Nouvelle distinction de taille pour Lamine Guirassy : « c’est la victoire de la presse guinéenne »

Lamine Guirassy, PDG du groupe Hadafo médias
Lamine Guirassy, PDG du groupe Hadafo médias

C’est une véritable consécration pour Lamine Guirassy. L’observatoire africain pour la promotion de la bonne gouvernance, une structure apolitique basée à Abidjan (Côte d’Ivoire), vient de décerner le prix du meilleur patron de presse privée de l’Afrique de l’ouest francophone au PDG du groupe Hadafo médias. Une nouvelle distinction qui vient s’ajouter à beaucoup d’autres déjà reçues par l’heureux récipiendaire.

Dans un entretien qu’il a accordé à un groupe de journalistes dont un de Guineematin.com, ce vendredi 4 décembre 2020, Lamine Guirassy a exprimé sa satisfaction, tout en dédiant ce prix à l’ensemble de ses collaborateurs.

Décryptage !

Après le trophée d’excellence de la compétitivité africaine en 2018, à Dakar, vous recevez cette année le prix du meilleur patron de presse privée de l’Afrique de l’ouest francophone. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?

 

Lamine Guirassy : j’ai reçu ça avec beaucoup de recul, dans ce sens que ce n’est pas la Guinée, c’est la Côte d’Ivoire. Et, vous l’avez dit, après le Sénégal, on reçoit ce prix avec beaucoup d’humilité. Et, ça nous pousse encore à se remettre en question et à se dire que ce que nous faisons ici, dans nos petits studios ici à Matoto, a un impact hors de nos frontières. Evidemment, ça nous fait plaisir, un très grand plaisir, quand on sait tout ce qui s’est passé cet été en Guinée, à Hadafo Médias particulièrement. Si on peut parler de victoire, c’est la victoire de la presse guinéenne.

 

Selon l’observatoire africain pour la promotion de la bonne gouvernance, vous êtes l’un des Guinéens dont la voix porte le plus après celle du Chef de l’Etat. Comment vous sentez-vous ? Bluffé ou bien décrit ?

Lamine Guirassy : je ne sais pas. Parce que tout ce que je fais, je le fais avec sincérité. Peut-être que ce sont les gens à Hadafo Médias ici, les Guinéens qui nous écoutent et qui nous suivent à la télé, qui savent déceler le faux et le vrai. Bluffé, oui ; en même temps, ça fait peur. Tout simplement ça veut que les mots et les gestes ont leur sens. Même si ici, on a tendance à donner de la connotation à tout. Evidemment que ça fait plaisir.

 

Lorsqu’on dit que vous êtes le meilleur patron de presse de l’Afrique de l’ouest francophone, ça veut dire que vos rapports avec les employés que vous avez sous la main sont de bons rapports. Expliquez-nous un peu comment ça se passe avec les employés.

Lamine Guirassy : je ne vois pas du tout les collaborateurs comme des employés. Je dis bien les collaborateurs parce que je fais partie des employés. Je vis avec eux, je connais leur quotidien, je sais comment ça se passe. J’ai une relation particulière avec tout un chacun à Hadafo Médias. Et, je pense que ça fait toute la différence. Pour mieux connaître une personne, je pense qu’il faut connaître la personne au-delà du boulot. C’est ce que nous essayons de faire au niveau de la direction d’Hadafo Médias avec nos collaborateurs. Maintenant, que ça puisse avoir un impact dans le travail que nous faisons tous les jours, je pense que ça compte, ça s’appelle le management.

Il y a peut-être aussi le fait que je suis le seul (patron de médias, NDLR) à être à l’antenne en Guinée. Je suis le seul à être sous les feux des caméras, dans les studios. Peut-être que c’est ce qui fait la différence. Et puis, quand je dis que j’ai des rapports particuliers avec les employés, j’ai du mal parce que moi, je me vois plus comme un ouvrier. Ça fait 13 ans que ça dure, je suis là à 4 heures du matin, sauf les vendredis évidemment. Donc le rapport, je ne pourrai pas l’expliquer sincèrement. Peut-être que les employés, les travailleurs, seront mieux placés pour expliquer le rapport que j’ai avec chacun d’entre eux.

 

Est-ce que les organisateurs de ce prix vous ont expliqué les critères de choix du gagnant ?

Lamine Guirassy : non ! Je ne connais pas du tout les organisateurs. Apparemment, c’est la troisième ou quatrième édition, je ne sais pas trop. Nous, on a reçu un courrier à travers la secrétaire de la boite et qui m’a signifié cela. Au début, je m’apprêtais à partir à l’intérieur du pays pour rencontrer les collaborateurs en régions : N’Zérékoré, Kankan, Labé. Eh bien, le directeur des ressources humaines me dit non. Il faut qu’on y aille. Les critères, je pense que vous serez à Abidjan avec nous, vous allez leur demander quels sont les critères, surtout qu’on parle de bonne gouvernance.

 

Après l’obtention de ce prix, quelles seront vos priorités ? Se battre pour conserver cette place de meilleur patron de presse de l’Afrique de l’ouest francophone ?

Lamine Guirassy, PDG du groupe Hadafo médias

Lamine Guirassy : évidemment, c’est notre combat de tous les jours. Ça, c’est un scoop que je vous donne, parce qu’on l’a reçu il y a seulement deux semaines, d’autres une semaine : Kalac radio est autorisée dans 18 villes de la Guinée, radio Espace pareil. Donc pour nous, c’est une pression de plus. Est-ce que c’est nous qui allons exploiter la marque Espace dans toute la Guinée ? C’est l’autre phase que Hadafo Médias est en train de prendre aujourd’hui. Parce que quand on prend Kalac à Kankan par exemple, c’est pour nous la marque, mais la personne qui exploite la marque à Kankan s’occupe un tout petit peu de ses employés. Nous le contrat qui nous lie avec ce monsieur du côté de Kankan, c’est évidemment l’utilisation de la marque et le respect des valeurs Kalac radio.

Donc, le jour où ça va aller avec lui en cacahouète et qu’il ne respecte plus les valeurs de Kalac radio, évidemment que nous allons retirer non seulement la marque mais aussi la fréquence, parce que la fréquence nous appartient. Donc, c’est pour dire qu’aujourd’hui qu’on est face à une ouverture. C’est un tout petit peu la nouvelle politique du groupe Hadafo Médias. Je sais aujourd’hui qu’il y a Jaques Lewa Léno qui est intéressé à exploiter la marque Espace ou Kalac radio à Kissigougou ; Tamba Zacharie Millimono m’a aussi parlé de Guéckédou. Bref, pour nous, c’est important aujourd’hui que pour cette opportunité, je fasse profiter mes collaborateurs. Je pense que je n’ai pas meilleur collaborateurs ou meilleurs actionnaires que ces gens-là qui sont avec moi depuis plus de 10 ans pour exploiter évidemment cette marque à travers la Guinée.

 

A qui dédiez-vous ce prix ?

Lamine Guirassy : je dédie ce prix à tous les travailleurs du groupe Hadafo Médias. Aux techniciens surtout, parce que c’est grâce à ces gens-là que nous sommes à ce niveau aujourd’hui. Aux journalistes-reporters qui sont sur le terrain. Nous nous sommes certes dans les bureaux, mais ceux qui font la différence tous les jours, ce sont ces reporters-là, ce sont ces cadreurs-là, ce sont ces techniciens-là qui font la différence tous les jours à travers les ondes d’Espace à Conakry mais aussi à l’intérieur du pays. Nous, on est devant mais ceux qui nous fabriquent, ce sont ces reporters, ce sont ces journalistes-là. Donc, je leur dédie ce prix. Parce que si on me dit meilleur patron, c’est parce que j’ai des employés.

 

Après avoir réussi à bâtir un empire médiatique en Guinée (Espace FM et ses antennes en régions, Espace TV, Kalac radio avec également des antennes régionales, Kalac TV et Sweet FM), vous ambitionnez de conquérir d’autres pays, comme le Sénégal. Où en êtes-vous aujourd’hui avec ce projet ?

Lamine Guirassy : le projet Espace Dakar, ça avance très bien. La semaine dernière, on faisait le point sur l’agrément et sur l’obtention de la fréquence. Je pense qu’en 2021, on verra. Je l’ai dit à Guineematin avant tous les autres médias, comme quoi, nous étions sur ce projet-là. Le Sénégal, c’est important pour nous parce que nous avons beaucoup de compatriotes qui y vivent. Donc, c’est important pour nous d’avoir cette radio sénégalaise. Je le dirai comme ça parce qu’Espace Sénégal ne va pas être du tout la même couleur qu’Espace Guinée. Donc, ça avance très bien. On avait entamé des démarches quand le président IBK (l’ancien président du Mali) était là pour obtenir une autorisation de création d’Espace là-bas aussi. Mais avec sa chute, ça a tout chamboulé. Donc, on verra bien ce que ça va donner. Ce qui est sûr, c’est que la demande est faite. Lorsqu’on l’a rencontré pour cette interview exclusive qu’il (IBK) nous a accordée, on avait parlé de ça et on verra ce que ça va donner.

 

Vous l’avez dit, une forte communauté guinéenne vit au Sénégal. Quelle sera la spécificité de la radio Espace qui va bientôt voir jour dans ce pays ?

Lamine Guirassy : d’abord, c’est une radio sénégalaise encore une fois. Oui, la communauté guinéenne est là parce qu’Espace a démarré d’abord en Guinée. La spécificité évidemment, c’est le quotidien des Sénégalais. Une radio généraliste, il faut le souligner. Espace, ça a démarré ici en thématique avec beaucoup de musique à l’antenne. Au fil du temps, on est sorti un tout petit peu de ce carcan radio thématique pour devenir une radio généraliste. Je pense que si le succès est au rendez-vous, c’est parce que les gens se voient en nous. On parle d’eux à la radio. Et, c’est pareil pour Boké, pour Kindia, pour toutes les autres régions où nous sommes implantés. La différence, ça va être plus le quotidien des Sénégalais. Donc, la communauté guinéenne évidemment sera représentée ; mais, on ne va pas peut-être s’attendre à avoir les Grandes Gueules Guinée dans cette radio-là du côté du Sénégal.

Propos recueillis par Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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