Procès en Appel de Fanta Cissé : son avocat évoque des « excuses légales » et demande une réduction de peine à la Cour


Le procès en Appel de Fanta Cissé s’est ouvert le vendredi dernier, 04 décembre 2020, à la Cour d’Appel de Conakry. Détenue depuis plus de dix (depuis le mars 2010), la dame a été condamnée en première instance à 12 ans de réclusion criminelle pour homicide involontaire. Elle a déjà purgé la quasi-totalité de cette peine ; et, son avocat espère pouvoir lui obtenir une sortie anticipée de prison.

Me Antoine Pépé Lama pense pouvoir convaincre la Cour avec « des excuses légales » pour que cette peine de 12 ans soit réduite au « temps mis » en prison (10 ans et 9 mois). C’est ce que le procureur général a d’ailleurs requis à la clôture des débats autour de cette affaire, rapporte le journaliste de Guineematin.com qui a suivi les débats.

En première instance, Fanta Cissé avait été jugée par le tribunal criminel de Mafanco. Son procès s’était tenu courant avril 2017, soit 7 ans après qu’elle a été placée sous mandat de dépôt (en mars 2010) et emprisonnée à la maison centrale de Conakry. Au terme de ce procès et malgré le désistement de la famille de la victime, Fanta Cissé avait été condamnée à 12 ans de réclusion criminel pour coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner. Mais, son avocat, Me Antoine Pépé Lama, avait aussitôt interjeté appel de cette décision du tribunal. Et, ce vendredi, à l’ouverture de ce procès en appel, l’avocat de la défense a exposé à la Cour les « dysfonctionnements » enregistrés dans cette affaire depuis 2010 et les raisons qui l’ont conduit à interjeter appel de la « lourde peine » qui a été infligée à sa cliente.

« Nous avons plaidé non coupable dans cette affaire, parce que l’intention coupable n’était pas là. Ma cliente a été surprise à la cuisine par la victime. Elle préparait lorsque la victime s’est jetée sur elle. Malgré le désistement de la famille de la victime, elle (Fanta Cissé) a été condamnée à 12 ans de réclusion… Cette accusée a été placée sous mandat de dépôt le 2 mars 2010. Et, c’est en 2017, c’est-à-dire 7 ans après, qu’elle a été jugée et condamnée à 12 ans de réclusion criminelle, le 17 avril 2017, par le tribunal de première instance de Mafanco. Et, le 18 avril 2017, c’est-à-dire le lendemain de ce procès, nous avons (la défense) avons relevé appel de cette décision du tribunal. Mais, une année après, l’affaire n’a pas été appelée ; parce que la décision n’était pas transférée au niveau de la Cour d’Appel. Il a fallu que le ministre de la justice intervienne pour que le dossier soit retrouvé dans les archives du tribunal de Mafanco. Et, je vous rappelle qu’elle (Fanta Cissé) était en état de famille lorsqu’elle a été placée sous mandat. Elle a accouché en 2010. En 2015 son enfant Issiaga a eu 5 ans et les parents sont venus le prendre pour le scolariser », a expliqué Me Antoine Pépé Lama devant la Cour d’Appel.

Interrogée par la Cour sur les faits portés à sa charge, l’accusée Fanta Cissé est revenue sur les circonstances qui ont conduit aux coups et blessures qui ont coûté la vie à sa victime.

« Elle (la victime) m’a trouvé à la cuisine, je préparais pour mon fiancé Salifou. Elle m’a donné deux paires de gifles, j’ai crié. Après, je l’ai poussée  avec le coteau que je tenais en main. Elle s’est blessée au niveau du bras, j’ai vu le sang couler, elle est tombée. Elle a ensuite été transportée à l’hôpital. Mais, peu après, on m’a informé qu’elle est morte… Je regrette et je demande pardon. Si je savais qu’elle allait me trouver là-bas, je n’allais pas venir pour faire la cuisine. Et, je n’avais pas l’intention d’ôter sa vie », a indiqué Fanta Cissé.

Dans ses réquisitions, le procureur général, après avoir fait une reconstitution des faits, a demandé à la Cour de condamner Fanta Cissé « au temps mis », c’est-à-dire à 10 ans et 9 mois.

Cette position du ministère public dans cette affaire a apparemment ravi l’avocat de la défense. Car, dans ses plaidoiries, Me Antoine Pépé Lama a formulé la même demande que le procureur général. Il a également demandé à la Cour de statuer sur siège pour permettre à sa cliente de quitter la prison le plutôt que possible.

« Issiaga (fils de l’accusée) est né en prison. Et, c’est à l’âge de 5 ans que les parents sont venus le chercher. Donc, depuis 5 ans, Fanta Cissé n’a pas vu son enfant. Elle ne sait pas ce qu’il est devenu. Le pauvre Issiaga a besoin de sa mère. Je vous prie de faire bénéficier cette accusée d’excuses légales et la condamner au temps mis en prison. Et, je vous prie de statuer sur siège », a plaidé Me Antoine Pépé Lama.

Finalement, la Cour a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 11 décembre 2020.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

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