Licenciement abusif à la société ODHAV : « nous lançons un SOS à l’endroit du gouvernement »

Les plaintes se multiplient contre la société indienne ODHAV Multi Industries, installée à Kagbélen, dans la préfecture de Dubréka. Après les rescapés d’un accident de travail, survenu dans cette usine en 2018, qui dénoncent leur abandon, c’est au tour d’anciens employés de la société de se faire entendre. Ils accusent l’entreprise de « licenciement abusif » et sollicitent l’aide des autorités guinéennes pour qu’ils soient rétablis dans leur droit.

Un reporter de Guineematin.com a rencontré leur porte-parole ce mardi, 8 novembre 2020.

Abdoulaye Barry, l’une des victimes licenciés par la société OLDHAV

Selon Abdoulaye Barry, ils sont une cinquantaine de personnes concernées par cette affaire. Ils ont été licenciés en avril 2018 après avoir protesté contre la façon dont ils sont traités par leur employeur. « Les raisons pour lesquelles nous avons été licenciés, c’est parce qu’on était partis en grève pour réclamer une augmentation de salaire et des contrats. Nous avons manifesté jusqu’à faire venir le ministre Tibou Kamara. Quand il est venu, il nous a donné raison. Il a dit : ces gens-là doivent bénéficier d’une augmentation de salaire. Nous sommes passés donc de 35 000 à 40 000 par jour.

 

Mais quant au contrat, on s’est rendu compte que c’était un faux. Nous sommes donc partis pour une deuxième fois en grève. C’est suite à cela qu’ils ont pris tous ceux qui étaient à la tête de cette grève-là pour les mettre en prison durant une semaine. On les a frappés avant de les envoyer au tribunal de Dubréka pour les juger. Quand ils sont sortis de prison, ils n’ont plus suivi l’affaire de grève. Dès que nous autres sommes revenus pour travailler, on nous a dit qu’il y avait une croix rouge devant nos noms. Ils nous ont tous renvoyés pour prendre de nouveaux employés », a expliqué leur porte-parole des licenciés.

Après cela, ajoute-t-il, ils se sont tournés à nouveau vers le gouvernement pour solliciter encore son arbitrage. « Nous avons formé une délégation pour aller au ministère de l’industrie et des PME. Lorsqu’on est partis là-bas, le ministre Tibou Kamara nous a dit de revenir travailler. Mais lorsqu’on est revenus, on nous a catégoriquement refusé en disant que nous ne travaillerons plus là-bas. Depuis ce jour, on n’a pas eu la chance d’avoir accès à l’usine (…). On pensait que le ministre Tibou allait revenir. Mais il n’est pas revenu et n’a pas non plus envoyé de délégation », regrette Abdoulaye Barry.

 

Plus de deux ans plus tard, certains de ces licenciés n’ont toujours pas retrouvé un travail. Plongés dans la misère, ils exhortent les autorités guinéennes à les aider pour qu’ils puissent rentrer en possession de ce que leur doit la société. A défaut, ils promettent de saisir la justice pour réclamer leur droit.

 

« Aujourd’hui, nous lançons un SOS à l’endroit du gouvernement. Si nous n’allons plus travailler là-bas, qu’on nous donne notre règlement. On demande vraiment à l’État de nous aider à nous rétablir dans nos droits. On est dans notre pays, on souffre dans notre pays on dirait qu’on n’est pas des guinéens. L’inspection générale du travail a reconnu le contrat qu’on avait signé, donc on devait nous payer les cinq mois qui restaient avant la fin de notre contrat. Mais la direction refuse de nous payer ça, ils nous disent qu’on n’a pas de règlement là-bas. Donc, s’ils ne veulent pas qu’on règle l’affaire à l’amiable, nous serons obligés de saisir la justice pour réclamer notre droit », annonce Abdoulaye Barry.

Mohamed Doré pour Guineematin.com

Tél. : +224 622 07 93 59

Facebook Comments Box