Violences meurtrières à Macenta : Dr Edouard Zotoumou conteste le bilan officiel

Dr Édouard Zoutomou Kpogomou, président de l'Union Démocratique pour le Renouveau et le Progrès UDRP, membre du FNDC
Dr Edouard Zotomou Kpoghomou, président de l’Union Démocratique pour Renouveau et le Progrès (UDRP)

11 morts et 30 blessés. C’est le bilan officiel des violences survenues les 26 et 27 décembre 2020, à Macenta, où les communautés Toma et Manian se sont affrontés autour de la paternité de la ville. Mais, l’opposant Dr Edouard Zotoumou Kpoghomou conteste ces chiffres fournis hier par le Gouverneur de la région de N’Zérékoré. Le président de l’UDRP, qui a accordé un entretien à Guineematin.com, ce lundi 28 décembre, estime que les autorités ne disent pas la vérité à la population.

« C’est regrettable que dans notre société et qu’à pareil moment, on assiste à des scènes de confrontations interethniques. Ça ne se devrait pas. Mais moi, je ne vais pas tourner autour du pot. C’est l’une des conséquences de l’ethno-stratégie. Quand on base la gestion d’un pays ou l’orientation des partis politiques sur des bases ethniques, c’est à ce genre de choses que ça aboutit. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois. A N’Zérékoré, il y a eu des clashs entre les Kpèlès et les Konias. Aujourd’hui, à Macenta, c’est entre les Tomas et les Toma-manias.

Ce qui est clair, c’est que le gouvernement est en train de sous-estimer la situation. Moi, j’ai eu des contacts directs à Macenta, il y a plus de 11 morts. Les gens parlent d’une cinquantaine de morts. Alors, je ne sais pas pourquoi les autorités disent qu’il n’y a eu que 11 morts. Je ne sais pas qui ils sont en train de tromper la population. Ceux qui sont sur place voient la situation de façon complètement différente. Au niveau des autorités, c’est comme si on est en train de minimiser ce qui se passe sur le terrain. Mais, l’heure est très grave à Macenta et c’est vraiment regrettable », a dit Dr Edouard Zotoumou Kpoghomou.

Cet opposant, dont la candidature à la présidentielle du 18 octobre 2020 avait été recalée par la Cour constitutionnelle, soupçonne une manipulation politique derrière les atrocités survenues à Macenta. Toutefois, il appelle la population locale au calme et au pardon. « Je dirai à la population de Macenta qu’il ne faut pas que les orientations idéologiques actuelles nous poussent à nous battre les uns contre les autres et qu’on dirige une ethnie contre une autre. Sinon, voilà des gens qui ont, de façon très séculaire, toujours vécu ensemble. Pendant des siècles, ils sont ensemble et ce n’est pas à cause d’un gouvernement qui n’a même pas d’assise populaire que nous allons nous entretuer. C’est pourquoi je les appelle au calme, à la retenue et surtout à un dialogue ouvert.

Il faut qu’ils se pardonnent parce qu’on a effectivement besoin de pardon et d’un climat de tolérance. Et si le gouvernement ne peut pas prendre des initiatives pour permettre à ce genre de processus de prendre place, c’est qu’il est en train de faillir. L’Etat doit prendre la mesure de la gravité de ce qui est en train de se passer. Ne pas sous-estimer parce qu’en le faisant, il va encore sous-estimer les démarches à entreprendre pour calmer les ardeurs. Envoyer des militaires c’est bon, mais aujourd’hui les militaires qu’on a envoyés à Macenta sont dans les rues et les tueries sont en train de se faire dans les quartiers », a laissé entendre le président de l’UDRPL.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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