut reconnaître que Didier Six a fait un certain travail de recherche. Parce qu’il y a des joueurs qui, pour la première fois, ont intégré l’équipe nationale. C’est une très bonne chose parce qu’il faut travailler dans la perspective de la CAN 2022. Surtout que l’année prochaine, il y a les éliminatoires de la coupe du monde 2022. Nous sommes dans le même groupe que le Maroc, le Soudan et la Guinée Bissau. Et figurez-vous qu’il y a une place pour quatre équipes. L’équipe à battre donc dans ce groupe, c’est le Maroc. Et le Maroc est vraiment une équipe performante. Il y a des joueurs de très haut niveau qui constituent les Lions de l’Atlas. Il va donc falloir pour Didier Six de travailler pour rehausser le niveau de jeu du Syli national afin qu’il puisse avoir des résultats probants.

 

Guineematin.com : la Guinée va affronter le Mali le 22 mars prochain au compte de la cinquième journée. Qu’est-ce qu’il faut améliorer au sein du Syli national avant cette rencontre ?

 

Thierno Saïdou Diakité : d’ici le mois de mars, moi je souhaite qu’à l’occasion des journées FIFA, la fédération puisse négocier le maximum de matchs amicaux pour que le Syli national trouve un fond de jeu, un jeu collectif et cohérent. Et ensuite que l’entraîneur poursuive la recherche des joueurs, qu’il ratisse très large afin qu’il ait sous sa main 24 joueurs. C’est-à-dire deux équipes approximativement de valeur égale, afin que les joueurs puissent être interchangeables dans les différents secteurs de jeu. Parce qu’on l’a remarqué, nous avons une attaque stérile. Le Syli national ne marque pas. Et pour gagner un match, il faut marquer des buts.

 

Il faut donc qu’on recherche l’oiseau rare, les tueurs comme on le dit dans la surface de réparation. Lorsqu’on se crée des occasions de but, il ne faut pas les vendanger, sinon ça peut se retrouver contre nous. C’est un peu ça le carnet de route de l’entraîneur Didier Six au mois de mars. Qu’il continue la prospection pour voir tous les joueurs susceptibles d’arborer le tricolore national afin de rehausser le niveau de jeu de l’équipe. Le secteur défensif aussi, les défenseurs ne sont pas très rassurants. Il y a un travail à faire surtout dans l’axe central. Si vous avez suivi le match retour à N’Djamena, il y a eu quelques bévues qui ont même failli coûter cher.

 

Heureusement, les avant-centres tchadiens ont manqué d’inspiration et surtout de concentration lors de la finition des actions qui ont été créées par les malentendus entre nos défenseurs. Donc, il y a le secteur défensif à travailler. On a de bons milieux de terrain, il faut le reconnaître, dirigés par Naby Keïta. Il y a le jeune Mady Camara notamment qui fait du bon travail. Maintenant c’est de voir et constituer un bon lien entre les différents secteurs de jeu afin que l’équipe soit beaucoup plus dominatrice et présente au cours des 90 minutes.

 

Guineematin.com : le 12 mars prochain, l’élection du président de la CAF aura lieu à Rabat (Maroc). Le président sortant, Ahmad Ahmad, aura en face quatre candidats. S’il vous est demandé de faire un choix, lequel préfériez-vous parmi ces cinq candidats ?

 

Thierno Saïdou Diakité : moi, mon souhait penche pour l’ivoirin Jacques Anouma que j’ai connu. Il a été président de la fédération ivoirienne de football. Je pense qu’il a un club de football qui participe au championnat ivoirien. En 2002, il était candidat pour présidence de la CAF. Malheureusement, il a été contré par les partisans d’Issa Ayatou. Et puis, c’est un francophone, et moi je souhaite vivement qu’un francophone puisse prendre les rênes de la CAF.

 

Guineematin.com : qu’attendez-vous du futur président de la CAF ?

 

Thierno Saïdou Diakité : je souhaite que le président qui sera élu puisse professionnaliser davantage le football continental. Parce que figurez-vous, jusqu’à présent, aucune équipe africaine n’a disputé une demi-finale de coupe du monde. On a un retard à combler vis-à-vis de l’Europe et du continent asiatique. L’Asie progresse à grands pas. Il faut donc que l’on se mette à travailler, que les compétitions locales soient bien organisées et qu’on puisse retrouver sur le continent des nouveaux talents. Il y a ce qui se développe actuellement qu’on appelle le commerce des muscles.

 

Des managers véreux ou des agents de joueurs véreux viennent sur le continent, ils font miroiter des promesses ou autres à nos jeunes footballeurs qui vont en Europe ; et malheureusement, ils n’intègrent pas les structures organisées. Il faut donc qu’on organise nos structures locales pour retenir des footballeurs sur le continent et que ces footballeurs puissent apporter une plus-value à nos sélections nationales, toutes catégories confondues. C’est un peu ça le challenge à relever pour l’Afrique dans les 10 prochaines années. Il faut qu’on puisse disputer une demi-finale de coupe du monde et pourquoi pas une finale. Mais cela exige un travail dans les pays respectifs par les fédérations nationales.

Interview réalisée par Mohamed DORÉ pour Guineematin.com

Tel : +224 622 07 93 59

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