Non-respect des droits des personnes handicapées : Thierno Saïdou Diakité interpelle les autorités

Thierno Saïdou Diakité, consultant sportif
Thierno Saïdou Diakité, consultant sportif

A la faveur d’une conférence de presse animée hier, lundi 7 décembre 2020, à Conakry, Thierno Saïdou Diakité, consultant sportif, a interpellé les autorités sur le non-respect des droits des personnes handicapées en Guinée. Il plaide pour que des dispositions soient rapidement prises afin d’inverser cette situation, notamment en faisant appliquer la loi L021 portant protection et promotion des personnes handicapées, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

 

En 2018, les défenseurs des droits des personnes porteuses de handicap ont salué une grande avancée, lorsque l’Assemblée nationale a adopté la loi L021 portant protection et promotion des personnes handicapées en Guinée. Mais, deux ans plus tard, cette loi tarde encore à être mise en œuvre, car les textes d’application n’existent toujours pas. Une situation que déplore Thierno Saïdou Diakité, consultant sportif et membre du comité de pilotage du COCAN 2025, lui-même porteur de handicap. Il exhorte le ministère de l’action sociale à faire en sorte que cette loi soit respectée.

 

« Depuis la promulgation de cette loi, les textes d’application n’ont pas été pris en compte par le ministère de l’action sociale et des personnes vulnérables. C’est bon de promulguer une loi, mais s’il n’y a pas les textes d’application, il n’y a pas de normes impératives pour le ministère où la structure concernée pour la mise en œuvre de cette loi. Le problème qui se pose, c’est qu’aucun aménagement n’est fait dans les immeubles publics. C’est-à-dire, mettre en place des escaliers aménagés pour ceux qui marchent avec les cannes, il n’y a pas de rame pour les fauteuils roulants des handicapés. Donc, c’est un problème d’actualité, parce que si on prend la loi 021 promulguée le 15 mai 2018, en son chapitre 7, il y a différents articles : 37, 38, 39, 40 qui permettent aux personnes porteuses de handicap d’avoir un accès plus facile dans les édifices publiques », a dit monsieur Diakité.

 

En plus de la non-application de la loi L021, les organisations de défense des droits des personnes handicapées ont beaucoup d’autres préoccupations. Bernard Kamano, responsable des projets et de la planification de la FEGUIPAH (fédération guinéenne pour la promotion des associations pour les personnes handicapées), parle d’un constat très amer dans ce domaine.

 

« Notre ministère se trouve au sixième étage, où l’ascenseur est toujours en panne. Cependant, les personnes handicapées ont besoin de rencontrer leurs responsables pour exposer leurs problèmes. Ce qui est plus grave, il n’y a jamais eu de recensement solide pour identifier les personnes handicapées en Guinée. Pourtant, c’est le ministère de l’action sociale qui devrait mettre en place cette initiative. Cela allait permettre à la FEGUIPAH et d’autres institutions, d’identifier ces personnes vulnérables. Pendant la rénovation de l’hôpital Donka, j’ai fait le déplacement avec d’autres collègues pour aller demander à ce qu’il y ait une adaptation pour les personnes handicapées. Qu’est-ce que le département à fait ? Rien.

Il faudra que le département se lève pour faire face aux situations des handicapés. Je viens de rentrer d’un forum à Niamey (Niger), mais j’ai eu honte pour mon pays. Qu’est-ce qui empêche le ministère de l’action sociale en Guinée de se mettre en collaboration avec le ministère de la santé pour la prise en charge des personnes handicapées, parce que les fonds existent ? Le grand problème, c’est le département de l’action sociale, où on ne veut pas sentir les personnes handicapées », regrette ce porteur de handicap.

Face à toutes ces plaintes, le ministère en charge de l’action sociale tente de rassurer. Présent à cette conférence, Boubacar Diallo, chef de division automatisation des personnes handicapées, a laissé entendre que son département fait des efforts dans le sens de la promotion et la protection des personnes handicapées. « Le département de l’action sociale a mis en œuvre des outils pour le programme national d’inclusion et d’automatisation des personnes handicapées. Ce programme a été élaboré et validé. Donc, nous avons commencé par le renforcement des capacités de 50 personnes handicapées. Cette initiative porte sur la création d’entreprises et le montage de projets.

Parmi ceux-ci, 20 ont été retenus, et ils sont appuyés par le PNUD. Cela fait partie de l’employabilité, l’auto-emploi. En ce qui concerne les bâtiments, le ministère en charge de l’action sociale a construit un centre d’apprentissage et de métier R+1. Ce bâtiment a été construit dans le respect de la loi, en tenant compte de l’accessibilité des personnes handicapées. Il y a aussi la direction de l’action sociale qui a mis une rame d’accès pour le département. Donc, cela est un exemple des efforts que mène le département. Parce que les les personnes handicapées peuvent avoir des besoins spécifiques pour y accéder », a indiqué ce cadre du ministère de l’action sociale.

Ismaël Diallo pour Guineematin.com

Tel. 624 69 33 33

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