Le programme d’appui à l’intégration socio-économique des jeunes (INTEGRA), financé par l’Union européenne, contribue à l’insertion sociale et professionnelle de milliers de jeunes en Guinée, y compris les personnes migrantes de retour. À l’occasion de la journée internationale des migrants (le 18 décembre), INTEGRA met en lumière l’un des parcours d’intégration proposé à ces derniers, celui mis en œuvre par l’agence belge de développement – Enabel.
Ce parcours vise à faciliter l’insertion des jeunes Guinéens qui ont entre 18 et 35 ans, sans qualification ou en situation de sous-emplois, avec un niveau d’étude équivalent ou inférieur à la 10-ème année (3ème année de lycée). Les cibles prioritaires de ce parcours sont les personnes migrantes de retour et les femmes.
Le parcours dure environ neuf mois et est composé de trois étapes :
Etape 1 : une formation sur les compétences de la vie courante qui comprend des cours tels que l’alphabétisation, l’assainissement, l’hygiène, la citoyenneté, les droits sexuels et reproductifs, des compétences de la vie sur l’insertion socioéconomique, ainsi que sur une éducation financière de base ;
Etape 2 : une expérience de travail en chantier-école selon la méthode HIMO (haute intensité de main d’œuvre) supervisé par une entreprise locale ;
Etape 3 : une formation qualifiante courte, moyenne ou longue dans divers corps de métier (carrelage, électricité, maçonnerie, ferraillage, pavage, restauration et pâtisserie, agriculture, conduite, couture, conservation et commercialisation des produits de la mer, ou laitier, etc).
Ce parcours offre de nombreux avantages aux jeunes Guinéens et Guinéennes, tels qu’un statut d’apprenant pendant 9 mois (contrat de stage) ; une rémunération journalière dont une partie sous forme d’épargne capitalisée ; une éducation financière de base et l’ouverture d’un compte bancaire pour une inclusion financière ; une orientation individuelle vers un métier porteur ; une formation qualifiante de 3 à 6 mois en fonction du métier ; une formation sur chantier de 3 à 6 mois ; la possibilité d’obtenir un micro-crédit pour financer un projet et la possibilité de pouvoir postuler pour un stage 1er emploi. Enfin le ou la jeune bénéficiaire aura l’opportunité et la satisfaction de contribuer à la réalisation d’une ou plusieurs infrastructures qui améliorent le cadre de vie quotidien et qui génèrent des emplois pour leur communauté.
Après 7 mois dans le parcours, Mr. Sylla qui commence ce mois-ci sa formation qualifiante en restauration et pâtisserie explique que le programme INTEGRA l’a beaucoup aidé : « La partie formation sur les compétences de la vie courante m’a appris sur comment me comporter dans la vie professionnelle ». Il explique qu’il a beaucoup appris lors de son expérience : « grâce au chantier-école, j’ai appris à me débrouiller dans toute une série de techniques liées à la construction, et plus précisément dans la conception de pavés. Cela veut dire que je peux aussi m’orienter dans cette voie dans le futur, même si ce n’est pas le corps de métier dans lequel j’ai choisi de me former ».
Mohamed Lamine Bangoura, un autre bénéficiaire a, quant à lui, décidé de se spécialiser dans la conservation et la commercialisation des produits de la mer. Il souhaite utiliser l’épargne qu’il a constitué pour l’achat des matériels dont il aura besoin (containers, camions…) pour se lancer dans l’approvisionnement des restaurants en produits de la mer. Mr. Bangoura conclut en disant que le programme INTEGRA lui permet non seulement de se former dans un métier porteur, mais également d’avoir une occupation journalière rémunérée : « avant de participer au programme INTEGRA, j’étais à la maison et je ne faisais rien. Aujourd’hui, je me lève tous les jours en sachant que je vais pouvoir apprendre de nouvelles choses ».
Ces deux apprenants pensent que l’un des rôles que les personnes migrantes de retour en Guinée peuvent jouer auprès de leur communauté, c’est de sensibiliser les non-migrants sur les difficultés du parcours migratoire. Selon Mr. Sylla, il est important de faire passer le message qu’en Guinée, on peut aussi trouver du travail et réussir. « Durant le parcours migratoire, tu ne manges pas bien, tu vas connaitre des souffrances et tu ne pourras pas obtenir ce que tu veux. Tu vas aussi te mettre en retard dans la vie par rapport aux autres. Ce n’est pas bon, ça ! Cependant, si tu pars avec des papiers, via la migration régulière, tu pourras apprendre beaucoup et être plus en sécurité ».
Mr. Sylla conseille également aux jeunes Guinéens de rester pour travailler en Guinée, plutôt que de prendre le risque de partir irrégulièrement : « en Guinée, tu peux avoir tout ce que tu veux. Moi, je ne peux pas pousser quelqu’un à partir sans papier, après avoir vécu toutes ces souffrances ».
Mr. Bangoura qui a lors de son retour également bénéficié d’un soutien de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), a expliqué que dans le cadre du programme « Migrants as Messengers », il a été formé aux techniques de sensibilisation ainsi qu’à l’audiovisuel. Il estime que cette expérience lui permet de contribuer à sa communauté en leur faisant passer des messages inspirés de son expérience migratoire.
Nous avons également demandé aux bénéficiaires du programme comment les communautés des personnes retournées peuvent les accompagner pour les aider à se réintégrer. Selon eux, beaucoup de migrants reviennent sans rien, ayant tout perdu sur la route et déçus de leur expérience. Les communautés des personnes retournées peuvent donc les aider en leur donnant des habits, un toit, et de la nourriture pendant les premiers jours. Ensuite, un autre type d’assistance peut être de les écouter et les conseiller, mais aussi de leur redonner la motivation et le courage pour avancer et se reconstruire. « La famille et la communauté peuvent leur faire comprendre que le retour n’est pas une fatalité » explique Mr. Bangoura. À leur arrivée, certains jeunes retournés se sentent également exclus par leur communauté, car ils sont considérés comme maudis et malchanceux. Cela peut rendre leur réintégration encore plus difficile. Les apprenants du programme INTEGRA conseillent alors de faire preuve de tolérance et de compréhension et écouter sans juger les récits des personnes retournées pour les aider à avancer.
Le programme INTEGRA se veut une contribution pour amorcer de nouvelles dynamiques dans le développement socio-économique en Guinée. Financé par l’Union européenne au titre de son Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique, INTEGRA crée des opportunités pour la jeunesse guinéenne à travers la préparation à la vie professionnelle dans les établissements scolaires, la réalisation d’infrastructures économiques, la formation professionnelle, la création d’emplois durables et le développement de l’entrepreneuriat.
Ainsi, à travers ce programme, ce sont plus de 15 000 jeunes qui seront directement accompagnés pour mettre en œuvre cette nouvelle dynamique socio-économique par la création d’emplois et l’appui au développement de l’entrepreneuriat en Guinée.
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