Retour des œuvres d’arts bloqués en France : ce que le DGA du Musée national demande au ministère du patrimoine historique

Moustapha Diawara, directeur général adjoint de de la Musée national
Moustapha Diawara, directeur général adjoint de de la Musée national

La nouvelle de la restitution aux pays africains de leurs œuvres d’art et culturelles avait suscité un grand intérêt en Guinée. Dans l’euphorie, le Gouvernement guinéen avait annoncé qu’il allait prendre toutes les dispositions pour réceptionner les nombreuses œuvres de son patrimoine historique confisquées par la France (ancienne puissance coloniale). Mais, à date, à part « l’inventaires des biens culturels et artistiques » en cours, rien n’est fait sur le terrain par les autorités guinéennes.

Interrogé par un journaliste de Guineematin.com, Moustapha Diawara, le Directeur Général Adjoint du musée national, s’impatiente et demande au ministère de la culture et du patrimoine historique de redoubler d’effort pour faire de ce projet de rapatriement de ses œuvres une réalité.

L’espoir de renouer avec une partie de leur histoire (encore détenue par la France) a été vendu aux peuples africains par le président français, Emmanuel Macron. C’était lors d’une déclaration officielle en fin 2018, à la suite d’un rapport qu’il avait commandé à des universitaires. Cette décision de rapatriement de la France (vers l’Afrique) des œuvres artistiques et culturelles avait été bien accueillie partout sur le continent.

En Guinée, le gouvernement était en première ligne pour applaudir cette initiative de l’ancienne puissance coloniale. Lors d’une conférence de presse à Conakry, le ministre guinéen de la culture et du patrimoine historique, Sanoussy Bantama Sow, avait promis que les autorités allaient mettre tout en œuvre pour faciliter le retour des œuvres appartenant à la Guinée. Mais, cet engagement n’a visiblement pas été suivi d’actes concrets sur le terrain.

« Le retour des œuvres d’arts et culturelles en Afrique est un mouvement concerté. C’est un mouvement de tous les pays qui ont été colonisés par la puissance étrangère (la France). En ce qui concerne la Guinée, c’est un mouvement qui associe tout le monde. Lorsque la République du Bénin a demandé la restitution de ses biens culturels, ceux du roi Béhanzin, toutes les premières tentatives sont restées vaines. Mais, à un moment donné, la France a entendu les gémissements du peuple béninois et elle a tenté d’apporter une solution. Donc, monsieur Macron a promis alors de restituer les œuvres d’arts des africains. Il y a au total 26 œuvres d’arts qui reviennent pour le Benin. Pour la Guinée, il y a le sabre de Cheick Oumar Tall, le Khalif de Dinguiraye. On dit que ce sabre appartient au Sénégal ; mais, en réalité, c’est à la Guinée que ce sabre appartient ; parce que même les sénégalais s’accordent à dire que Cheick Oumar Tall n’avait pas de sabre. C’est plutôt un bâton qu’il avait au moment où il quittait le Sénégal pour Dinguiraye (en Guinée). Ce sabre, il l’a obtenu en Guinée, parce que c’est ici qu’il a combattu pour faire adhérer les gens à l’islam. Bref, depuis l’annonce du retour des œuvres d’arts et culturelles, une seule activité majeure a été menée. Il s’agit des inventaires des biens culturels et artistiques. Et, ce travail est toujours en cours », a expliqué Moustapha Diawara, le directeur général adjoint du musée national.

Selon cet amoureux des objets d’arts et des vestiges historiques, les pays africains ont lancé un travail d’ensemble au niveau du continent pour répertorier toutes les œuvres d’arts et culturelles encore bloquées en France. Et, la Guinée a beaucoup d’œuvres (comme le Nimba) à l’hexagone. C’est pourquoi, Moustapha Diawara demande au département guinéen du patrimoine historique de redoubler d’effort pour permettre à la Guinée d’entrer en possession de son patrimoine qui se trouve encore dans les mains de l’ancienne puissance coloniale.

Moustapha Diawara, directeur général adjoint de de la Musée national

« La Guinée a plusieurs œuvres d’art en France. Je prends le Nimba comme exemple, qui est reconnu internationalement. Le Nimba est l’une des pièces maitresses au niveau des musée européennes. Cette œuvre a même inspirée le peintre français Picasso. Nous avons beaucoup d’œuvres en France ; mais, pour le moment, nous sommes dans des travaux d’inventaires. Il y a une commission qui avait été créée au sein du département en charge de la Culture, des Sports et du Patrimoine Historique. Cette commission, dirigée par la direction nationale du Patrimoine, s’était déplacée lors de la réunion africaine qui a réuni tous les pays signataires de la convention 70 de l’UNESCO au Sénégal. Mais, cette rencontre qui a eu lieu en début de cette année a coïncidé à la venue de cette maladie (la COVID-19). Donc, c’est qui a retardé les activités liées au retour des œuvres d’arts. Nous savons que le ministre Bantama Sow est très engagé dans ce travail de restitution des œuvres d’arts ; mais, nous souhaitions qu’il redouble d’effort afin que ce projet soit concrétisé. Ces œuvres permettront de générer beaucoup d’argent pour le pays », a indiqué Moustapha Diawara.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

Facebook Comments Box