17 morts à Macenta : le parlement des jeunes réclame des poursuites judiciaires contre le ministre Oyé Guilavogui

Thierno Abdoul Bah, président du Parlement des jeunes de Guinée
Thierno Abdoul Bah, Directeur Exécutif du Parlement des Jeunes Leaders de la Société Civile Guinéenne

Le 26 décembre 2020, de violents affrontements ont opposé les communautés Toma et Manians, qui se disputent la paternité de la ville de Macenta. Le Ministre d’Etat chargé de l’environnement, qui est originaire de cette ville du Sud de la Guinée, dans une de ses déclarations a demandé aux jeunes de faire en sorte que Macenta ne ressemble pas à Bambéto, alors que le bilan officiel fait état de 17 morts et d’une trentaine de blessés.

 

Cette sortie du ministre Oyé Guilavogui a suscité des réactions de tous genres et notamment chez les populations de Bambéto qui déplorent, condamnent et appellent à la démission du ministre et sa traduction devant les tribunaux. C’est du moins l’avis de Thierno Abdoul Bah, le Directeur Exécutif du Parlement des Jeunes Leaders de la Société Civile Guinéenne, reçu au siège de Guineematin.com ce mardi, 29 décembre 2020.

 

« Je parle en ma qualité Directeur Exécutif du Parlement des Jeunes Leaders de la Société Civile Guinéenne, leader d’opinion, membre à part entière de la société civile guinéenne, mais également en tant que citoyen de Bambéto. Monsieur le Ministre d’Etat, chargé de l’environnement, des eaux et forêts, Oyé Guilavogui, a tenu des propos haineux à l’endroit d’une localité du territoire national. Ce qui nous a choqués, ce sont ses propos où il dit qu’il ‘’ ne souhaite pas que MACENTA SOIT UN PEU A L’IMAGE DE BAMBETO EN TERME DE VIOLENCE’’. Comme si Bambéto était le centre des violences en Guinée. C’est plutôt ailleurs qu’il faut voir ce genre d’exemple », a regretté ce jeune leader.

 

Thierno Abdoul Bah dénonce la violence de l’article 1er de la Constitution qui interdit la tenue de tels propos haineux à l’endroit d’une localité ou d’une communauté du pays. C’est la même chose que la Charte Africaine des droits de l’Homme et la Déclaration universelle des Droits de l’Homme qui s’insurgent contre de tels propos venant d’un dirigeant. Très remonté contre ces propos d’Oyé Guilavogui, cet habitant de Bambéto demande des sanctions contre l’intéressé.

 

« En tant que jeune leader membre de la société civile guinéenne et citoyen de Bambéto, je demande au Président de la République de démettre immédiatement Oyé Guilavogui du Gouvernement et de le traduire devant les tribunaux. Nous demandons au ministère public de s’auto saisir de l’affaire Oyé Guilavogui pour qu’il s’explique devant la loi. Car, un tel comportement n’honore pas la Guinée, il n’honore non plus le Président de la République qui l’a nommé encore moins le gouvernement guinéen auquel il appartient. C’est des propos graves qui ternissent l’image de toute la nation. Il doit partir pour servir d’exemple aux autres cadres armés de haine », a demandé Thierno Abdoul Bah.

 

Aux populations de Macenta, le jeune parlementaire exprime sa compassion et appelle au calme et à la consolidation de la paix et de l’unité nationale.

 

« A toutes les familles de victimes dans cette ville de Macenta, nous exprimons notre profonde compassion. Nous demandons à nos compatriotes de cette ville de la Guinée forestière de privilégier le dialogue et la paix qui sont des questions essentielles pour tout développement. Ces populations doivent refuser de s’opposer sur des questions non essentielles et de privilégier le vivre ensemble. Nous leur demandons de faire la paix entre eux et l’unité entre ses fils, sans lesquels, rien n’est possible », a rappelé ce responsable de la société civile.

 

Par ailleurs, Thierno Abdoul Bah a tenu à rappeler le rôle central des jeunes de son quartier dans la promotion de la paix, de la démocratie et l’Etat de droit en Guinée.

 

« Chacun doit savoir que Bambéto n’est pas synonyme de violence. C’est un symbole de paix, d’unité nationale et d’engagement pour la promotion des valeurs démocratiques, de la paix et de l’unité nationale. Si Bambéto n’existait pas, Oyé Guilavogui serait-il ministre dans un gouvernement de la République ? Il doit bien savoir que Bambéto est une référence dans les différentes luttes démocratiques menées par notre pays pour la promotion et la culture de l’Etat de droit. Autrement dit, Bambéto est le chantre de la lutte pour le respect de la dignité humaine, des libertés fondamentales et du respect de l’Etat de droit », a-t-il insisté.

 

Faute de poursuivre Oyé Guilavogui par le ministère public, ce leader de la société civile promet de constituer un pool d’avocats pour traduire l’intéressé devant les tribunaux, en rappelant que de tels propos affectent l’unité nationale, détruisent le tissu social guinéen et le vivre ensemble.

 

« Les propos du ministre Oyé Guilavogui ne doivent laisser aucun citoyen indifférent. Ce sont des propos graves, des propos tendancieux qui divisent et qui mettent en mal les lois de la République. Nous interpellons la communauté nationale et internationale, nous interpellons les institutions constitutionnelles et tous les acteurs impliqués dans la gouvernance de notre pays et nous interpellons toutes les organisations qui œuvrent à la promotion de la paix, de la culture démocratique et de l’Etat de droit, de s’impliquer pour mettre un terme à de tels propos de la part d’un ministre de la République », a conclu Thierno Abdoul Bah.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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