Conakry : de vibrants hommages rendus à Doura Chérif avant son inhumation

Décédé le 6 décembre dernier, Doura Chérif, président de la Cour d’assises de Conakry lors du « procès des gangs » de 1995, a rejoint sa dernière demeure ce vendredi, 11 décembre 2020, au cimetière de Cameroun (Conakry). Avant son inhumation, un symposium a été organisé à l’hôpital de l’amitié sino-guinéenne de Kipé pour lui rendre un dernier hommage. La cérémonie a connu la présence du Premier ministre guinéen, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

En plus de Kassory Fofana, on notait également la présence du ministre de l’Elevage Roger Patrick Millimono, la famille biologique du défunt, la famille judiciaire et des amis du célèbre magistrat. La cérémonie a été marquée par plusieurs témoignages sur la vie de Doura Chérif, dont celui de Mohamed Aly Thiam, le président de l’association des magistrats de Guinée.

Ibrahima Chérif, secrétaire général du ministère de la justice

« C’est pour moi un immense honneur, tout autant une profonde douleur d’être ici devant vous, pour saluer pieusement une grande voix qui s’est éteinte en ce mois de décembre 2020. Doura Cherif, puisqu’il s’agit de lui, était doté de cette extraordinaire capacité de la mémoire, les préceptes des anciens traditionnels et modernes au service non de la certitude, mais de ce qu’il appelait un horizon de vérité. Il était d’une éloquence prolixe, tant en français que dans la langue malinké qu’il maniait avec une admirable habileté. A la vérité, il faut dire que le parcours de Doura ressemble à l’ouverture d’un manuel de l’histoire de la lutte de la Guinée contre le grand banditisme. Il en fut une sorte de héros national. La conduite du procès des gangs lui avait fourni une occasion de montrer à quel point il était fondamentalement attaché au respect de la vie humaine, de la dignité, de la propriété, aux valeurs de la justice, au bonheur des populations qu’il considérait comme les socles de l’humanisme », a déclaré le président de l’association des magistrats de Guinée.

Me Djibril Kouyaté, président du conseil de l’ordre des avocats de Guinée

De son côté, Me Djibril Kouyaté, président du conseil de l’ordre des avocats de Guinée, a regretté la perte d’un grand magistrat, d’un grand homme de droit, d’un grand avocat. « Me Doura Chérif, les mots me manquent pour exprimer ce que je ressens. Je m’efforcerai néanmoins de me souvenir de certains faits ayant marqué ton passage au Barreau. Ainsi, je rappellerai les moments où je t’ai vu plaider dans des affaires, des fois où tu as gratifié les juges, tes confrères, et l’auditoire de l’histoire de la Guinée, de beaux textes oraux, agrémentés par des pensées et des citations de grands penseurs et de grands hommes de culture.

Je rappellerai tes enrichissantes contributions lors des sessions de formation organisées par le Barreau de Guinée avec la participation de Barreaux étrangers, où tu t’illustrais dans la promotion du droit positif guinéen et dans la mise de ton immense expérience de la justice au service de tes jeunes confrères. Je rappellerai ton sourire ponctué par ce sempiternel petit rire que tu laissais éclater quand, à la barre, tes jeunes frères et tes anciens au Barreau t’appelaient jeune confrère », a dit le bâtonnier.

Ibrahima Chérif, secrétaire général du ministère de la justice

Pour sa part, Ibrahima Chérif, secrétaire général du ministère de la justice, a présenté les condoléances de son département à la famille éplorée. Selon lui, Doura Chérif laisse un grand vide dans le monde judiciaire de son pays. « Doura Chérif va passer à la postérité. Ça ne sera pas à cause de ses origines ou de son statut, ça ne sera pas non plus à cause de ses multiples postes qu’il a occupés au cours de sa longue carrière. C’est surtout parce qu’il aura réussi le coup de se faire aimer, de se faire à la fois admirer et respecter par l’ensemble des gens qui l’ont côtoyé. Il va s’en dire que les éloges faits d’où qu’ils proviennent, sont unanimes, tellement que l’homme aura marqué son temps par rapport à l’amélioration du vivre ensemble dans la paix, la concorde et la quiétude ».

Djibril Chérif, fils du défunt Doura Chérif

Au nom de la famille éplorée, Djibril Chérif, fils du défunt, a fait des adieux émouvants à Doura Chérif. « Monsieur le juge s’en va. C’est donc à la morgue de l’hôpital Sino-Guinéen que tu nous auras convoqués pour entendre ce qu’on pense de toi Doura. Quel étrange décor pour des retrouvailles ! Papa, tu ne cesseras jamais de nous surprendre. Il se dit que cette cérémonie a été coordonnée par tes souhaits en dictant tes dernières volontés aux médecins. Quelle palanche ! Les grands hommes ont souvent les plus belles manières. Tu fus un artiste, parce que tu aimais la perfection », a dit le fils de feu Doura Chérif.

Après ce symposium, la dépouille de Doura Chérif a été transportée à la mosquée de Coléah, où la prière funèbre a été effectuée avant son enterrement au cimetière de Cameroun.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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