Dissoudre le parlement pour mettre fin à la crise politique en Guinée ? Damaro s’attaque à l’opposition

Honorable Amadou Damaro Camara, président de la nouvelle Assemblée nationale
Amadou Damaro Camara, président de l’Assemblée nationale

La semaine dernière, en marge d’une plénière tenue le mardi 24 novembre 2020, portant sur l’adoption du volet dépenses et du rapport final de la loi de finances rectificative 2020, Amadou Damoro Camara, le Président de l’Assemblée nationale, a essayé de mettre fin à la polémique née d’une proposition de certains membres de la société civile qui sont proches du pouvoir et qui ont demandé la dissolution de l’Assemblée nationale actuelle et l’organisation de nouvelles élections législatives avec la participation des principaux partis de l’opposition.

Selon ces acteurs proches de la mouvance présidentielle, une dissolution du parlement actuel pourrait atténuer les tensions politiques et permettre à tous les acteurs de tourner la page des élections. Depuis, ce débat se mène dans la cité. Un des députés a même démissionné, disant ne pas être à l’aise dans ce parlement qui n’est pas représentatif des forces politiques guinéennes.

Face à ce débat, Amadou Damaro Camara (souvent cité comme étant à la base de ce débat) s’est plutôt attaqué à l’opposition, absente du parlement actuelle, alors qu’elle avait une cinquantaine de députés à l’Assemblée nationale sortante, sur les 114 inscrits.

« A vous les députés, je suis fier de vous. Et, je vais vous dire que le débat continuera. Le vrai débat, les critiques et des suggestions. C’est ce qui fera de cette Assemblée l’une des meilleures que la Guinée aura connue. Il y a comme un faux débat actuellement entretenu par des personnes qui parlent juste pour exister, en disant que la dissolution de l’Assemblée serait la dissolution d’une certaine crise. Comme si la crise est partie de l’Assemblée nationale. Je ne crois pas que l’absence de cette opposition radicale ait crée ce qu’on appelle actuellement cette crise », a lancé Amadou Damaro Camara.

Le président du parlement monocolore a profité de sa sortie pour rappeler le poids qu’occupait l’opposition pendant la 8ème législature avec une minorité de blocage, donc avec la capacité qu’elle disposait d’empêcher l’adoption des lois organiques, entre autres.

« Cette opposition radicale a été à l’Assemblée plus représentée qu’aucune Assemblée en Afrique n’ait jamais été composée. Pendant six ans, nous les avons perdus à des invectives, à des attaques inutiles, à des injures, à des tapages de table comme des élèves, à des sifflements, au lieu de travailler ce pourquoi nous sommes là. Au contraire, leur absence permet au peuple de Guinée d’avoir le meilleur résultat », a-t-il dit.

En clair, Amadou Damaro Camara a tenu à mettre fin à la rumeur qui le présentait comme celui qui soutenait la dissolution de l’Assemblée nationale pour mettre fin à la crise. Certains avaient même prêté à Damaro Camara des propos qui auraient favorisé cette proposition de la société civile proche du pouvoir.

« La dissolution de l’Assemblée est aussi une partie de la démocratie ; mais, elle obéit à certaines lois. La seule et unique personne qui en est capable, c’est le président de la République. Je puis vous dire que ce n’est pas dans son agenda », a rassuré ses collègues députés.

A rappeler que ce n’est pas l’opposition qui demande la dissolution de l’Assemblée nationale, ni même les acteurs sociaux neutres ou engagés au sein du FNDC. Les opposants continuent à contester le troisième mandat d’Alpha Condé. D’autres, comme l’UFDG et l’ANAD, réclament la publication des vrais résultats de l’élection présidentielle du 18 octobre 2020 et la reconnaissance de la victoire de leur candidat, Cellou Dalein Diallo.

Ces derniers appellent d’ailleurs à une journée ville morte le jeudi prochain pour non seulement exiger la publication « des vrais résultats », la libération des prisonniers politiques, la justice pour les victimes de la répression, l’arrêt des expropriations et persécutions des opérateurs économiques nationaux, le remboursement immédiat et intégral des sommes détournées dans les ministères de l’enseignement technique et professionnel, de l’agriculture et de la santé, l’arrêt des intimidations et menaces orientées contre les journalistes d’investigation qui ont révélé ces détournements…

C’est dire que la crise politique née de la volonté du président Alpha Condé de se maintenir au pouvoir après ses deux mandats constitutionnels se poursuit avec désormais ses incontournables débats sur les détournements de centaines de milliards par les ministres et ministrons…

Nouhou Baldé pour Guineematin.com

Facebook Comments Box