Exactions des forces de l’ordre à Wanindara : « Ils ont pris mes habits, mes chaussures et tout l’argent que j’avais ici » (citoyens)

Mamadou Djouma Bah, chauffeur de l’épouse Cherif Bah vice-président de l’UFDG

Depuis la mort d’un policier le 1er décembre dernier (suite une attaque armée perpétrée sur un groupe de policiers par des inconnus qui étaient sur une moto) à Wanindara, les habitants de ce quartier de la haute banlieue de Conakry vivent avec la peur au ventre. Car, en plus des représailles qu’ils ont subi au lendemain de ce meurtre, ces populations sont quotidiennement victimes d’exactions de la part des agents des forces de l’ordre.

Le dernier cas en date de cette barbarie a eu lieu dans la nuit d’hier à aujourd’hui, vendredi 11 décembre 2020. Comme des voleurs, des gendarmes cagoulés et lourdement armés ont fait irruption dans des concessions privées pour intimider les occupants et piller leurs biens, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

C’est la stupeur à Wanindara, ce quartier de la haute banlieue de la capitale guinéenne, les exactions des forces de l’ordre rythment le quotidien des citoyens. Des agents, armes à la main, se livrent à toutes formes d’abus sur les pauvres populations. Et, nul (enfants, jeunes, vieux, femmes) n’échappe à la cruauté incessante de ces hommes en uniformes.

Fatoumata Binta Barry, voisine à Mamadou Djouma Bah, victime d’exaction

« Les forces de l’ordre nous attaquent ici toutes les nuits. Ils rentrent pour agresser les citoyens dans leur sommeil. Lorsqu’ils rentrent chez vous, ils vous frappent, vous retirent tous vos biens. Nous disons que ce n’est pas normal. Nous souhaitons que cela s’arrête. Nous interpellons le gouvernement à faire arrêter ces exactions dont nous sommes victimes. Trop c’est trop ! », a lancé Fatoumata Binta Barry après la nuit cauchemardesque qu’elle vient de passer.

Mais, cette pauvre femme n’est pas la seule à avoir eu la visite inopinée et indésirable des forces de l’ordre à son domicile. Mamadou Djouma Bah, le chauffeur de l’épouse du vice-président de l’UFDG, Chérif Bah (actuellement en prison), s’est aussi réveillé dans la nuit de jeudi à vendredi sous les bottes des gendarmes cagoulés et lourdement armés. Et, à coup de menaces et d’intimidations, Djouma Bah a été dépouillé de son argent, de ses habits et de ses chaussures.

Mamadou Djouma Bah, chauffeur de l’épouse Cherif Bah vice-président de l’UFDG

« Hier nuit, vers 2 heures 40 minutes, des gendarmes sont venus de force frapper ma porte. Ils m’ont intimé d’ouvrir la porte, sinon s’ils l’ouvrent d’eux-mêmes, ils vont me faire du mal. Finalement, je n’ai pas attendu qu’ils mettent à exécution leur menace. J’ai ouvert la porte ! Lorsqu’ils sont rentrés, ils m’ont mis au respect et ont commencé à fouiller toute la pièce. Ils ont pris mes habits, mes chaussures, les habits de ma femme et tout l’argent que j’avais ici. Ma patronne, madame Bah Maïmouna Diallo (épouse de Cherif Bah) que je conduis m’avait donné mon salaire récemment, ils ont tout emporté », a expliqué Mamadou Djouma Bah.

Désemparé par cette situation qu’il vient de vivre, ce chauffeur exprime aujourd’hui sa soif de justice. D’ailleurs, Mamadou Djouma Bah promet de porter plainte pour les préjudices qu’il a subis de la part des forces de l’ordre.

« Je fustige cette attitude des forces de l’ordre. Venir réveiller les gens dans leur sommeil en pleine nuit est anormal. Je demande aux gouvernants de faire cesser ces exactions. Nous souffrons ici à Wanindara. Nous sommes inquiets pour nous et nos familles. Pour mon cas spécifique, je compte porter plainte si j’ai des gens qui sont prêts à m’aider. Parce que ce qui est arrivé est anormal. Heureusement que cette visite a coïncidé au déplacement de ma femme qui est en grossesse ; sinon, on n’en serait pas là aujourd’hui », a-t-il indiqué.

A rappeler que Wanindara ressemble aujourd’hui à une zone de guerre. Car, toutes les entrées de ce quartier sont occupées par les forces de l’ordre, composées de policiers et de gendarmes.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 0 18

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