Mort d’opposants en prison : Honorable Mamadou Bah Baadiko dénonce

Mamadou Baadiko Bah, député et président du parti Union des Forces Démocratiques (UFD)
Honorable Mamadou Baadiko Bah, président du parti UFD

C’est une vague d’indignation depuis l’annonce de la mort de l’opposant Roger Bamba, en prison depuis septembre dernier à la maison centrale de Conakry. Le décès de ce responsable aux sports et loisirs du comité national des jeunes (CNJ) de l’UFDG suscite également beaucoup d’interrogations, d’autant plus qu’il vient s’ajouter aux cas de Thierno Ibrahima Sow et Mamadou Lamarana Diallo (tous décédés en détention à la maison centrale de Conakry). Mais, en plus des « assassinats ciblés » qu’on reproche au pouvoir d’Alpha Condé, les suspicions sur la mort d’opposants en détention sont alimentées par les restrictions inexpliquées de voyage pour certains guinéens très critiques à l’égard du régime actuel.

Cette situation inquiète de nombreux observateurs qui redoutent une volonté du pouvoir d’Alpha Condé de faire de la Guinée « un Etat policier » où les restrictions de liberté, les arrestations et détentions arbitraires sont la règle. Certes leaders politiques guinéens y voient un retour des démons de la République sous la dictature du premier président de la Guinée indépendante, Ahmed Sékou Touré. C’est le cas de l’Honorable Mamadou Bah Baadiko, le président de l’union des forces démocratiques (UFD).

Joint au téléphone par un journaliste de Guineematin.com hier, vendredi 18 décembre 2020, monsieur Bah estime que les dérives actuelles du pouvoir nous ramènent aux « pires traditions de l’Etat guinéen » avec son corolaire d’impunité.

« Je déplore cette situation dramatique d’autant plus que personne ne sait exactement dans quelle circonstance Roger Bamba est décédé. On ne sait pas s’il s’agit d’une maladie naturelle ou de mauvais traitements ou même d’absence de traitement adéquat. Un jeune comme ça, ce n’est pas possible qu’il meurt comme ça naturellement. Et, je dis que ça nous ramène aux pires traditions de l’Etat guinéen, de la première République jusqu’à aujourd’hui avec l’impunité qui va avec. Ça nous met dans de très graves pétrins ; et, il est temps que ça s’arrête… Tant que cette situation va se poursuivre, il faut craindre encore qu’il y ait d’autres victimes ; parce que beaucoup avaient des maladies chroniques avant leur arrestation. Donc, ça peut aller très loin et ça nous éloigne encore plus de tous les indispensables dialogues qu’il faut pour arriver à décrisper totalement la situation politique pour qu’on puisse reconstruire le tissu social. C’est très grave ! », a indiqué Mamadou Baadiko Bah.

Pour le leader de l’UFD, en plus des cas de mort d’opposants, une impunité totale est accordée aux forces de l’ordre et à une poignée d’individus qui sévissent arbitrairement sur les pauvres populations, notamment celles soupçonnées être favorables à l’opposition.

« En plus de ces morts en détention, il y a l’impunité… On n’a pas entendu une seule arrestation des membres des forces de l’ordre. Il n’y a qu’un seul côté qu’on arrête pendant qu’il y a eu des morts des deux côtés, aussi bien du côté de la population civile que du côté des forces de l’ordre ; mais, on n’a pas entendu un seul cas d’arrestation pour enquêter du côté des membres des forces de l’ordre. Je ne parle même pas des gens qui ont massacré du bétail à Kankan et commis toutes sortes d’exactions ou bien même de ceux de Kissidougou qui ont chargé des camions de la gendarmerie des objets volés dont des motos et autres. Ensuite, vous avez tous les gens qui ont été exécutés à Pita, à Sonfonia, la petite fille que quelqu’un a tuée à bout portant à Koloma, alors qu’elle était assise avec son pain, l’enfant de 3 ans qui a eu une balle dans la tête à Labé qui ne peut être tirée qu’intentionnellement. Ce n’est pas une balle perdue parce que lui il ne peut pas faire du mal à quelqu’un. C’est extrêmement grave et le gouvernement aurait tort de penser qu’il peut avoir la paix, la tranquillité et travailler comme il le veut, quelque soit la puissance des forces de sécurité », a dénoncé Mamadou Baadiko Bah.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

 

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