Le procès de Babou Faye, un citoyen sénégalais résidant en Guinée, s’est poursuivi ce lundi, 21 décembre 2020, au tribunal de première instance de Kaloum (Conakry). Il est poursuivi par son compatriote Seringue Guèye pour escroquerie, faux et usage de faux portant sur un montant de plus de 73 millions de francs guinéens. L’audience d’aujourd’hui a été consacrée aux plaidoiries et réquisitions, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.
Selon l’accusation, cette affaire remonte à 2018, quand Seringue Guèye a rencontré son compatriote, Babou Faye, à Conakry. A l’époque, le septuagénaire Seringue Faye, propriétaire de plusieurs camions, a signé un protocole d’accord avec Babou Faye sur la gestion de ses véhicules. Désormais, il revenait à M. Faye de veiller à la mise en circulation et au contrôle desdits camions. Mais, les choses ont commencé à mal tourner dans leur collaboration lorsqu’ils ont décroché un contrat avec l’entreprise Ciment de Guinée. Leur entreprise de transport devait d’abord verser un montant de 48 millions de francs guinéens comme caution garantissant le respect du contrat signé avec Ciment de Guinée. Aux dires de la partie civile, le doyen Faye a déboursé cet argent ; mais, il a été détourné par son collaborateur.
« Babou Faye a profité de l’analphabétisme de notre client, Seringue Guèye, qui ne sait ni lire ni écrire, pour verser les 48 millions de francs guinéens dans son compte à la Société générale des banques en Guinée (SGBG) et non là où on lui a indiqué, à la Banque Sahélo-Saharienne. De surcroît, dès qu’il a reçu l’autorisation de gérer les camions, il a débarqué les chauffeurs qu’il a trouvés avec les camions et qui étaient employés par notre client pour les remplacer par d’autres. En tout, Babou Faye a reçu 73 380 000 francs guinéens », a déclaré l’avocate de la partie civile, Me Souadou Aribot. Me Aribot a demandé au tribunal de condamner le prévenu, Babou Faye, au paiement du montant principal (73 380 000 GNF) et de 165 millions de francs guinéens à titre de dommages et intérêts.
S’inscrivant dans la même logique que la partie civile, le procureur Ousmane Sankhon, a indiqué qu’il y avait une relation amicale et de confiance entre le plaignant et le prévenu, ayant conduit les deux à la négociation et à la signature de leur accord d’exploitation des camions de Seringue Guèye, moyennant une recette de 2 400 000 francs guinéens par voyage. Mais, soutient le représentant du ministère public, les choses n’ont pas tourné comme prévu. « Babou Faye, alias Jean Baptiste, était le seul gestionnaire de l’affaire et à tous les niveaux. C’est quelques jours après, que la confiance est tombée en hécatombe.
Les 48 millions qui devaient être versés comme caution n’ont pas été versés. C’est quand on a commencé à demander des comptes à Babou Faye qu’il a commencé à renvoyer l’affaire de jour en jour. En plus, on a constaté des retraits frauduleux qui ont été effectués à la banque avec une utilisation de la carte consulaire du doyen Seringue Guèye. Plus grave, les camions ont été saisis par Ciment de Guinée pour non-respect des engagements pris. Et donc, le propriétaire s’est retrouvé sans argent, ni camion », a expliqué Ousmane Sankhon.
Par conséquent, le procureur estime qu’il y a eu escroquerie, faux et usage de faux dans cette affaire. C’est pourquoi, il a demandé au tribunal de retenir Babou Faye dans les liens de la culpabilité en le condamnant à un an d’emprisonnement et au paiement de 5 000 000 de francs guinéens.
De son côté, l’avocat de la défense, Me Philippe Loua, a dénoncé des « faits imaginaires » plaidés par la partie civile et qui ont été suivis par le ministère public. « Dans ce tribunal, il n’a jamais été prouvé avec des éléments de preuve que Babou Faye a commis une escroquerie. Le ministère public et la partie civile n’ont apporté aucune preuve dans le dossier. Par contre, monsieur Faye est victime de sa bonne foi. Au vu de ce qui s’est passé ici devant vous, je demande l’application de l’article 540 du Code de procédure pénale et sollicite le renvoi de mon client à des fins de poursuites », a plaidé le conseil du prévenu.
Finalement, le président du tribunal, Mamadou Saliou Diallo, a renvoyé le dossier au 28 décembre 2020 pour décision être rendue. Et attendant, Babou Faye retourne en prison.
A suivre !
Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com
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