Occupation anarchique de la mangrove : « un danger entretenu par certains membres du gouvernement »

Comme nous l’annoncions dans un précédent article, le littoral guinéen est fortement agressé par des citoyens qui y construisent des habitations. A Conakry par exemple, une bonne partie de la mangrove est déjà occupée de façon anarchique au vu et au su des autorités. Pourtant, cette situation représente un grand danger pour le pays. Elle menace sérieusement les ressources halieutiques de la Guinée, mais aussi plus de 62 000 emplois dans le domaine de la pêche artisanale, a appris Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Construire et habiter en bordure de mer, c’est le rêve de nombreux citoyens. Et pour réaliser ce rêve, beaucoup de personnes nanties n’hésitent pas à « repousser » la mer en faisant des remblayages pour y construire des habitations. La pratique est devenue très courante ces dernières années à Conakry, où une bonne partie du milieu marin est aujourd’hui occupée par des citoyens. Cette situation inquiète Idrissa Kallo, secrétaire chargé des relations extérieures, de l’information et de la communication de la fédération guinéenne de la pêche artisanale. Selon lui, le secteur de la pêche est fortement menacé par l’occupation anarchique de la mangrove.

Idrissa Kallo de la fédération guinéenne de la pêche

« Depuis 2019, nous avons alerté le gouvernement par rapport à l’occupation de la mangrove par les citoyens. Les ministres de la Pêche et de l’Environnement sont venus sur le terrain. Des promesses ont été tenues, mais jusque-là rien n’a été fait sur le terrain. Yimbaya est la plus grande étendue de mangrove qui reste en Guinée. Mais malheureusement, cette zone est fortement endommagée du fait des constructions qui y sont faites. Il faut savoir que ces mangroves-là sont des lieux de reproduction des poissons. Donc nous, notre activité est directement menacée par cette destruction de la mangrove », a-t-il déclaré.

Selon monsieur Kallo, si rien n’est fait pour trouver une solution à ce problème, une bonne partie des animaux aquatiques risquent de disparaître. Ce qui aurait pour conséquences directes, la perte de plus de 62 000 emplois. C’est pourquoi, il interpelle directement le président Alpha Condé, tout en l’exhortant à intervenir pendant qu’il est encore temps pour sauver le secteur de la pêche artisanale. « Le message que nous avons, s’adresse au président de la République, garant de la constitution. La constitution elle-même parle de la sauvegarde de l’environnement.

Les gens qui viennent détruire cette mangrove ne sont pas dans l’esprit du président de la République. Mais ces nombreuses constructions de bâtiments ont été faites à travers la complicité de certains membres du gouvernement. Parce que certains ministres étaient venus recenser d’abord les bâtiments qui ont été construits et qui sont plus de 500 bâtiments. Aujourd’hui, au lieu de casser ces bâtiments, des ministres demandent de faire une délimitation.

Et, en faisant cette délimitation, certains cadres du ministère de l’habitat ont profité pour octroyer d’autres domaines de la mangrove encore à des particuliers pour défricher. Ce qui veut dire que certains membres du gouvernement cautionnent ce qui est en train de se passer ici. Donc, pour résoudre définitivement ce problème, je demande au chef de l’Etat d’agir maintenant afin de sauver la vie des poissons et sauver les 62 000 emplois directs et 200 000 emplois indirects liés à la pêche artisanale», a lancé Idrissa Kallo.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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