Guinée : après la bataille du 3ème mandat, le régime Alpha Condé est sur le front diplomatique

Après avoir gagné la bataille du troisième mandat dans la douleur, le régime de Conakry ouvre un nouveau front : celui de la diplomatie. Et, il ne va pas des mains mortes pour le besoin de la cause. Avec en toile de fond l’investiture d’Alpha Condé prévue mardi prochain. Les autorités guinéennes mettent les bouchées doubles afin d’obtenir une présence massive des membres de la communauté internationale à cette messe du troisième mandat.

Selon les dernières informations, l’Afrique sera largement représentée. Une dizaine de pays ont confirmé leur présence à Conakry. Notamment ceux de la sous-région. À l’exception toutefois de la Guinée Bissau dont le nouveau président n’est pas en odeur de sainteté avec son homologue guinéen. En cause, le soutien de ce dernier à son rival lors de la dernière crise post-électorale bissau-guinéenne. Quant aux Sénégal et le Niger, dans le meilleur des cas, ils ne seront représentés qu’à un niveau ministériel. Parce que, même si Macky Sall n’est pas un adversaire déclaré d’Alpha Condé, entre les deux hommes, ce n’est pas non plus le parfait amour. Pour sa part, le président Issoufou est un farouche adversaire du troisième mandat.

Pour revenir à l’offensive diplomatique des autorités guinéennes, celles-ci savent qu’obtenir le troisième mandat est une chose, la reconnaissance internationale en est une autre. C’est pourquoi, elles s’activent à envoyer des invitations partout pour faire un coup double le 15 décembre : non seulement investir le nouveau concepteur d’un autre koudaÏsme mais aussi montrer à l’opposition que le locataire de Sékoutouréya est reconnu comme le seul et l’unique président de la République de Guinée.

Mais, pour l’instant, seuls des chefs d’Etat africains ont confirmé leur déplacement pour Conakry. Ce qui n’est pas une nouveauté. A quelques exceptions près, ce sont les mêmes qui ont soutenu leur homologue guinéen pour rester au pouvoir. Que ce soit pour le référendum ou pour la présidentielle, l’Union africaine et la CEDEAO ont fait bloc pour soutenir le sortant qui ne voulait pas sortir.

Reste l’autre partie de la fameuse communauté internationale. Particulièrement l’Allemagne, qui s’est fortement impliquée dans les différentes crises guinéennes ces dernières années. On n’oubliera jamais l’incident entre l’ambassadeur d’Allemagne et le capitaine Moussa Dadis Camara, en 2009, durant le court règne de ce dernier. Ensuite, les Etats Unis d’Amérique dont le défunt ambassadeur et ami personnel d’Alpha Condé avait tout fait pour que le pays de l’oncle Sam soutienne le régime de Conakry. Mais, c’est la position de la France qui suscite plus d’intérêt. L’attitude de l’ancienne puissance coloniale est suivie à la loupe. Le pouvoir et l’opposition tentent chacun d’obtenir son soutien. Et, Emmanuel Macron semble être un adepte de la position de son illustre prédécesseur Jacques Chirac. Dans les relations franco-africaines, Chirac tentait de concilier l’inconciliable en parlant de la politique de ni « ingérence ni indifférence ».

Macron joue la même carte. Tantôt, il critique le pourvoir de Conakry, tantôt il le caresse dans le sens des poils. Ce qui bien évidemment fait réagir l’opposition dans un sens ou dans un autre. Laquelle applaudit tantôt proteste tantôt. C’est pourquoi, la dernière décision française de se faire représenter à l’investiture d’Alpha Condé pourrait mettre les opposants dans tous leurs états. Même si, et c’est un détail important, la France n’enverra à Conakry qu’un responsable de second rang. Et ce contrairement à ce qu’elle fera pour l’investiture de l’autre bénéficiaire d’un troisième mandat : Alassane Ouattara. Pour l’investiture d’ADO, c’est le patron de la diplomatie française en personne qui représentera la France.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 664 27 27 47

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