Libération des prisonniers politiques, réconciliation… Ce que Jacques Gbonimy attend du discours de l’an d’Alpha Condé

Jacques Gbonimy
Jacques Gbonimy, président de l’UPG

« Ces 10 ans ont poussé les guinéens à l’affrontement, il y a eu beaucoup de tueries ; et, on ne souhaiterait pas que ceci vienne à se répétition. Que les ethnies s’opposent entre elles, celles qui ont vécu pendant des décennies dans la même localité s’opposent et s’entretuent pour l’inauguration d’un simple bâtiment ? C’est regrettable ! Et, même à N’Zérékoré actuellement on parle d’une confusion dans la mise en place du patriarche en remplacement de celui qui est décédé il y a quelques jours… ».

C’est une tradition pour les chefs d’Etat à travers le monde de s’adresser à leurs peuples le 31 décembre de chaque année. Ceci, pour faire un bref bilan des faits marquants de l’année qui s’achève et se projeter dans le nouvel an qui s’annonce. Ainsi, le président Alpha Condé, devrait bientôt s’adresser aux guinéens. Et, la pandémie de COVID-19 devrait prendre une part importante de son discours. Mais, dans un entretien accordé à Guineematin.com ce mercredi, 30 décembre 2020, l’opposant Jacques Gbonimy a appelé le chef de l’Etat guinéen de n’est pas occulté la réalité (les crises) qui gangrènent la Guinée. Le président de l’union pour le progrès de la Guinée (UPG) trouve qu’Alpha Condé gouverne actuellement un pays déchiré ; et, à ce titre, il devrait concentrer son adresse à la nation sur la libration des prisonniers politiques et la réconciliation nationale.

Pour cet opposant au régime Alpha Condé, l’année 2020 a été très éprouvante pour les guinéens. Et, l’actuel locataire du palais Sékhoutouréyah devrait savoir qu’il gouverne aujourd’hui un pays déchiré et totalement divisé.

« Nous venons de sortir d’une année très compliquée, une année difficile qui a connu des hauts et des bas avec une élection couplée le 22 mars qui a fait beaucoup de victimes et qui a mis en place une assemblée monocolore. Ensuite, une constitution qui a été falsifiée. Et, ceci nous a conduits à une autre élection présidentielle le 18 octobre qui a connu la participation du principal opposant, Mamadou Cellou Dalein Diallo. Dans les urnes les résultats à sa disposition font de lui gagnant ; et, la CENI et la Cour constitutionnelle ont proclamé Alpha Condé président. Nous avons suivi sa prestation de serment et son investiture par la suite dans un cérémonial à huit clos. Il (Alpha Condé : ndlr) va s’adresser à la nation ; mais, il doit comprendre qu’il va avoir à gérer un pouvoir dans une nation qui est totalement déchirée par des situations que le pays a connu durant toute l’année. Avec des conflits politiques et interethniques par endroit, dont le dernier en date est celui de Macenta. Donc, c’est un pays qui est totalement divisé, avec une classe politique totalement divisée et un 3ème mandat de trop pour lequel il compte gouverner autrement », a indiqué Jacques Gbonimy.

Selon le président de l’union pour le progrès de la Guinée, le chef de l’Etat guinéen devrait mettre à profit ce discours de l’an pour changer véritablement de cap dans sa gouvernance de la Guinée pour éviter les erreurs du passé.

« Moi, j’entends par gouverner autrement, le changement total de toute la politique qu’il a menée pendant ces 10 ans. Car, ces 10 ans ont poussé les guinéens à l’affrontement, il y a eu beaucoup de tueries ; et, on ne souhaiterait pas que ceci vienne à se répétition. Que les ethnies s’opposent entre elles, celles qui ont vécu pendant des décennies dans la même localité s’opposent et s’entretuent pour l’inauguration d’un simple bâtiment ? C’est regrettable ! Et, même à N’Zérékoré actuellement on parle d’une confusion dans la mise en place du patriarche en remplacement de celui qui est décédé il y a quelques jours. A ce titre, je crois que ce sont des situations coutumières qui ne doivent pas connaître une implication quelconque d’une autorité politique. Il doit plutôt favoriser l’entente mutuelle au sein des familles que d’entretenir la division. Donc, je m’attends à ce que le Président Alpha Condé soit le Président de tous les guinéens, puisqu’il a choisi d’être là. On ne peut pas être Président et être opposant en même temps. Et pour moi, la réconciliation est un premier facteur de cohésion nationale ; et, cela ne peut s’engager que par un dialogue entre les guinéens. Si les guinéens ne se parlent pas, chacun reste camper sur sa position, le Président prend des dispositions qui continuent à diviser les populations, je crois que la paix et l’accalmie ne reviendront pas dans le pays », a dit Jacques Gbonimy.

Par ailleurs, cet opposant et ancien commissaire de la CENI suggère aussi à Alpha Condé de procéder à la libération des prisonniers politiques s’il veut « gouverner autrement » la Guinée.

« Aujourd’hui, il y a plein de prisonniers politiques dans notre pays. Des gens qui ont été arrêtés et incarcérés parfois injustement. Mais, nous exigeons leur libération depuis tout le temps, parce que garder quelqu’un pendant 3 ou 4 mois sans jugement et jusqu’à même amener la personne à trouver la mort en prison n’est pas normal dans un pays qui se dit démocratique. Donc, il serait bon que ces prisonniers politiques soient libérés, s’il veut gouverner autrement », a laissé entendre Jacques Gbonimy.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 622 68 00 41

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