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Massacre de Zoghota : les avocats des victimes menacent de réclamer des sanctions contre la Guinée

Des avocats des victimes du Massacre du Zogota en conférence de presse à Conakry

Le dossier du massacre de Zoghota est loin d’être clôturé. Malgré la décision de la Cour de justice de la CEDEAO condamnant l’Etat guinéen dans cette affaire, les victimes attendent toujours leur indemnisation et le déclenchement de poursuites judiciaires contre leurs bourreaux. En conférence de presse hier, mercredi 23 décembre 2020, à Conakry, leurs avocats ont haussé le ton devant la traîne de pied des autorités guinéennes dans l’exécution de cette décision de justice.

Ils menacent de recourir aux « mécanismes de sanctions » de la CEDEAO contre la République de Guinée si celle-ci ne met pas à exécution cette décision de la juridiction supranationale dans le délai imparti, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

« Si au terme des 6 mois la Guinée n’exécute pas la décision telle que prononcée par la Cour de justice de la CEDEAO, nous n’hésiterons pas à recourir aux mécanismes de sanctions qui sont prévus par les textes au niveau de la CEDEAO ». C’est l’annonce faite mercredi par les avocats des victimes du massacre de Zoghota face à l’inertie de l’Etat guinéen depuis le 10 novembre dernier (date de la publication du délibéré de la Cour de justice de la CEDEAO) dans cette triste affaire.

A travers cette sortie médiatique, ces avocats entendent rappeler, une fois de plus, l’Etat guinéen sur son devoir de faire l’application de la loi une réalité. Car, pour l’instant, la Guinée semble avoir le pied lourd dans cette affaire. Et, face cette inertie qui frise une complicité du sommet de l’Etat dans les exactions commises à Zoghota, ces avocats n’entendent pas baisser les bras.

« Les habitants de Zoghota ont dit au gouvernement qu’ils n’accepteront jamais l’exploitation minière sans que justice ne soit rendue au niveau national. Il appartient maintenant à l’Etat de briser le cycle de l’impunité, de donner aux habitants de Zoghota la justice qu’ils méritent et d’aider chacun à progresser vers un avenir meilleur », a déclaré Jonathan Kaufman, le directeur exécutif d’ACA.

Dans la nuit 3 au 4 août 2012, les populations du village de Zoghota, un village relevant de la préfecture de N’Zérékoré (dans le Sud de la Guinée), des agents des forces de l’ordre et de l’armée guinéenne ont fait une descente musclée dans cette localité. Ils se sont livrés à des actes de violence contre les la population, dont le seul est d’avoir organisé des manifestations contre la société minière Vale/BSGR et son sous-traitant Zagope qui évoluaient dans la zone.

« Les forces de défense et de sécurité guinéennes ont investi le village de Zoghota, en tirant sans distinction sur tout ce qui bougeait. Ils ont tué six villageois, blessé plusieurs autres, incendié des maisons et volé des biens personnels », rappellent les avocats des victimes de ce triste événement.

L’affaire avait suscité une vague d’indignation au sein de la communauté nationale et internationale. Mais, les auteurs de ces atrocités n’ont jamais été identifiés par la justice guinéenne en vue de leur sanction. C’est pourquoi, les ONG Mêmes droits pour tous (une organisation guinéenne de défense de droits de l’homme) et Avocats for Community Alternatives (une organisation de défense de droits humains basée au Ghana) ont saisi la Cour de justice de la CEDEAO au nom des populations de Zoghota. C’était en octobre 2018. Et, le 10 novembre 2020, la juridiction a rendu une décision condamnant l’Etat guinéen.

« Elle a reconnu la Guinée coupable de violation du droit à la vie, du droit de ne pas être soumis à la torture, au traitement inhumain, cruel et dégradant, le droit à ne pas faire l’objet d’arrestations arbitraires, le droit à un recours effectif. La Cour dans sa même décision, a condamné l’Etat de la République de Guinée au paiement de 160 millions de francs guinéens à chaque famille des 6 personnes qui ont succombé suite à ces massacres. Ce qui faisait une somme totale de 960 millions de francs guinéens.

Dans la même décision, la Cour a également alloué à chacune des victimes qui a fait l’objet de torture, d’arrestation arbitraire et de violation à un recours effectif, la somme de 240 millions de francs guinéens chacune. Ce qui fait aujourd’hui pour toutes les victimes, une somme globale de 4,56 milliards de francs guinéens (environ 463000 dollars américains). La Cour ne s’est pas limitée là.

Elle a imparti 6 mois à la Guinée de lui adresser un report d’exécution de cet arrêt et à compter de la notification. Les victimes du massacre attendent impatiemment que l’Etat de Guinée prenne des mesures idoines et promptes pour les indemniser et traduire en justice les auteurs de ce massacre », a indiqué Me Pépé Antoine Lama, avocat de l’ONG Mêmes droits pour tous.

A noter que depuis la publication de l’arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO, aucun acte n’a été posé par l’Etat guinéen dans le sens de son exécution.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com
Tel : 622919225

 

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